« Toutes les exigences pour le bon déroulement de la conférence sont identifiées et les mesures à prendre pour les satisfaire sont engagées» déclare M. Mohamed Saidil Moctar, conseiller Spécial du Président de la République et Directeur Général de l'Agenc
Monsieur le Directeur Général, en créant l'Agence que vous dirigez, quelles sont les missions que le gouvernement du Niger lui a assignées?
Il faut tout d'abord rappeler que les Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union Africaine ont choisi le Niger pour abriter en 2019, la 33eSession de la Conférence des Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union Africaine à Niamey.
C'est non seulement un signe fort de la vitalité de notre diplomatie mais aussi et surtout une grande opportunité pour notre pays de se hisser au rang des pays en mesure d'organiser de grands évènements.
Donc, pour une meilleure préparation et organisation de cette conférence, il a été jugé opportun, par les plus hautes autorités du pays, de créer une structure dédiée exclusivement à la préparation et à l'organisation de l'événement, avec une autonomie administrative et financière, rattachée à la Présidence de la République. C'est ainsi qu'a vu le jour, par décret présidentiel, le 26 janvier 2016, l'Agence Nationale pour l'Organisation de la Conférence de l'Union Africaine, Niger 2019, en abrégé « Agence UA Niger 2019 » dont la mission est d'assurer la préparation, l'organisation et la coordination des activités liées à la tenue de la Conférence de l'Union Africaine, Niger 2019. Plus spécifiquement, il s'agit pour nous d'assurer, pour le compte de l'Etat, les fonctions de maître d'ouvrage délégué et d'agence d'exécution pour toutes les infrastructures entrant dans le cadre de l'organisation de la Conférence de l'Union Africaine, Niger 2019. Nous avons aussi pour mission de suivre la réalisation et la mise à niveau des infrastructures nécessaires à la tenue de la Conférence dans les délais requis.
L'Agence a également comme mission de susciter, encourager et soutenir les initiatives privées pouvant contribuer à la réussite de la tenue de la Conférence.
Mais ce n'est pas tout. Nous sommes également chargés d'acquérir et gérer tous les équipements et moyens logistiques liés à la tenue de la conférence ; de mobiliser, en relation avec le Ministère chargé des Finances et le Ministère chargé de la Coopération, les financements nécessaires à la réalisation et à la réhabilitation des infrastructures requises pour la tenue de la Conférence. Enfin, il relève de notre responsabilité d'assurer, en rapport avec le Ministère chargé des Affaires Etrangères et les autres ministères et acteurs impliqués, le bon déroulement des travaux de la Conférence.
Vous le voyez, c'est une mission très lourde, en ce sens qu'elle nous met devant de grands défis. Mais en s'engageant devant ses pairs à organiser la conférence, le Président de la République, conscient de tous ces défis, s'est fixé trois objectifs. Premièrement, renforcer notre action diplomatique et accroître la visibilité du Niger sur la scène africaine et internationale; deuxièmement, permettre aux opérateurs économiques nigériens de tirer profit des retombées de cet évènement et, troisièmement, renforcer les capacités du Niger en termes d'infrastructures et de savoir-faire et donner ainsi la possibilité à notre pays d'accueillir d'autres évènements d'envergure Internationale.
Enfin, il faut noter que l'Agence a un Conseil d'Orientation et de Contrôle, composé de 13 Ministres principalement concernés par les activités de la conférence, du Directeur de cabinet du Premier Ministre, du Gouverneur de la région de Niamey et du Président de la délégation spéciale de Niamey. Cet organe est chargé de définir les orientations stratégiques de l'Agence, d'approuver son programme d'activités, son budget et s'assurer de la bonne exécution de ses missions.
Donc tous les principaux acteurs concernés dans la préparation et l'organisation de la conférence sont pleinement et directement impliqués.
L'organisation d'une conférence de l'Union Africaine a des exigences sur tous les plans. Pour le cas du Niger, quelles sont les exigences que vous avez répertoriées ?
Pour réussir ce plus grand rendez politique africain, le Niger devra se préparer à relever d'importants défis en termes de préparation et d'organisation afin de hisser les infrastructures d'accueil, d'hébergement et de conférence aux standards internationaux et d'offrir aux 4000 participants, parmi lesquels une cinquantaine de Chefs d'État et/ou de Gouvernement, des conditions optimales de séjour et de travail, conformes aux normes de l'Union Africaine et dans la tradition d'hospitalité Nigérienne. ll y a d'abord le volet hébergement et organisation qui nous oblige d'avoir un centre de conférences international, de disposer de plusieurs hôtels de grand standing, de construire une cité de l'Union Africaine et d'avoir des restaurants et des espaces de loisirs et de spectacles conformes aux standards internationaux.
Deuxièmement, le volet transports nous commande de disposer d'un aéroport aux standards internationaux, d'avoir suffisamment de voitures présidentielles et de grand standing, de nous équiper d'engins d'escorte et de sécurité et d'avoir des bus et minibus pour le transport des délégations.
Le troisième volet, qui concerne la circulation urbaine, exige, lui, de disposer de grandes voies et rues pour un accès facile aux sites de la conférence et lieux d'hébergement et d'avoir un éclairage urbain adéquat ainsi que des feux de signalisation fonctionnels.
À côté de ces trois grands volets, nous devons également combler plusieurs besoins en équipements et accessoires. Mais une des exigences, c'est la formation et le renforcement des capacités de tous les acteurs. De ce point de vue, nous devons former et recruter du personnel des métiers de l'hôtellerie et de la restauration, des agents de protocole, des professionnels de la décoration, des chauffeurs, du personnel médical et d'assainissement, des agents des Forces de Défense et de Sécurité, etc.
Mais le défi majeur pour nous et pour tous les habitants de Niamey, c'est, incontestablement, la salubrité et l'assainissement de notre capitale. Je salue les nouvelles initiatives entreprises par le Président de la délégation spéciale et le Gouverneur de Niamey pour améliorer le visage de notre capitale.
Comme vous le constatez, nous sommes confrontés à des défis énormes mais pas insurmontables. C'est ainsi que nous nous sommes retroussé les manches pour faire face à ces exigences, en commençant par la mise en place de treize comités sectoriels que nous avons chargés, dans autant de domaines, de faire l'état des lieux des besoins. Ce travail colossal, abattu en seulement deux mois par plus d'une centaine de professionnels nigériens de tous les ministères et autres structures publiques et privées concernées par l'organisation, nous a permis d'identifier tous les besoins dans les domaines des infrastructures ; de l'aménagement des voiries et pavoisement ; de la salubrité et assainissement ; de l'hébergement ; de la restauration ; du transport ; de la santé ; des systèmes informatiques, Télécommunications/ Conférence et Documentation ; de la culture, de l'animation et des loisirs ; de la sécurité ; du protocole et autres aspects diplomatiques ; de la communication et médias ; de la formation et du renforcement des capacités.
Nous avons entrepris des rencontres avec les Ministres et responsables des structures concernées pour valider les différents besoins. Le cahier des charges global de la conférence sera consolidé avant la fin de l'année 2017.
En résumé, nous pouvons affirmer aujourd'hui que toutes les exigences pour le bon déroulement de la conférence sont identifiées et les mesures à prendre pour les satisfaire sont engagées.
L'organisation de cette conférence intervient dans un contexte où les caisses de l'État ne se portent pas bien. Comment comptez-vous procéder pour réaliser de si grandes œuvres en si peu de temps et dans un contexte de précarité financière ?
Vous décrivez très bien le contexte de la préparation de la conférence et c'est cela le principal défi que nous avons à relever. Le Gouvernement du Niger est conscient du défi que constitue l'organisation d'un tel évènement dans un contexte de difficultés financières et économiques aussi bien au plan national qu'au plan international. Il est aussi convaincu de la nécessité pour le pays de se doter des infrastructures aux standards internationaux et d'un savoir-faire pouvant lui permettre d'être capable d'organiser des rencontres de haut niveau et de tirer profit de son positionnement géographique.
Si nous devions nous contenter de constater la difficulté du contexte financier et nous apitoyer sur notre sort, nous n'aurions rien fait et aurions déclaré forfait. Au contraire, nous avons réfléchi à toutes les contraintes financières puis nous avons opté pour différentes approches innovantes qui nous permettent d'éviter d'accroitre le ratio d'endettement de l'État, et de recourir très peu aux caisses de l'État, c'est ce qui explique le fait que certains chantiers n'ont pas encore démarré.
Pour la réalisation des projets d'infrastructures, qui constitue le volet le plus coûteux, nous avons essentiellement fait appel à des investisseurs privés nationaux et internationaux, soit sous forme d'investissements directs, soit sous forme de BOT(Built Operate and Transfer). Pour le financement du fonctionnement de l'Agence, nous avons mis en place une stratégie d'autofinancement qui nous permet aujourd'hui de mobiliser des ressources additionnelles à la dotation annuelle de l'État. En ce qui concerne le financement du déroulement de la conférence de l'Union Africaine, l'État s'est engagé à assurer des dépenses telles que l'hébergement des hôtes de marque ainsi que le transport des délégations. Enfin, au chapitre du financement des besoins en équipements et en formation, nous allons faire appel à l'appui des partenaires techniques et financiers de notre pays qui sont prêts à nous accompagner.
Monsieur le Directeur Général, pensez-vous que le Niger pourrait être prêt pour le rendez-vous de 2019 qui pointe déjà à l'horizon?
Je répondrai simplement à votre question en disant que nous avons la maîtrise totale de notre tableau de bord. Nous savons parfaitement ce que nous allons faire, nous connaissons les sources de financements de ce que nous allons réaliser, nous avons notre planning et notre cahier des charges. Par-dessus tout cela, nous sommes rassurés par la volonté politique des plus hautes autorités du pays, ce qui nous fait dire que rien n'est impossible. En effet, à partir du moment où le Président de la République s'est engagé, avec le Premier Ministre et l'ensemble des membres du Gouvernement, à réaliser le projet de la tenue de la Conférence de l'Union Africaine au Niger, aucun doute ne plane sur son bon déroulement. Nous avons élaboré une stratégie de communication qui nous permet de tenir l'ensemble des Nigériens régulièrement informés de l'état de la préparation de cette conférence et d'être mobilisés autour de ce projet national.
Est-ce qu'une mobilisation des Nigériens autour de ce projet pourrait vous faciliter la tâche?
Certainement! Et c'est tout le mal que nous nous souhaitons. Je sens, au fil du temps, que les Nigériens sont mobilisés autour de ce projet. Il y a des baromètres qui nous permettent de croire cela. C'est l'engagement du gouvernement, c'est aussi l'engouement des Représentants du peuple lorsque nous leur avons présenté le projet, ses retombées et sa portée pour l'ensemble des Nigériens.
Nous avons également senti cette adhésion lors de la cérémonie de lancement de notre campagne de communication le 21 octobre 2017 à laquelle ont pris part plusieurs couches sociales de notre pays. Enfin, les encouragements, les manifestations de disponibilité de Nigériens à nous accompagner de manière bénévole et désintéressée constituent pour moi et toute mon équipe une source de motivation supplémentaire. C'est un projet de l'ensemble des Nigériens pour les Nigériens.
ET TOUS ENSEMBLE, NOUS RÉUSSIRONS.
Réalisée par Oumarou Moussa(onep)
Commentaires