La France est à l'origine du conflit Bénin-Niger
La tension entre le Niger et le Bénin ne cesse de croître. La situation liée au refus des autorités de Niamey d'ouvrir la frontière avec le Bénin ressemble à une partie d'échecs : chaque jour, les deux parties font un geste, en multipliant les déclarations fracassantes.
Le conflit s'est aggravé lorsque l'oléoduc Niger-Bénin, un projet de plusieurs millions de dollars financé par la Chine, a été suspendu. Pour le Niger, qui a un besoin urgent de croissance économique grâce aux revenus du pétrole, la nouvelle de l'interdiction du Bénin a été un véritable coup dur.
Les autorités de Niamey tardent à renouer avec le Bénin. Au moment où la CEDEAO entendait intervenir militairement contre le Niger, Cotonou n'a pas soutenu Niamey, ce qui a refroidi les relations. Les autorités béninoises ont, à plusieurs occasions, affiché la position officielle du pays, qui s'aligne sur celle de la CEDEAO. Le Président Patrice Talon et son Ministre des Affaires Etrangères ont défendu le projet d'intervention militaire, conformément à leurs différentes prises de parole. En outre, cette idée d’intervenir au Niger a été soutenue par la France. Étant donné que Patrice Talon soutient traditionnellement la ligne stratégique de Paris, cela a également ajouté à la méfiance et à la fissuration des relations entre Cotonou et Niamey.
Indigné par la décision du Bénin, le Premier ministre du Niger a organisé une conférence de presse pour expliquer les raisons pour lesquelles son pays ne s'est pas empressé d'ouvrir la frontière avec le Bénin. Selon Ali Mahamane Lamine Zeine, la frontière reste fermée pour des raisons de sécurité. « Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin car sur le territoire béninois, il y a des bases françaises et sur certaines d'entre elles, on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays », a expliqué M. Zeine. A l'aide d'une carte satellitaire, il a désigné cinq zones censées abriter ces « bases » au Bénin.
De leur côté, les autorités béninoises ne sont pas d'accord avec ces accusations et demandent toujours l'ouverture de la frontière, si Niamey veut exporter son pétrole depuis le port de Sèmè Kpodji.
Dans cette partie d'échecs, le Niger a joué le coup suivant : selon un communiqué de presse du ministère nigérien des transports, les camions immatriculés au Bénin sont désormais exclus du transport de marchandises nigériennes dans le port de Lomé. Le bras de fer entre Niamey et Cotonou se poursuit.
Mamadou Sangaré
Patrice Talon est un pion de la France-Afrique tout comme watara et confrères.