SEM. Mahamadou Issoufou : « nous avons devant nous une situation grave dont les conséquences sécuritaires sur notre région et sur le Mali sont évidentes »
La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a entamé ce jeudi 20 août 2020, un Sommet extraordinaire par visioconférence sur la situation qui prévaut au Mali. Placé sous la présidence de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et Président en exercice de la CEDEAO, ce sommet intervient après la prise de pouvoir, le mardi dernier, par des « militaires putschistes maliens ». Comme l’a rappelé le président Issoufou dans son discours d’ouverture, plusieurs décisions fortes sont attendues à l’issue de ce sommet sur la situation au Mali qui a déjà été suspendue de l’organisation en plus des sanctions visant les auteurs du coup de force contre le régime d’IBK.
Dans son discours d’ouverture, le Président en exercice de la CEDEAO a indiqué que cette prise de pouvoir intervient dans « un contexte sécuritaire difficile pour notre région en général et pour le Mali en particulier ». Le Chef de l’Etat a rappelé « les efforts diplomatiques intenses déployés par notre communauté en vue de surmonter la crise politique que traverse le Mali, crise consécutive à l’élection législative contestée du 19 Avril 2020. »
« Cette situation grave dont les conséquences sécuritaires sur notre région et sur le Mali sont évidentes nous interpelle. Elle nous montre le chemin qui reste à parcourir pour la mise en place d’institutions démocratiques fortes dans notre espace », a dit le Président Issoufou Mahamadou.
« Avec l’espoir que nous parviendrons à prendre les décisions pertinentes et fortes à la hauteur de la gravité de la situation que connait le Mali», a affirmé le Président de la République en clôturant son discours d’ouverture.
Allocution de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, Président en exercice de la CEDEAO, A l’ occasion du Sommet Extraordinaire sur la situation au Mali :
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Monsieur le Médiateur de la CEDEAO sur le Mali,
Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO,
Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à cette visio session extraordinaire de notre Conférence, consacrée à la situation au Mali.
J’ai tenu à convoquer ce sommet extraordinaire de toute urgence car la situation politique au Mali, qui était déjà au centre de nos préoccupations, vient de connaitre un nouveau développement avec la prise du pouvoir, le Mardi 18 Aout 2020, par une junte militaire, se traduisant par l’arrestation du Président de la république, de son premier Ministre et des membres de son gouvernement.
Cette situation intervient dans un contexte sécuritaire difficile pour notre région en général et pour le Mali en particulier.
Elle intervient en dépit des efforts diplomatiques intenses déployés par notre communauté en vue de surmonter la crise politique que traverse le Mali, crise consécutive à l’élection législative contestée du 19 Avril 2020.
En effet la réaction de notre communauté a été rapide avec l’envoi d’une mission ministérielle appuyée par le Président de la Commission et la désignation d’un médiateur en la personne de Monsieur Goodluck Jonathan, ancien Président de la république Fédérale du Nigéria, pour engager le dialogue entre les parties.
On se rappelle aussi qu’une délégation de cinq chefs d’Etat s’était rendue à Bamako le 23 Juillet 2020. Nous avons également organisé une visioconférence consacrée exclusivement à la crise Malienne , visioconférence à l’issue de laquelle nous avions adopté des mesures de sortie de crise fortes.
Ces mesures portaient notamment sur la recomposition de la Cour Constitutionnelle, la démission des députés contestés, la reprise partielle des élections législatives, et la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale composé de représentants de la majorité et de l’opposition ainsi que de la société civile.
Il convient de noter que tous les partenaires du Mali ont salué et encouragé ces propositions de sortie de crise de la CEDEAO, notamment le Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’Union africaine, l’Union Européenne…
Grace aux efforts du médiateur Goodluck Jonathan que je salue pour sa patience et son abnégation, la cour constitutionnelle a été recomposée et installée, le dialogue entre les différents acteurs a repris et tout laissait croire que nous nous acheminions vers une sortie de crise. Contre toute attente, nous voilà confrontés à une intrusion de l’armée sur la scène politique.
Tout a commencé par une mutinerie survenue dans la matinée du 18 Aout 2020 au camp de Kati. Cette mutinerie a progressivement évolué vers le contrôle de l’ensemble de l’appareil de l’Etat avec l’arrestation de hauts gradés et de hautes personnalités y compris le chef de l’Etat, dans la même journée. Tard dans la nuit nous apprenons que le président de la république, otage des putschistes, a dissout l’Assemblée Nationale et le Gouvernement puis annoncé sa démission de ses fonctions dans une déclaration radiotélévisée.
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Nous avons donc devant nous une situation grave dont les conséquences sécuritaires sur notre région et sur le Mali sont évidentes. Cette situation nous interpelle. Elle nous montre le chemin qui reste à parcourir pour la mise en place d’institutions démocratiques fortes dans notre espace.
C’est le lieu de rappeler qu’en 2012 , un autre coup d’Etat avait permis aux organisations terroristes et criminelles d’occuper pendant plusieurs semaines les 2/3 du territoire Malien.
Face à l’urgence de la situation, sur mes instructions, le Président de notre Commission a rendu public un communiqué. Dans ce communiqué la CEDEAO :
- condamne avec la plus grande fermeté le renversement par des militaires putschistes du Gouvernement démocratiquement élu du Président Ibrahim Boubacar Kéita;
- dénie catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel ;
- rappelle aux militaires leur responsabilité sur la sûreté et la sécurité du Président Ibrahim Boubacar Kéita et des officiels arrêtés ;
- exige la libération immédiate du Président Ibrahim Boubacar Kéita et de tous les officiels arrêtés ;
- suspend le Mali de tous les Organes de décision de la CEDEAO avec effet immédiat, conformément au Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et ce, jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel ;
- décide de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la CEDEAO et le Mali et invite tous les partenaires à faire de même ;
- demande la montée en puissance immédiate de la Force en Attente de la CEDEAO ;
- engage la Commission de la CEDEAO à mettre en œuvre immédiatement un ensemble de sanctions contre tous les putschistes et leur partenaires et collaborateurs ;
- décide de dépêcher une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l’ordre constitutionnel ;
- décide de demeurer saisie de la situation au Mali.
Je propose que notre sommet examine ces différentes mesures et le cas échéant les complète dans la perspective d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel conformément au Protocole Additionnel sur la bonne gouvernance et la démocratie dans l’espace CEDEAO.
Le Président de la Commission ici présent nous fera part des derniers développements de la situation et de tous les faits importants qui pourraient nous éclairer dans l’examen et la prise de décisions sur les graves évènements en cours au Mali.
Avec l’espoir que nous parviendrons à prendre les décisions pertinentes et fortes à la hauteur de la gravité de la situation que connait le Mali, je déclare ouverts les travaux de la présente visioconférence.
Je vous remercie de votre attention
Commentaires
Macron: Oui issoufou, je t'ecoute
Issoufou: Je vous appelle au sujet de la situation malheureuse dans laquelle se trouve en ce moment notre frere Keita.
Macron: Et alors?
Issoufou: Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour le sortir de la, comme vous me l'avez ordonne
Macron: Je ne t'ai rien demande moi. Mais je comprends la peur qui t'anime de finir comme lui, car apr