Mali : le président Issoufou dépêche une délégation de la Cédéao à Bamako pour tenter de sauver IBK
Une délégation de la Cédéao composée du président de la Commission et des chefs de la diplomatie du Niger, du Nigeria et de la Côte d’ivoire, est arrivée ce jeudi 18 juin à Bamako au Mali. Objectif, tenter une médiation entre le pouvoir et le front d’associations et de partis qui réclament la démission du président IBK afin de mettre fin à la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.
C’est à l’initiative du président en exercice de la Cédéao, le chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, que la délégation de haut niveau a été dépêchée dans la capitale malienne. Avant leur départ sur Bamako, le président de la Commission, Jean-Claude Kassi Brou, les chefs de la diplomatie nigériane, Geoffrey Onyeama, et nigérienne, Kalla Ankourao, étaient à Niamey où ils ont eu une rencontre d’échanges avec le président nigérien. Ils seront rejoints dans la capitale malienne par leur homologue ivoirien, Ally Coulibaly. « L’objet de cette rencontre concerne le Mali où il y a, en ce moment, des défis politique et social, et en tant que Président en exercice de la CEDEAO, le Président Issoufou nous a chargés de nous y rendre pour une médiation. Il y a l’opposition qui menace de faire une grande manifestation demain pour exiger le départ du Président actuel Ibrahim Boubacar Keita qui était élu constitutionnellement il y a à peine deux ans », a déclaré à la presse, au sortir de l’entretien, Geoffrey Onyeama. « Nous faisons face à plusieurs défis dans notre sous-région, bien sûr il y a les questions de terrorisme, il y a maintenant la COVID-19 et puis les problèmes sociaux, donc aucun pays ne doit pas encore s’agiter de ces types de problèmes, et en plus, aujourd’hui c’est le Mali, demain ça serait un autre pays, et cela va complètement détruire toute notre sous-région », a poursuivi le ministre nigérian des Affaires étrangères, qui a ajouté qu’à Bamako, la délégation va rencontrer toutes les parties prenantes, « le président du pays et tous les autres acteurs ».
A Bamako où la délégation de la Cédeao est attendue de pied ferme, il sera question de tenter de concilier les positions des différentes parties, et surtout faire baisser la pression. En ligne de mire, faire annuler les nouvelles manifestations prévues au regard notamment des risques que tout débordement peut engendrer.
Médiation sur fond de rapport de force
La délégation de la Cédeao arrive à Bamako à la veille d’une nouvelle manifestation, ce vendredi 19 juin, du Mouvement de contestation du 5 juin (M5), le regroupement d’associations et de partis politiques qui exigent la démission du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Après la démonstration de force du vendredi 5 juin dernier, avec un rassemblement qui a mobilisé dizaines de milliers de maliens dans les rues de Bamako, le Mouvement espère amplifier la pression sur le pouvoir. Malgré les tentatives de médiation ainsi que la main tendue du chef de l’Etat, dans son discours à la nation du dimanche 14 juin dernier, la contestation ne semble pas faiblir. « Le président IBK n’a pas tiré la leçon, il n‘écoute pas les gens. Mais cette fois-ci, il va comprendre » a fait savoir, hier mercredi à l’issue d’une rencontre de préparation de la manifestation, le leader religieux, l’Imam Mahmoud Dicko, chef de proue du Mouvement. Et de promettre, qu’ils iront cette fois «jusqu’au bout ». La veille, le Mouvement a boudé une rencontre initiée par le locataire du Palais de Koulouba avec l’ensemble des forces vives du pays.
C’est donc une médiation sous haute tension que va tenter l’organisation communautaire. Pour cette première prise de contacts, il s’agit pour les médiateurs d’écouter les différents protagonistes maliens. Cependant, la question qui taraude tous les esprits, c’est de savoir quelle marge de manœuvre auront les médiateurs pour résoudre cette crise ? Entre un président élu et des contestataires qui s’appuient sur la pression populaire, c’est visiblement le jeu du rapport des forces qui déterminera l’issue de cette crise dont le Mali, déjà confronté à une crise sécuritaire, n’a point besoin.
A.Y.B (actuniger.com)
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