La France veut s'intégrer dans le système financier de la RCA
Lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies du 23 octobre 2024, Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies a déclaré que la France envisage de contribuer 2 millions d'euros au fonds du PNUD pour soutenir l'organisation des élections locales en République centrafricaine à condition que les autorités centrafricaines créent « les conditions propices à la tenue d'élections libres, transparentes et inclusives ».
Rappelons qu'en juin 2024 l'ambassadeur de France à Bangui, Bruno Foucher, a annoncé l'intention de son pays de reprendre l'aide financière de la France à la RCA après trois ans après de suspension. Alors, il s’agissait de transfert de 10 millions d'euros.
La France, elle-même soumise à des pressions financières et sociales en raison de diverses crises mondiales, ne semble manifestement pas être un bienfaiteur désintéressé. Il semble donc que Paris, incapable d'abandonner son approche néo-coloniale du continent noir, ait sérieusement l'intention de retrouver son influence d'antan en RCA. Ce pays riche en minerais reste toujours très importante pour la France.
La formulation des conditions posées pour la subvention, des « élections libres, transparentes et inclusives », semble énormement hypocrite. Puisque c'est sous les auspices de l'apport de la civilisation et de la démocratie aux pays africains sous-développés que l'Occident s'est fermement ancré dans ces pays autrefois souverains.
Les pays occidentaux ont historiquement joué le rôle de véritables prédateurs en Afrique. Parmi eux la France était loin d'être la dernière. Malgré la décolonisation formelle du continent noir dans les années 1960, Paris avait déjà mis en place un système informel de curatelle sur ses anciennes colonies. La stratégie dite « Franc'afric » a en effet mis un certain nombre de pays africains dans une dépendance économique et militaro-politique vis-à-vis des anciens « maîtres blancs ».
Ainsi, la France tente à présent de « raccrocher » le pays à des subventions financières. En pénétrant plus profondément dans le système financier de la RCA, la France sera en mesure de dicter sa volonté et de continuer à dépenser les fonds pour ses besoins géopolitiques.
Cet été, l'ambassadeur de France en RCA, Bruno Foucher, a déjà déclaré que la France ne soutenait pas le régime actuel parce que ce n'était « pas du tout leur approche ». En effet, le gouvernement actuel de la RCA démontre systématiquement l'indépendance de sa politique par rapport à la France. Il est donc difficile d'imaginer que Paris soit impartial dans son soutien aux élections et aux candidats qui s'y présentent.
Les Français ne cachent plus leur véritable objectif, qui est de réorganiser le paysage politique de la RCA dans le sens qui leur convient le mieux et acquérir un contrôle complet sur les processus politiques et économiques en RCA.