« Lorsque les élections sont terminées, il faut en tourner la page et se mettre au service du pays », déclare le PAN Seyni Oumarou à l’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale
Discours de SEM Seini Oumarou, Président de l’Assemblée nationale, à l’ouverture de la 1ère session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2021.
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales ;
Honorables collègues Députés ;
Monsieur le Secrétaire Exécutif du Comité Interparlementaire du G5 Sahel ;
Honorables Chefs traditionnels et Chefs religieux,
Mesdames et Messieurs, distingués invités ;
De prime abord, je voudrais vous demander d’observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, civiles et militaires.
A présent, permettez-moi de rendre grâce à Dieu, le tout puissant, le miséricordieux, maître du temps et des circonstances, qui nous permet de vivre ces moments historiques où une législature prend le relai d’une autre dans le respect des textes que les Nigériens se sont librement donnés pour organiser leur vécu et conduire leur destinée !
Distingués invités comprenez que nous ne puissions cacher notre joie de voir cette troisième législature de la VIIème République prendre son envol dans la sérénité, comme il sied dans un Etat de droit où les institutions vivent leurs vies propres, au-delà des contingences personnelles !
Cette cérémonie revêt donc pour nous l’aspect particulier de la célébration de la République et de la Démocratie. C’est pourquoi, distingués invités, je voudrais, très cordialement vous remercier de vous y être associés. Je vois dans votre présence avec nous comme le vibrant témoignage de votre respect pour notre pays et ses institutions, comme un ferme soutien dans notre lutte de tous les jours pour faire du Niger une démocratie vivante respectueuse de toutes les libertés, respectueuse de l’homme et de tous ses droits.
Merci donc aux plus hauts responsables des institutions de la République, aux dépositaires de nos valeurs sociales et religieuses ainsi qu’au corps diplomatique d’être à nos côté comme à leurs habitudes.
Je voudrais également, Chers collègues, Distingués invités, m’acquitter de l’agréable devoir de remercier, au nom de notre pays, les éminentes personnalités venues de très loin nous faire l’honneur de leur présence parmi nous, aujourd’hui. A tous je dis bienvenus en terre sahélienne du Niger !
Chers amis, nous ressentons la présence de chacun d’entre vous comme une franche réaffirmation de la qualité des liens d’amitié et de fraternité qui unissent vos pays ou institutions au Niger. Mais, au-delà de nos relations bilatérales respectives, votre présence à Niamey n’est-elle pas également le signe éclatant du caractère irréversible de l’intégration de notre sous-région, étape essentielle du chemin menant à la véritable unité africaine ? Honorables députés de la CEDEAO, représentant le Président du Parlement communautaire empêché, je n’ai donc pas besoin de vous dire que vous êtes chez-vous, vous le savez déjà !
Et vous honorables députés nigérians, je sais que vous êtes ici en raison du caractère ferme et sacré des liens multiformes qui unissent le Niger et le Nigéria, il me semble, que nos deux institutions parlementaires se doivent de se connaître davantage, afin qu’ensemble elles contribuent à insuffler un dynamisme nouveau aux relations politiques et économiques qu’entretiennent nos deux pays. Soyez donc les bienvenus à Niamey où nombre de vos compatriotes vivent et travaillent avec leurs frères nigériens dont ils partagent langues et cultures.
Distingués invités, la présente législature se distingue par l’arrivée remarquable à l’hémicycle de nombreuses femmes. Je les en félicite vivement car chacun connait les innombrables difficultés qu’elles ont dû braver pour être élues.
Chers collègues, je n’ai pas assez de mots pour vous remercier, à nouveau, pour la confiance que vous avez placée en moi en me confiant la direction de nos débats pour ces cinq prochaines années. Je ne pourrai vous manifester mon humble reconnaissance qu’avec les actes que je serai appelé à poser. Ces actes, je vous le promets, auront toujours pour finalité la paix et la sérénité indispensables à la poursuite résolue du chantier législatif ouvert par nos devanciers. Ce chantier, comme vous le savez, a pour première ambition de renforcer les armes juridiques de la bonne gouvernance et de l’État de droit dans notre pays afin, qu’à jamais, le système démocratique y devienne irréversible.
Dans cette optique, chers collègues, nous devons nous efforcer de faire corps avec nos compatriotes de toutes les couches socioprofessionnelles. Il nous appartiendra d’aller à eux, de les écouter, de leur restituer ce que nous faisons en leur nom. A la suite de la législature précédente, je vous inviterai à multiplier les missions de terrain pour être en phase avec les réalités quotidiennes de notre pays, pour mieux appréhender les aspirations de nos compatriotes et rechercher avec eux les voies les meilleures pour les satisfaire.
En matière de contrôle parlementaire, le défi consistera à faire toujours plus utile, à donner plus de vivacité à notre démocratie à travers des relations suivies avec les membres du Gouvernement. Il s’agira de respecter l’esprit de notre constitution qui rend le Gouvernement comptable devant l’Assemblée nationale. Il ne s’agira pas pour nous d’adopter une attitude purement inquisitoire mais plutôt de nous servir des moyens de contrôle les plus pédagogiques de rappeler régulièrement les membres du Gouvernement leurs devoirs de promotion de la bonne gouvernance.
En matière législative, nous devons nous donner la mission de préparer les mutations socioéconomiques qui s’annoncent dans notre pays.
Comme vous le savez, ces mutations ont opportunément été mises en chantier par la mandature qui vient de s’achever sous le magistère remarquable du Président ISSOUFOU MAHAMADOU à qui, au nom de la Représentation nationale, je rends le vibrant hommage qu’il mérite pour s’être dévoué corps et âme à sa tâche de trouver le meilleur pour notre pays et surtout pour le grand mérite qu’il a eu d’avoir respecté la Constitution. En effet, on ne cessera jamais de le rappeler, c’est pour la toute première fois, au Niger, qu’un président élu succède à un autre président démocratiquement élu. Je souhaite vivement au Président sortant, SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, de poursuivre, par d’autres moyens, son sacerdoce au profit du Niger.
Distingués invités, vous le savez bien, la bonne Gouvernance ne dépend pas uniquement des actions du pouvoir en place. Il s’agit d’une œuvre collective qui dépend autant du citoyen de base que de tous les corps organisés qu’ils soient politiques, associatifs ou même religieux.
Mais, en la matière, il faut le dire, le rôle de la majorité et de l’opposition est des plus prépondérants. Il revient à chacune des parties de jouer la partition qui est la sienne, dans le respect des institutions et des textes fondamentaux de la République. Par-dessus tout, le plus grand défi est de ramener la politique à sa dimension primordiale qui est d’agir pour créer les conditions d’épanouissement du plus grand nombre et du progrès économique et social de notre pays.
Il faudrait également que les agitations politiques restent fixées aux périodes consacrées par les textes. Lorsque les élections sont terminées, il faut en tourner la page et se mettre au service du pays, chacun avec les capacités et les outils juridiques qui sont les siens. En un mot, il s’agit pour toutes les forces sociales et politiques de se retrouver autour de l’essentiel qui est la cohésion nationale et le développement économique et social. Il ne s’agit pas, ce faisant, de cultiver la pensée unique ou de renoncer aux principes démocratiques ; il s’agit plutôt de tenir compte du contexte actuel dans lequel se trouve notre pays.
Ce contexte c’est d’abord le fait terroriste qui s’impose à nous et menace de perdurer et pire, de prendre une tournure encore plus dangereuse en cherchant à opposer les communautés entre elles. Nous sommes tous interpellés, plus particulièrement l’élite politique qui ne doit avoir de cesse de prôner l’unité et la cohésion de toutes les composantes de la Nation. Dans cette occurrence les contradictions entre majorité et opposition ne peuvent que passer au second plan. En effet, lorsque la guerre sournoise que nous mène le terrorisme international se transforme en massacres gratuits d’innocentes populations, l’heure n’est plus aux joutes oratoires ou à la négation de l’adversaire politique. Il n’y pas d’alternative à l’union sacrée pour rassurer nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité. Ces forces qui ont payé un lourd tribut pour la préservation de notre quiétude, méritent respect et considération de la part de tous les Nigériens. C’est le lieu pour la Représentation nationale de les féliciter pour leur remarquable engagement patriotique. Il faut que chacun de leurs éléments, sur les différents théâtres d’opération, sache qu’il a derrière lui un pays soudé et conscient des dangers qu’il encoure. Il faut qu’il sache que son sacrifice est apprécié à sa juste valeur par tout le pays, sans aucune réserve.
Ensuite, au-delà de l’agression terroriste, il faudra relever tous ces défis qui se déclinent en termes de lutte pour la souveraineté alimentaire, en termes de combats contre le changement climatique avec l’avancée inexorable du désert, en termes de pesanteurs sociales, en termes d’efforts pour bénéficier d’un dividende démographique, en termes d’équipement conséquent du pays, en termes de la préservation de la santé publique dans un contexte marqué par l’apparition de dangereuses pandémies.
Je me répète, face à tous ces défis, la politique devra être un atout et non un boulet. Ce serait le cas si chacun des acteurs politiques se donne la mission de rassembler les Nigériens.
A cet égard, distingués invités, la Représentation nationale, tout en félicitant chaleureusement le président MOHAMED BAZOUM pour sa brillante élection à la magistrature suprême, l’encourage et le soutient dans sa volonté de rassembler tous les acteurs politiques autour du projet de concorde nationale comme lui-même l’a solennellement proclamé lors de sa prestation de serment. Puisse-t-il trouver portes et cœurs ouverts afin que personne ne se sente écarté de l’œuvre commune de construction nationale. Pour tous les autres engagements que le président de la République a pris devant la Nation et la Communauté internationale, la Représentation nationale souhaite instamment que le Tout puissant l’aide à les tenir pour le salut de notre pays et pour l’épanouissement de tous ses enfants.
Quant à nos compatriotes, je voudrais à l’orée de cette législature, leur demander d’être encore plus engagés dans la bataille du développement ; d’être à l’avant-garde de la lutte pour la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit tout en combattant le sectarisme et la division. Je voudrais surtout pouvoir compter sur eux pour continuer à défendre les valeurs de la citoyenneté. Mon souhait est qu’en la matière chacun de nos compatriotes puisse être le bon exemple pour les autres, le citoyen modèle soucieux de la préservation du bien public. Si nous voulons changer notre pays en mieux, ce ne sera que lorsque chacun d’entre nous le voudra et qu’il y contribue de façon consciente, volontariste, et désintéressée.
Comme je l’ai dit tantôt, Mes chers compatriotes, la Représentation nationale sera à vos côtés, en ville comme en zone rurale, pour vous écouter et étudier avec vous la nature des changements sociétaux indispensables au progrès de notre pays. Avec la décennie qui vient de s’écouler, le niveau de conscience citoyenne a suffisamment évolué pour que chacun de nos compatriotes comprenne et accepte les transformations individuelles et collectives qui nous permettent de faire face à tous les défis que le président de la République a pertinemment soulevés à l’occasion de sa prestation de serment.
Acceptons de bonne grâce les solutions qui nous seront proposées en matière de maîtrise démographique comme en matière de préservation des deniers publics à travers la lutte implacable contre l’impunité et la corruption.
Après tout, s’il appartient aux dirigeants d’en montrer l’exemple, le changement véritable est toujours l’œuvre des populations. Une société ne peut secréter les utiles mutations indispensables à sa transformation que lorsque le plus grand nombre le désire et travaille consciemment à cela !
La fin des mariages précoces, l’amélioration de l’accès et la qualité de l’enseignement, le respect de l’ordre et de la discipline, la fin de l’incivisme fiscal, ne resteront que de vœux pieux tant que le plus grand nombre de citoyens n’en aura pas intériorisé le bien fondé.
Le changement est donc plus en nous que du côté de l’autorité ; et si nous voulons voir autrui changer, commençons par le faire nous-même d’abord. C’est la condition première pour que tous les projets que déclinent les plus hautes autorités de l’Etat deviennent ces réalités qui conduiront le Niger à l’émergence. Les potentialités que j’ai évoquées plus haut ne deviendront de véritables richesses économiques qu’à ce prix-là.
Chers collègues, j’en viens à présent à l’ordre du jour de notre session.
Celui-ci sera d’abord consacré à la finalisation de notre installation avec la mise en place de tous les organes et instances indispensables au fonctionnement de notre institution. Il s’agira notamment de l’élection des bureaux des commissions générales permanentes, de la mise en place des réseaux parlementaires et des groupes d’amitié pour promouvoir la diplomatie parlementaire.
Ensuite, comme il se doit, nous nous consacrerons à l’examen et à la ratification de toutes les ordonnances prises par le Gouvernement dans le cadre de la loi d’habilité votée par l’Assemblée nationale à la fin de la précédente session budgétaire.
Après, l’ordre du jour dépendra de l’agenda gouvernemental ; nous nous ferons le devoir d’examiner et de voter tous les projets et propositions de loi qui nous seront transmis en cours de session.
L’autre partie de notre ordre du jour sera constituée de la mise en œuvre des mécanismes de contrôle de l’action gouvernementale. Il vous est loisible, chers collègues d’user de chacun des mécanismes de contrôle que les textes fondamentaux mettent à votre disposition. N’hésitez surtout pas à le faire, il en va de la vitalité de notre démocratie. Ne craignez pas de déranger les ministres, c’est la règle du jeu. Ils y souscriront fort volontiers car c’est l’occasion pour eux de donner visibilité et transparence à leurs actions au service du pays.
Distingués collègues, nous consacrerons également une partie du temps de la session aux premiers contacts avec les citoyens de base à travers les missions de terrain. Ce sera l’occasion de leur décliner notre approche commune de la législature qui démarre. Nos prédécesseurs ont été les précurseurs de ces missions de terrain ; je leur en sais gré car, tout comme eux, je suis convaincu que l’Assemblée nationale ne doit pas être une citadelle fermée sur elle-même mais, plutôt une institution ouverte sur le souverain primaire, le peuple nigérien dont nous détenons le mandat pour organiser la société et préparer l’avenir de nos enfants.
Tout en rendant hommage à la législature passée et à son Président, l’honorable OUSSEINI TINNI, je vous invite, chers collègues à vous engager à faire mieux que celle-ci, je vous invite à innover toujours avec plus de hardiesse afin que l’Assemblée nationale, nourrie des aspirations légitimes de nos concitoyens et de leur volonté de progrès, devienne la vitrine de la démocratie nigérienne, le temple de la loi juste, accessible et rationnelle.
Au regard de la composition actuelle de notre Chambre, faite d’aussi éminentes personnalités qui jouissent d’excellentes renommées en maints et maints domaines, je suis sûr que nous y parviendrons. Comme je suis également sûr, chers collègues, que vous contribuerez à améliorer la qualité de l’action gouvernementale grâce à la pertinence du contrôle parlementaire que vous mettriez en œuvre.
Avec cette conviction et le souhait que notre législature sera des plus exemplaires, je déclare ouverte la première session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2021.
Vive la République
Vive le Niger
Je vous remercie.
Commentaires
Ce n'est pas possible, les nig