MNSD Nassara : le président Seyni Oumarou plébiscité pour la présidentielle de 2021
Comme une lettre à la poste ou presque, Seyni Oumarou, le président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD Nassara), a été reconduit et mieux, plébiscité comme le candidat du parti pour l’élection présidentielle de 2021.
Ainsi en a décidé le conseil national et le 9e Congrès statutaire du parti qui se sont tenus ce samedi 23 mars au Stade régional de Tahoua. Les assises se sont déroulées en présence des membres du bureau politique national, des délégations des 8 régions et de la diaspora. Pour la présidence du parti, le président sortant n’avait en face de lui que la candidature du bouillant et tonitruant Issoufou Tamboura, qui a été finalement rejetée pour plusieurs manquements aux textes du parti. Au poste de secrétaire général, occupé jusque-là par le ministre Tidjani Adboul Kadri, les choses ont été un peu plus compliquées. Deux candidatures se sont manifestées : celle du sortant et celle de Maman Doutchi, toutes les deux de la section de Maradi. A défaut de consensus et malgré le choix écrit de la section qui apporte son soutien à Maman Doutchi, le SG sortant n’a pas voulu se plier. Le Congrès a alors pris une résolution à l’unanimité afin de donner deux mois aux deux protagonistes pour qu’il puisse s’entendre sur un nom. A défaut, la candidature au poste sera ouverte et cette fois, à toutes les autres sections.
Le « grand Baobab » en démonstration de force
C’est à une véritable démonstration de force de l’ancien parti-Etat qu’on a assisté à Tahoua à l’occasion des assises de ce Congrès du 23 mars. Le parti a montré que malgré tous les coups, il demeure l’une des principales forces politiques du pays et pour Seyni Oumarou, c’est une consécration. Le candidat malheureux au second tour de la présidentielle de 2011, qu’on disait en mauvaise posture, est apparu comme à son habitude : calme et serein. A Tahoua, l’actuel Haut représentant du président de la République (HRPR) a en tout cas prouvé qu’il garde toujours la main sur la formation qu’il a hérité du président d’honneur, l’ancien président Tandja Mamadou, dont l’ombre a d’ailleurs beaucoup plané sur le Congrès.
Le MNSD, une force politique qui compte
Dans la capitale de l’Ader, le MNSD Nassara a en plus de démontrer sa capacité de mobilisation, fait valoir ses prétentions pour 2021 ! C’est l’un des principaux messages de ce Congrès certes ordinaire mais qui va préparer la prochaine campagne pour la conquête du pouvoir du « Baobab ». La cérémonie d’ouverture du Congrès a d’ailleurs été l’occasion de montrer à quel point, le parti est pris au sérieux pour les prochaines échéances électorales. Plusieurs interventions ont été marqués de doux mots, d’appels du pied et des indirects à l’égard du Baobab. A la tribune, ils ont tous défilés : les représentants des formations politiques de l’Alliance pour la République (APR) et de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN), ainsi que ceux du Front pour la restauration et la défense de la démocratie et la République (FRDDR) ou du Front patriotique (FP). C’est le cas de le dire, le MNSD Nassara est très courtisé et les interventions comme celles de Ousseini Salatou de Labizé (APR), de Ibrahim Yacouba du MPN Kishiin Kassa (FP) ou de Doudou Rahama du RDR Tchenji (ADR), témoignent de la place qu’occupe toujours le MNSD sur l’échiquier politique. La présence massive des principales formations politiques qui comptent dans le pays a aussi illustré ce poids politique des verts-oranges. L’une des participations qui a été des plus remarquées, c’est la forte délégation du MPR Jamhuriya de Albadé Abouba, qui a été conduite par le SG de son Bureau national, le ministre Sani Maigochi.
Seyni Oumarou en route pour 2021
L’ancien premier ministre Seyni Oumarou va donc défendre les couleurs du MNSD Nassara aux présidentielles de 2021, pour la troisième fois après 2011 et 2021. La candidature qui reste certes à valider au cours d’un prochain congrès d’investiture à l’approche du scrutin, a été déjà adoptée par l’APR, la seconde branche de la Mouvance présidentielle dont le parti est membre depuis 2017 après avoir été à l’opposition depuis 2011. La première leçon, c’est que le MNSD Nassara aura son propre candidat et n’entend donc point jouer les seconds rôles en se ralliant à une quelconque autre candidature commune. Après avoir été au second tour en 2011 contre le président Issoufou Mahamadou, puis arrivé à la troisième place en 2011, Seyni Oumarou va tenter à briguer de nouveau la magistrature suprême dans un scrutin qui s’annonce comme décisive pour la suite de sa carrière politique. C’est un enjeu crucial pour le MNSD et un défi de taille pour Seyni Oumarou. D’ici l’échéance de 2021, il va devoir maintenir la cohésion au sein de sa formation et maintenir la dynamique ainsi ressuscitée chez les militants. L’autre défi, c’est qu’il va falloir aussi se préparer à affronter les assauts des autres prétendants à la magistrature suprême. L’un des plus en vue, c’est Bazoum Mohamed du PNDS Tarayya, le parti au pouvoir avec qui le MNDS Nassara a contracté une sorte d’alliance du genre « ménage avec chambre séparée ». En effet, bien que le MNSD Nassara s’est rallié à la mouvance présidentielle, il a préféré ne pas s’intégrer à la MRN qui en constitue la principale composante, mais de créer sa propre alliance, l’APR. Ce qui laisse certes une certaine marge de manœuvres au parti de faire sa route comme il l’entend et surtout de se démarquer (au cas où) de la gestion du régime de la Renaissance. Au risque aussi de se voir traiter « d’opposition dans la majorité » ou à la limite de « parti opportuniste » qui profiterait de sa présence dans les rouages du pouvoir pour renflouer ses caisses en prélude aux prochaines échéances.
Jeu d’équilibrisme
Au sortir de son congrès, le MNSD a maintenu son alliance avec la MRN et réaffirmé son soutien au président Issoufou Mahamadou. Tout en prenant le risque de dévoiler ses ambitions. C’est là un dilemme et une épreuve pour le « grand Baobab » et son poulain, lesquels vont devoir manœuvrer prudemment d’ici 2021, échéance où tous les scénarios sont encore possibles…et donc tous les coups encore permis ! Pour l’heure en tout cas, le parti s’en sort en jouant à l’équilibriste comme en témoigne la gymnastique de compromis dont a fait montre le président Seyni Oumarou dans son discours d’ouverture du Conseil national et du congrès. Abordant la situation politique du pays, le président du MNSD trouve « qu’elle reste encore marquée hélas, par les stigmates des dernières élections et la persistance de certaines tensions sociales ». Cependant, après avoir évoqué les raisons du ralliement du parti à la Renaissance, Seyni Oumarou assure que « fidèle à ses engagements, le MNSD-Nassara assume avec responsabilité, la décision de son ralliement à la main tendue du Président de la République, car cette adhésion est motivée par une profonde conviction que notre parti peut contribuer à assurer la stabilité des institutions et permettre au pays de poursuivre dans la sérénité, sa longue et difficile marche vers le progrès ». Plus loin encore et cette fois sur la question du processus électoral, le président du MNSD Nassara a tenu à « attirer l’attention du gouvernement et de la CENI sur l’impérieuse nécessité de l’adoption d’un code électoral consensuel d’une part, et d’autre part du respect scrupuleux du chronogramme des élections, afin de prévenir tout dérapage, eu égard aux exigences de la Loi fondamentale et de nos dispositions légales et réglementaires ».
A.Y.B (Actuniger.com)
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Tu es b