Menace d’intervention de la Cédéao : l’Algérie regrette le recours à la violence au lieu d’une solution politique négociée
Au lendemain de la réunion du Comité des chefs d’états-majors de la Cédéao pour la planification de l’intervention militaire en vue de restaurer l’ordre constitutionnel au Niger, l’Algérie a annoncé dans un communiqué, « regretter profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée ». Dans le communiqué publié samedi 19 aout, le ministère des Affaires étrangères du pays voisin du Niger a de nouveau mis en garde contre les risques d’une telle option tout en estimant qu’une sortie de crise pacifique est encore possible.
« A un moment ou l'intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », a précisé le ministère dans son communiqué.
Selon la même source, « l’Algérie demeure, en effet, animée d’une forte conviction que cette solution politique négociée demeure encore possible, que toutes les voies qui peuvent y conduire n’ont pas été empruntées et que toutes ces possibilités n’ont pas été épuisées ».
Le ministère algérien des Affaires étrangères a aussi souligné que « l’histoire de notre région enseigne abondamment que les interventions militaires ont été porteuses d’un surcroît de problèmes que de solutions et qu’elles ont été des facteurs supplémentaires d’affrontements et de déchirements plutôt que des sources de stabilité et de sécurité ».
C’est en ce sens que, d’après le communiqué, « avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls dont notamment un regain de vigueur et d’agressivité du terrorisme et des autres formes de criminalité qui affectent gravement la région ».
Rejet catégorique de l’option militaire
Il convient de rappeler qu’au lendemain des évènements du 26 juillet 2023 avec la prise de pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l’Algérie avait réitéré son « profond attachement au retour à l'ordre constitutionnel au Niger » et « son "soutienà M. Mohamed Bazoum comme Président légitime ».
Suite à la décision des chefs d’Etat de la Cédéao de recourir à l’usage de force pour restaurer l’ordre constitutionnel, le gouvernement algérien a mis en garde contre les intentions d'intervention militaire étrangère. « L'Algérie renouvelle son profond attachement au retour à l'ordre constitutionnel au Niger et au respect des exigences de l'Etat de droit. Dans cet esprit, le gouvernement algérien réaffirme son soutien à Monsieur Mohamed Bazoum comme Président légitime de la République du Niger », avait indiqué le gouvernement dans un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui a aussi souligné que « le retour à l'ordre constitutionnel doit impérativement s'accomplir par des moyens pacifiques qui éviteront au Niger frère et à l'ensemble de la région un surcroit d'insécurité et d'instabilité et à nos peuples un surcroit d'adversité et d'épreuve ». En conséquence, est-il précisé, « l'Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d'interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu'elles ne sont que des facteurs de complication et d'aggravation de la crise actuelle ».
Dans un entretien télévisé qui a été diffusé le 3 août dernier, le président Abdelmadjid Tebboune, a été très ferme sur la question en exprimant « son rejet total et catégorique de toute intervention militaire ». Pour l’Algérie, en effet, toute intervention militaire au Niger constituerait « une menace directe » pour leur pays.
A.Y. Barma (actuniger.com)
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