Politique : plébiscité par son parti malgré sa déchéance, l’opposant Hama Amadou prône la réconciliation et la décrispation
Il y avait eu bel et bien deux congrès parallèles, le dimanche 4 Août, au nom du principal parti de l’opposition politique, le MODEN/FA Lumana Africa. Et il y avait bel et bien eu consensus sur la personnalité de son leader incontesté, Hama Amadou. L’opposant en exil depuis 2016, n’était certes pas présent à Niamey pour le congrès qu’il reconnait et qui a été convoqué par le bureau politique national, mais son ombre a plané durant tous les travaux du Conseil national.
Au sortir de ce 3e Congrès de Lumana qui coïncide avec le 10e anniversaire de sa création, Hama Amadou a été d’ailleurs plébiscité par le parti, comme son candidat pour les prochaines élections présidentielles de 2021. A Dosso, où un autre Congrès a été convoqué par Oumarou Noma, l’ancien vice-président intérimaire qui s’est fait couronner comme nouveau président du parti au cheval ailé, Hama Amadou était aussi présent sur les affiches mais également dans les résolutions prises à l’issue des travaux, et dans lesquelles il a été encore adoubé par des assises dont il a publiquement dénié la légitimité, et contesté la légalité.
Malgré la crise que traverse le parti, et qui risque de finir devant les tribunaux au regard des décisions prises à Niamey et à Dosso, l’allégeance à Hama Amadou ne souffre donc, et encore, d’aucune contestation au sein du MODEN/FA Lumana. L’ancien allié de Mahamadou Issoufou, a pourtant été déchu de la présidence de son parti par décision de justice, le 25 juillet dernier, suite à son assignation par Oumarou Noma, alors président intérimaire, après sa destitution par Hama Amadou. Selon la teneur de la décision en référé, rendue par le Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, « Hama Amadou n’a plus qualité pour agir au nom du parti », suite à sa condamnation à un (1) an de prison, dans l’affaire dite des « bébés importés ». L’opposant, ancien tout puissant premier ministre sous la 5e République, semble d’ailleurs prendre acte de cette décision, qui en l’espèce et en l’état actuel des choses, complique pour ne pas dire compromet ses chances de se présenter pour les prochaines présidentielles de 2021.
Appel à l’unité et à la décrispation sociale
Les prochaines présidentielles ; c’est dans moins de deux ans. C’est assez proche mais encore loin, et comme il l’a lui-même dit lors d’un récent meeting de son parti, « beaucoup de choses risquent de se passer d’ici 2021 ». C’est en tout cas, en rassembleur prônant l’unité nationale ; la réconciliation politique et une décrispation sociale, que l’ancien candidat arrivé au second tour des dernières présidentielles de 2016, s’est adressé « au pouvoir en place et à tous les partis politiques », dans un message vidéo, qu’il a adressé aux militants de son parti, lors des assises du Congrès de Niamey du dimanche 4 Août. Dans le message enregistré à Cotonou, où il se trouve présentement, le leader de l’opposition politique a certes évoqué la situation de crise que traverse son parti politique ainsi que les perspectives d’avenir. Il a surtout insisté sur la nécessité de mettre fin à « la situation de guéguerre politique », qui prévaut actuellement, et a plaidé pour un apaisement politique et social, afin que le Niger puisse faire face aux nombreux défis qui l’assaillent.
« J’en appelle donc au pouvoir en place, et aux partis politiques de tous bords ; je le dis sincèrement : sans arrières pensées et calculs politiques retors ; et cela en ma seule qualité de citoyen nigérien, convaincu que le bonheur politique ne se fera jamais dans un climat de guerre politique perpétuelle. J’en parle dans l’espoir que tous, acceptent de revenir à l’esprit consensuel et au fair-play, qui avait jusqu’à la fin de la dernière décennie, caractérisé les rapports entre les partis politiques nigériens. Notre pauvre pays a besoin d’un autre climat que celui qui prévaut. Il a besoin de reconstruire son unité nationale, pour faire face efficacement aux périls de plus en plus menaçants des groupes armés. Il a besoin de décrispation sociale, pour libérer les initiatives créatrices indispensables à l’épanouissement de son économie. Il aspire à retrouver confiance et harmonie entre les citoyens et les institutions pourvoyeuses de service public. Le Niger a besoin de projeter dans le monde, une autre image que celle du pays le plus pauvre du monde, dont les habitants s’accroissent à une vitesse de métronome, rendant ainsi leur survie chaque jour un peu plus problématique ». Déclaration de Hama Amadou.
Il reste maintenant à savoir si cette main tendue du leader politique sera entendu par qui de droit, pour être accepté. Si au plus haut sommet de l’Etat, le président Issoufou Mahamadou, a lui aussi et à plusieurs reprises prôné l’union de toutes les forces vives de la nation, afin de permettre au Niger de faire face aux nombreux défis qui l’assaillent, il n’en demeure pas moins qu’au niveau du pouvoir, il a toujours été estimé qu’il n ' y a aucun problème politique dans le pays.
A quelques pas des prochaines élections générales, qui s’annoncent sous un climat des plus tendus, aucun appel à la paix et à la réconciliation ne sera de trop. Sauf que le climat de méfiance et de suspicion qui prévaut de part et d’autres, est tel qu’il ne faudrait pas s’attendre à un changement de la situation politique actuelle, surtout au regard du rapport des forces en présence.
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A.Y.B (Actuniger.com)
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