Nation : ce qu’il faut retenir du premier gouvernement dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou
La liste du nouveau gouvernement a été dévoilée ce mercredi 7 avril en milieu de journée. L’équipe du premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou compte 33 ministres dont 5 femmes et 3 ministres délégués. Parmi les nouveaux ministres, 11 étaient déjà en poste dans le dernier gouvernement du second mandat d’Issoufou Mahamadou. Parmi les 22 entrants, certains avaient par le passé occupé des maroquins ministériels mais le nouveau gouvernement comprend aussi parmi ses nouvelles figures, beaucoup de jeunes et des personnalités aux compétences avérées dans leurs domaines. En attendant de les voir à l’œuvre sur le terrain politique voici qu’il faut retenir du premier gouvernement de l’ère Bazoum Mohamed.
Il n’a fallu au premier ministre que quelques heures après sa prestation de serment, ce matin à l’Assemblée nationale, pour présenter sa première équipe gouvernementale. Selon le décret signé par le Président de la République et lu en milieu de journée à la télévision publique par le secrétaire générale du gouvernement, Abdou Dan Galadima, le nouveau gouvernement compte 33 membres contre 47 pour le dernier cabinet postélectoral du second mandat d’Issoufou Mahamadou. Une réduction drastique de la taille du gouvernement fortement appréciée par l’opinion même si elle était un engagement pris par le chef de l’Etat, Bazoum Mohamed, durant sa campagne électorale. La première impression à chaud qui se dégage, c’est que beaucoup de cadres du PNDS Tarrayya et des partis alliés n’ont pas été rappelés au gouvernement (Issoufou Katambé, Foumakoye Gado, Karidjo Mamadou…) même si le parti au pouvoir a gardé, pour l’essentiel, les ministères régaliens et stratégiques (Intérieur, Défense, Finances, Pétrole, Mines...).
Sur les 33 ministres nommés, on compte 3 ministres délégués et 5 femmes. L’équipe est aussi composée de 22 ministres entrants parmi lesquels certains avaient déjà occupé par le passé, un maroquin ministériel.
11 anciens ministres de retour
Parmi les onze (11) ministres qui étaient en poste dans la dernière équipe gouvernementale de l’ère Issoufou Mahamadou, certains ont été promus et d’autres ont changé de postes. Un jeu de chaises musicales et de promotion comme c’est le cas pour le désormais véritable numéro 2 du gouvernement et ancien ministre d’Etat à la présidence, après avoir passé par les Finances et l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, désormais à la tête de la diplomatie nigérienne avec rang de ministre d’Etat. Le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Alkache Alhada garde aussi son maroquin tout comme Rhissa Ag Boula, le second ministre d’Etat qui a été maintenu à la Présidence de la République mais sans portefeuille. Idem pour certains ministres des partis alliés notamment Dr Illiassou Idi Mainassara, qui a été maintenu à la tête du ministère de la Santé Publique et à qui on a greffé les départements de la Population et des Affaires Sociales. Il en est de même pour Laouan Magagi, qui revient comme ministre de l'Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, un poste qu’il a occupé de 2016 à fin 2020.
Le jeune Ahmat Jidoud, qui a passé plus de cinq ans comme ministre délégué au Budget a été promu ministre plein avec en charge les Finances, son domaine de prédilection.
Parmi les maintenus mais qui ont changé de poste, Kassoum Moctar, qui était précédemment à la tête du département de la Jeunesse et des Sports et qui est désormais ministre de la Formation professionnelle. L’ancien ministre des Mines, Hassane Moussa Barazé, passe au ministère de la Poste et des Nouvelles Technologies de l'Information. L’ancien ministre de la Formation professionnelle et de l’Enseignement technique, Tidjani Idrissa Abdoulkadri, passe lui à l'Elevage et va se charger également de porter la parole du gouvernement. Anciennement à l’Hydraulique et à l’Assainissement, Gado Sabo Moctar devient le nouveau ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Entreprenariat des Jeunes, après avoir raté l’hémicycle. Enfin, Madame Ataka Zaharatou Aboubacar, qui a été nommée ministre déléguée à l’intégration africaine dans les derniers mois du dernier gouvernement de Brigi Rafini, est désormais ministre de la Fonction Publique et du Travail.
22 nouveaux entrants dont des anciens ministres
Ainsi donc 22 nouveaux ministres font leur entrée dans le premier gouvernement de l’ère Bazoum. Toutefois, certains d’entre eux justifient déjà d’une expérience gouvernementale pour avoir occupé par le passé un maroquin ministériel. C’est notamment le cas de l’homme d’affaire Alma Malam Oumarou, ancien ministre de la Privatisation sous la 5e République de Tandja Mamadou puis ministre du Commerce et du secteur privé sous une partie du mandat d’Issoufou Mahamadou qui a été nommé ministre des Transports. L’universitaire Mamoudou Djibo PHD retrouve également un poste qu’il avait occupé par le passé, celui de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Après avoir été ministre de l’urbanisme, de l’habitat et de l’aménagement du Territoire dans le gouvernement de Mahamadou Danda sous la transition militaire du général Salou Djibo, celle qui était jusque-là conseillère avec rang de ministre à la présidence, Madame Gourouza Magagi Salmou revient au gouvernement mais cette fois comme ministre déléguée au Budget.
Le reste du gouvernement est composé de figures bien connues de la scène politique nationale notamment le nouveau ministre de la Défense nationale, Alkassoum Indatou ou du philosophe Hamadou Adamou Souley qui a dirigé, entre autres, le cabinet de l’ancien premier ministre et du président Bazoum quand il officiait à l’intérieur. Il est désormais à la tête du ministère de l’Equipement. Ancien directeur générale de la SOPAMIN et parlementaire à plusieurs reprises, Zada Mahamadou va diriger les départements de la Communication et des Relations avec les Institutions.
De nouvelles figures et une place de choix aux jeunes
Le nouveau gouvernement se caractérise également par la présence de jeunes ministres. Le plus illustre d’entre eux et qui fait beaucoup parler de lui est certainement Mahamane Sani Mahamadou dit « Abba Issoufou ». Ancien directeur de cabinet adjoint du président Issoufou, qui n’est autre que son père, celui qui a piloté la campagne du président Bazoum a été nommé ministre du Pétrole, de l'Energie et des Energies Renouvelables dans le gouvernement dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou, un de ses parents dont il était l’adjoint au cabinet présidentiel.
Le banquier de renommée internationale, Abdou Rabiou, ancien DG de l’ex BRS, de la BAGRI et la BHN fait sa première entrée dans le gouvernement comme ministre du Plan, tout comme Mohamed Hamid au ministère de la Culture, du Tourisme et de l'Artisanat et l’ancien DG adjoint de la SORAZ, Dardaou Zanaidou, qui quitte son siège de député pour intégrer le gouvernement comme ministre délégué à la décentralisation. Sur cette même liste des nouveaux arrivants qui font leur baptême de feu au sein du gouvernement, on peut lister l’ancien parlementaire Maïzoumbou Laoual Amadou (ministre de l'Urbanisme, du Logement et de l'Assainissement), Maman Ibrahim Mahaman (ministre de l'Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire), Adamou Mahaman (ministre de l'Hydraulique), de Sekou Doro Adamou (ministre de la Jeunesse et du Sport), ainsi que Maman Ibrahim Mahaman (ministre de l'Aménagement du Territoire et du Développement Communautaire) et de Youssouf Mohamed Almouctar (ministre délégué chargé de l'Intégration Africaine).
Beaucoup d’universitaires mais peu de femmes
Le gouvernement se caractérise aussi par une place de premier choix faite aux universitaires. En plus de Mamoudou Djibo Phd (Enseignement supérieur) et le docteur en philosophie Hamadou Adamou Souley (Equipement), on peut citer le docteur Boubakar Hassan de la Faculté des Sciences juridiques et économiques qui a été nommé au ministère de la Justice, le docteur vétérinaire Alambedji Abba Issa, un proche de Bazoum dont il a dirigé le cabinet à plusieurs reprises, promu au ministère de l’Agriculture, le mathématicien Dr Rabiou Ousman, ancien DG de l’IREM, nommé au ministère de l'Education Nationale ainsi que Dr Ibrahim Boukary qui est porté à la tête du ministère de l'Emploi et de la Protection Sociale.
Parmi les reproches objectifs qu’on peut faire à cette équipe, le manque de représentativité des femmes avec cinq (5) femmes sur 33 membres que compte la nouvelle équipe gouvernementale. Un mauvais signal pour les associations de promotion des droits des femmes qui avaient récemment jubilé suite à la révision à la hausse de la loi sur les quotas. Ainsi, en plus des ministres Gourouza Salamou et de Zaharatou Aboubacar, le gouvernement comprend l’ancienne du cabinet de l’ex chef de l’Etat et femme forte du parti au pouvoir, Madame Ousseini Hadizatou Yacouba, nouvelle ministre des Mines. Au ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l'Enfant, c’est Madame Allahoury Aminata Zourkaleini qui a été nommée et Madame Garama Saratou Rabiou Inoussa à la tête du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre la Désertification.
La nouvelle équipe aura la lourde responsabilité de commencer la mise en œuvre du programme « Renaissance acte 3 : consolider et avancer ». Ella a un délai de grâce de 100 jours pour annoncer les couleurs et donner le ton des cinq prochaines années. Sa première mise à l’épreuve sera la présentation à l’Assemblée nationale dans les prochaines semaines, de la Déclaration de politique générale (DPG).
A.Y.Barma (actuniger.com)
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