Après le report des élections, le CNDP décide de la prorogation du mandat des élus locaux et régionaux
Le Conseil National de Dialogue Politique, CNDP, a tenu hier une session extraordinaire sous la présidence du Premier ministre, président du CNDP, SE. Brigi Rafini. Il s'agissait pour les membres du Conseil d'examiner la situation après la décision consensuelle, deux jours plus tôt, de reporter sine die les élections municipales et régionales sensées se tenir en janvier 2017.
En effet, cette décision du CNDP impliquait nécessairement la prise de certaines dispositions pour rester dans le respect strict des lois et règlements en matière de décentralisation dans notre pays, d'où la convocation des acteurs politiques pour se concerter afin d'identifier et d'adopter la voie la plus idoine.
Réunis autour du président du CNDP et du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, et de la ministre déléguée de la Décentralisation, les participants ont planché sur un seul sujet principal: quel sort réserver au mandat des élus locaux après le report des élections municipales et régionales? Quel choix opérer sans être en porte-à-faux avec l'esprit des lois de la République et des règlements en matière de décentralisation?
Dans ses propos préliminaires, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, président du CNDP, a informé l'assistance que conformément à sa promesse faite lors de la réunion précédente, il a effectivement consulté les experts et techniciens pour éclairer davantage la lanterne du Gouvernement sur la question. De ces consultations, a expliqué le Premier ministre, il est ressorti que trois options ou possibilités s'offrent aux décideurs: proroger les mandats des élus, mettre en place des délégations spéciales et/ou nommer des administrateurs délégués.
Le Chef du Gouvernement a toutefois tenu à souligner que les deux premières options sont bel et bien prévues par les dispositions légales et règlementaires. La troisième est certes une alternative, mais elle n'est pas prévue dans nos textes, a-t-il précisé avant de donner la parole aux conseillers pour débattre et définir le meilleur choix et les modalités d'application, quitte à procéder à un toilettage des textes ou à élaborer de nouveaux, selon qu'il s'agit des deux premières options ou de la troisième.
Le président du CNDP a déposé toutes les options sur la table du dialogue, ne demandant aux participants que de débattre en toute liberté afin de décider du choix qui leur semble relever de l'intérêt supérieur de la Nation. Il s'en est suivi plusieurs heures d'échanges très engagés mais empreintes de courtoisie entre les participants qui ont tenté de défendre leurs positions. Des questions d'éclaircissement ont également été posées sur les contours, les enjeux et les implications de chacune des options. C'est là que le ministre d'Etat Mohamed Bazoum et la ministre déléguée Mme Alfari Saley Hadiza ont pris la parole pour davantage éclairer la lanterne des conseillers sur certains points comme la question de l'appui des partenaires en cas de choix de l'une ou l'autre possibilité, ou encore le souci du temps pour élaborer ou toiletter les textes.
Le ministre d'Etat les a informés de l'existence d'un décret datant de 2012 portant sur les modalités des délégations spéciales, tout en précisant les limites de cette option. La ministre déléguée a, quant à elle, rassuré les participants sur l'inquiétude concernant les partenaires du processus de la décentralisation au Niger en soulignant que la prorogation des mandats et les délégations spéciales sont deux alternatives prévues par nos lois et règlements, et que leur adoption ne signifierait nullement une rupture du processus de cette décentralisation. Les explications fournies par les deux hauts responsables et les contributions des nombreux intervenants ont permis d'arriver à un consensus, celui de proroger le mandats des élus locaux et régionaux, sous réserve de procéder à une légère modification des textes pour prendre en compte la nouvelle situation afin d'éviter un éventuel blocage.
Même les nouveaux partis n'ayant pas d'élus ont applaudi la décision du CNDP qui est motivée par le contexte du moment, et non par des intérêts particuliers ou partisans.
Prenant à nouveau la parole, le Premier ministre a salué la hauteur de vue, de grandeur d'esprit des participants, et promis que tout sera mis en œuvre pour modifier la loi en la matière, la soumettre à l'Assemblée Nationale pour son adoption et sa promulgation dans le délai légal.
Zabeirou Moussa(onep)
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