Blocage du dialogue politique au Niger : La dissolution du CNDP s’impose…
Depuis sa création, le Conseil National de Dialogue Politique (CNDP) n’a pas vocation de réunir en son sein des Ulemas ou des Chefs traditionnels ou toute autre structure des forces vives de notre glorieuse Nation afin de conduire ses activités et cela même en cas de « blocage » du dialogue politique. Une éventualité d’ailleurs absurde car le CNDP est par essence un cadre de dialogue.
Du reste, l’avis de quelle force vive de la nation nigérienne ou même de la communauté internationale, Hama Amadou, le manitou Premier Ministre d’alors avait-t-il recueilli avant de créer ce club placé sous son autorité ?
En réalité, le CNDP est crée principalement pour ‘’harmoniser’’ le dialogue politique entre hommes politiques pour des intérêts de leurs partis politiques respectifs et non servir l’intérêt général. Pour preuve, avec ou sans CNDP, la vie de la nation suivra son cours normal. Le CNDP n’est pas une institution de la République. C’est un cadre qui a vocation de ’’faciliter les choses ‘’ au législatif et à l’exécutif au gré des circonstances de l’histoire et ou des intérêts des acteurs (partis politiques) qui l’animent.
C’est dire que le Conseil Islamique (les Ulemas) et l’Association des Chefs Traditionnels ont leur propre cadre d’échanges pour se prononcer au besoin sur la vie de la Nation dans les conditions définies par la loi. Dans le même ordre de pensé, on peut citer l’agonisant Conseil National de Dialogue Social (CNDS) et la somnolente Médiature de la République qui ont également un rôle essentiel à jouer dans la préservation de la Paix et de la quiétude sociale au Niger. Toutefois, ces organes et institutions de la République n’ont pas de siège au CNDP qui est en réalité un club exclusivement réservé à la classe politique dans son ensemble.
La question qui se pose est la suivante : Pourquoi, c’est seulement quand ce regroupement crée par et pour des politiciens peine à se réunir qu’on s’aventure à faire croire aux Nigériennes et aux Nigériens que le pays va mal ?
Le CNDP n’est ni le baromètre de la vitalité de la Démocratie ni le thermomètre de la stabilité sociale politique et institutionnelle du Niger. Il a certes contribué à élever le niveau de la réflexion politique mais au file du temps le CNDP a montré ses limites. Le blocage actuel du dialogue politique au sein du CNDP par ceux la mêmes qui l’ont créé est une parfaite illustration.
A cela s’ajoute l’extrapolation de ce conseil ou conglomérat de partis politiques à vouloir s’arroger le droit de décider du sort du peuple nigérien sans au préalable le consulter. C’est sans occulter aussi les manœuvres souterraines qui consisteraient à ce que le CNDP se réunisse D’ABORD, avant que, selon les cas, l’exécutif ou le législatif, ne se penche sur une décision qui engage l’avenir de toute une Nation. C’est notamment les cas du choix du Président de la CENI, de l’élaboration de certains projets de textes voire de la modification des lois électorales.
A propos du faux débat en cours relativement à la dernière convocation du CNDP, quoique le statut politique des partis non affiliés n’aie été encore ‘’clairement’’ défini par la loi, ces partis sont membres du CNDP. A ce titre, ils méritent d’être invités autant que les formations politiques de la majorité et de l’opposition, question de neutralité et d’impartialité oblige. Cependant, il se trouve que, selon leurs représentants, Brigi Raffini, président du CNDP a convoqué ce cadre en écrivant au chef de file de l’opposition (dont on ignore de qui il s’agit) sans faire autant au représentant des partis non affiliés. Ici, le débat est faux simplement parce que ce formalisme administratif ne doit servir de fallacieux prétexte aux partis concernés pour présager l’apocalypse.
Par ailleurs, reste à savoir si la présidence du CNDP fait du Premier Ministre nigérien, seul juge de l’opportunité et ou de la nécessité du dialogue politique ?
Le CNDP n’a plus sa raison d’être aussi longtemps qu’il sera présidé, tout au long d’un mandat, par la même personnalité politique issue généralement de la majorité au pouvoir. Au fond, il ne s’agit pas de faire un tour de passe entre majorité, opposition et partis non affiliés à la présidence du CNDP. Il est plutôt ici question de neutralité et d’impartialité de tout président du CNDP dans la coordination du débat politique. En effet, la neutralité et l’impartialité d’un président du CNDP conditionnent la franchise, la sincérité ainsi que la crédibilité du dialogue politique en son sein.
De toute façon, il est temps que la classe politique nigérienne (promotion conférence nationale) se désillusionne. La Démocratie peut respirer dans notre pays avec ou sans CNDP autant il est possible de faire la politique avec ou sans le CNDP. Le CNDP n’a plus son utilité tant que ses membres choisiront de dialoguer par médias interposés pour poser des conditions préalables au dialogue ou l’option de la chaise vide pour se faire remarquer. Sa dissolution s’impose si ce comportement persiste. Le Niger a beaucoup des défis immenses à relever pour s’attarder sur la polémique politicienne dont sait les réelles motivations.
Ecrivain du Sahel
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