Elections : la suspension de l’enrôlement dans certaines localités fait craindre un chamboulement du calendrier pour raison sécuritaire
Par décision du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Issaka Sounna, les opérations d’enrôlement biométrique pour le fichier électoral, ont été suspendues depuis le 14 janvier dans certaines localités des régions de Tahoua et Tillabéri, à la frontière avec le Mali. Il s’agit de la commune de Tillia, dans la région de Tahoua et de 8 autres communes de la région de Tillabéri (Abala, Tondikiwindi, Makalondi, Torodi, Gouroual, Diagourou, Inates et Banibangou). Selon la CENI, cette suspension a été motivée par « des circonstances sécuritaires », et les opérations vont reprendre dès que les conditions le permettront. Pour le moment, le matériel ainsi que le personnel d’enrôlement ont été acheminés à Niamey, en attendant donc l’amélioration de la situation.
Cette suspension des opérations d’enrôlement biométrique dans ces zones à risques, dont la plupart sont placées en état d’urgence, s’explique donc par le contexte sécuritaire qui ne se cesse de se dégrader avec la multiplication des attaques terroristes qui ont déjà visé plusieurs localités concernées par la mesure de la CENI. Le 25 décembre dernier, un convoi composé d’éléments de la gendarmerie nationale et de la garde nationale du Niger escortant des équipes chargées de l’enrôlement électoral dans la commune de Sanam, dans le département d'Abala (Région de Tillabéri) a été victime d'une embuscade tendue par des terroristes lourdement armés qui s’est soldée par la mort de 14 soldats nigériens. Depuis la CENI et le gouvernement ont annoncé avoir renforcé les mesures de sécurité avec notamment l’interdiction de circulation des véhicules des deux roues dans ces zones. Cependant, malgré ces mesures, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader et l’enrôlement s’est avéré pratiquement impossible dans certaines localités en raison de la persistance des menaces suite aux dernières attaques meurtrières d’Inatès et de Chinagoder.
Incertitudes sur le calendrier électoral
L’annonce de cette décision de la CENI a été diversement appréciée au sein de l’opinion. Si pour certains, ces mesures se justifient au regard du contexte sécuritaire, d’autres s’interrogent sur les conséquences de cette suspension sur la suite du processus électoral. La seule certitude au stade actuel des opérations, c’est que cela va engendrer, dans les meilleurs cas, un léger réaménagement du calendrier électoral. D’autant qu’il est impossible quand est ce que les opérations pourront reprendre dans ces zones au regard de l’incertitude qui prévaut toujours sur la situation sécuritaire. C’est une nouvelle donne à prendre en compte dans ce processus électoral qui est déjà sévèrement critiqué par certains partis de l’opposition politique et même de la majorité. Si l’on tient compte du fait que d’autres zones comme Madarounfa dans la région de Maradi et la région de Diffa, sont également concernés par ce climat d’insécurité ambiant, les prochaines élections générales, dont le début est prévu pour novembre prochain, ne s’annoncent pas sous de bons auspices. Le fichier biométrique électoral, le premier du genre au Niger, devrait en principe être prêt en juillet prochain, et depuis le début des opérations, plusieurs couacs ont été enregistrés.
A.Y.B (actuniger.com)
Commentaires