Allocution de SEM Issoufou Mahamadou à l'occasion de la 18e Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement du CILSS
Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA, Président de la République du Mali, Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement du CILSS,
Excellences Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, Chers Frères,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Haut Représentant,
Messieurs les Responsables des Institutions de la République,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Honorables Députés,
Monsieur le Secrétaire Exécutif du CILSS,
Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatiques et représentants des organisations internationales,
Mesdames, Messieurs,
Le Niger est heureux d’accueillir la présente édition de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel. Au nom de son peuple, je salue et remercie mes frères et amis chefs d’Etat qui ont fait le déplacement de Niamey. Leur présence parmi nous, conforte notre engagement commun à poursuivre les objectifs de lutte contre la sècheresse et la désertification dans notre espace.
Je voudrais aussi saluer les chefs de délégation et les représentants des pays amis et organisations internationales, avec lesquels nous sommes engagés dans un partenariat fécond.
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, il est clairement établi que l’une des principales causes de l’aggravation des déséquilibres sociaux, économiques et environnementaux, est la désertification dont la principale conséquence est la dégradation des seuls moyens de survie de milliards de personnes à l’échelle planétaire en général et au Sahel en particulier. Nos pays subissent aujourd’hui de plein fouet les effets pervers de ce phénomène, exacerbés par une forte croissance démographique et une pression de plus en plus insupportables sur les ressources naturelles.
Lors de notre dix-septième conférence au Sommet de Bamako, nous avons adopté des mesures visant à garantir la sécurité alimentaire et à lutter contre les effets de la sècheresse et de la désertification. Nous nous sommes engagés à promouvoir un nouvel équilibre écologique au Sahel à travers notamment la coordination et l’harmonisation des stratégies, le renforcement de la coopération scientifique et technique, la capitalisation des expériences, la diffusion des informations et le renforcement des capacités des différents acteurs.
Depuis notre dernier sommet des avancées significatives ont été accomplies sous la clairvoyance et l’engagement de notre frère et ami, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, président de la République du Mali et Président en Exercice du CILSS.
Permettez moi de lui adresser mes félicitations fraternelles pour son leadership de qualité à la tête de notre organisation commune. La rencontre d’aujourd’hui se présente comme une opportunité supplémentaire pour évaluer les progrès enregistrés et donner les impulsions nécessaires pour la réalisation effective de ces différentes directives.
Mesdames et Messieurs,
S’agissant de la capitalisation et de la diffusion des expériences et acquis, chacun de nos pays a certainement une expérience à communiquer, des résultats partager. Permettez-moi de vous faire part brièvement de l’expérience nigérienne de ces sept dernières années, expérience relative à la mise en œuvre de l’initiative « 3 N », les « Nigériens Nourrissent les Nigériens », notre politique agricole.
L’initiative « 3 N » est l’une des huit priorités du programme de renaissance du Niger. Elle vise l’accroissement et la diversification des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques à travers notamment l’accroissement des rendements des cultures sous pluie, la promotion des cultures irriguées et la modernisation de l’élevage. Elle vise également l’approvisionnement des marchés, la conservation, la transformation et la commercialisation des produits agropastoraux et halieutiques, la résilience des groupes vulnérables, la protection de l’environnement notamment la restauration des terres dégradées, la lutte contre la malnutrition, la sensibilisation et l’animation du monde rural.
Il fut un temps où, au Niger, la sécheresse se transformait en famine. Grace à la mise en œuvre de l’initiative « 3 N », ce temps est désormais un lointain souvenir. La mise en œuvre de l’initiative « 3 N » a été un réel succès mais il reste beaucoup à faire surtout que le nouvel objectif que nous nous sommes fixé est la « faim zéro » en 2021. Ce nouvel objectif est à notre portée ; pour ce faire, nous mettons davantage l’accent sur la maitrise de l’eau, à travers la réalisation des ouvrages de mobilisation des eaux, sur l’opérationnalisation de la maison du paysan qui permet l’approvisionnement des producteurs en intrants et sur la restauration et la défense des terres avec un objectif de 200 000 hectares chaque année.
L’initiative 3N est un puissant instrument de lutte contre la pauvreté. Au Niger comme dans nombre de nos pays, la pauvreté est rurale et féminine. La transformation du monde rural, sa modernisation grâce entre autres à l’initiative 3 N contribuera à réduire le taux de pauvreté d’ici 2021 avec un objectif de 31% de personnes vivant sous le seuil de pauvreté contre 45% en 2016.
Mesdames et Messieurs,
Pour optimiser nos actions au sein du CILLS, il est indispensable de développer davantage de synergies avec les initiatives que nous prenons au niveau des autres organisations d’intégration sous régionale.
Nous avons pour cela des programmes phares que nous partageons au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), du Groupe des cinq États du Sahel (G5 Sahel) notamment dans le domaine de la résilience, de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) et de la Commission du Bassin du Lac Tchad CBLT).
Nous avions, au Sommet Africain de l’Action en faveur d’une co-émergence continentale, tenu, à l’initiative de sa Majesté, le Roi du Maroc, en marge de la 22ème Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur les Changements Climatiques CCNUCC, (COP 22, Marrakech - 07 au 18 Novembre 2016), créé trois commissions régionales chargée chacune, de la coordination et du suivi des initiatives prioritaires dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable ainsi que de la mobilisation des partenaires bilatéraux et multilatéraux du continent pour un soutien plus accru et concret aux initiatives et actions retenues.
La commission chargée de la région Sahel, présidée par le Niger a élaboré sa feuille de route qui doit nous conduire rapidement à l’adoption d’un Plan d’Investissement Climatique pour la Région du Sahel et à l’organisation d’une Table Ronde pour son financement.
Très fortement engagé dans la lutte contre le changement climatique dont il connait et subit les méfaits, le Niger est résolu à n’épargner aucun effort pour honorer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et des réunions subséquentes et se fait un point d’honneur à mener à bien les activités inscrites dans cette feuille de route.
Par ailleurs notre pays compte accueillir très prochainement une Conférence Internationale sur la Désertification et l’Économie Verte, avec l’appui de diverses organisations régionales et internationales. Cette conférence précèdera la Table Ronde sur le financement du Plan d’Investissement Climatique pour la Région du Sahel prévue pour Octobre 2018.
De plus en partenariat avec les autres pays du bassin du Lac Tchad, il sera organisé une conférence internationale sur la réhabilitation du Lac Tchad, à Abuja fin février 2018. Aussi invitons-nous tous nos partenaires à manifester leur solidarité avec nous en nous faisant l’honneur de leur présence à ces rendez-vous importants sur le changement climatique.
Le Niger est convaincu qu’une synergie appropriée des activités que nous menons au niveau du CILLS avec celles des institutions communes que je viens de citer, nous permettra de faire face plus efficacement aux défis multiformes qui sont les nôtres.
Il s’agit de construire une vision commune entre pays sahéliens et les autres, entre les différentes catégories d’acteurs pour assurer notre sécurité alimentaire, faciliter le commerce des produits agropastoraux et renforcer la résilience de nos populations.
C’est en travaillant à cela que nous bâtirons une stratégie intégrée à l’échelle de la région.
Mesdames et Messieurs,
Les pays de notre espace regorgent de richesses et sont dotés d’énormes potentialités qui ont besoin d’être mises en valeur pour satisfaire les immenses besoins de nos populations. Il nous revient en tant que dirigeants, de créer les conditions de la mobilisation et de l’exploitation diligente et efficiente de ces ressources pour les mettre au service de la croissance et du développement.
Nous devrons saisir les opportunités multiformes qu’offre le processus de transformation politique et économique de l’Afrique incarné par l’élan de l’Agenda 2063, et notamment le projet de création de la Zone de Libre-échange Continentale Africaine pour mettre nos pays en position de tirer le meilleur parti de ces initiatives.
Nous devrons créer les conditions d’une insertion avantageuse des secteurs de l’Agriculture et de l’élevage dans l’économie Africaine et mondiale, conformément au programme Détaillée pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), et au Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA), qui font partie des programmes majeurs de l’Union Africaine.
Je voudrais enfin, Mesdames et Messieurs, vous rappeler l’importance et la pertinence de cet instrument de coopération original dédié à la lutte contre la sècheresse et la désertification qu’est le CILLS. Les objectifs que nous poursuivons à travers cette institution sont au cœur des politiques publiques des gouvernements des pays du Sahel, tant il est vrai que la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la gestion des ressources naturelles et la résilience de nos communautés rurales au changement climatique, constituent une préoccupation permanente.
Il est donc indispensable que nous lui apportions le soutien politique nécessaire, dont la meilleure traduction serait sa dotation en ressources adéquates pour son fonctionnement optimal, à travers notamment le paiement des contributions statutaires.
En souhaitant plein succès à nos travaux, je souhaite un bon séjour à Niamey à tous les chefs d’État et de Gouvernement ainsi qu’à tous les autres participants à ce 18eme sommet.
Je vous remercie .
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