Burkina : " nous allons évaluer la pertinence de notre présence au sein du G5 Sahel ", annonce le Président Ibrahim Traoré
Dans l'interview-vérité diffusé vendredi soir sur la chaine publique RTB, le premier du genre depuis sa prise de pouvoir en septembre dernier, le Président de la transition burkinabé est revenu de long en large sur la situation actuelle du pays ainsi que les perspectives dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Offensive contre les groupes armés terroristes (GAT), coopération militaire notamment avec la France, diversification des partenaires, Wagner ou coexistence pacifique..., le capitaine Ibrahim Traoré n'a occulté aucun aspect des sujets de l'heure au Burkina ainsi que les relations avec les autres pays de la sous-région notamment du G5 Sahel dont il a annoncé une évaluation de la pertinence de la présence du pays au sein de l'organisation depuis sa création avant toute décision.
"La victoire est certaine. Le Burkina Faso retrouvera son calme d’antan", c'est avec une dose d'optimisme empreinte d'une certaine prudence que le Président de la Transition a entamé son long entretien de plus d'une heure d'horloge accordé aux journalistes de la Radio Télévision Burkinabé (RTB) et du média privé Les Savanes. L'occasion pour le capitaine Ibrahim Traoré de dresser, pour la première fois depuis l'avènement au pouvoir de la junte MPSR II qu'il dirige, le bilan des actions engagées sur les cinq derniers mois en particulier sur le registre de l'insécurité, principal défi du pays qui est confronté depuis 2015, à une amplification des attaques terroristes. "Nous sommes sur le chemin de la victoire. Beaucoup de gens pensent déjà que la guerre a commencé. Ça va commencer dans quelques jours. Actuellement ce sont des opérations ciblées. Nous sommes en train de faire nos bases de données. Nous avons des moyens qui nous permettent d’observer tout. Lorsque que nous découvrons, s’il y a nécessité, nous détruisons. Mais les opérations réelles et terrestres vont bientôt commencer", a annoncé à ces concitoyens le capitaine Traoré avant de les assurer de la victoire. "Nous sommes plus que convaincu, la victoire est certaine. Le pays retrouvera son calme d’antan", a-t-il déclaré.
Selon le Président de la Transition, l’offensive qui a commencé depuis le mois de novembre contre les groupes armés terroristes (GAT), les a amenés à changer leur cœur de cible. "Ils sont aux abois, ce qui fait qu'ils s'attaquent de plus en plus à des civils désarmés. C'est aussi une manière d'interpeller la population, de garder le moral, parce que ça sera dur, mais ça ne sera pas pour longtemps", a déclaré le chef de l'Etat qui a exclu toute négociations avec les membres de ces groupes armés terroristes tout en tendant la main à ceux qui voudraient déposer les armes.
« Nous n'avons pas décidé d'attaquer quelqu’un. On nous attaque et comme vous le constatez aujourd'hui, on attaque des civils désarmés qui sont sur un site, tranquillement chez eux ou qui voyagent ou autre, on les attend, on les arrête, on les assassine. Comment on peut négocier avec des gens qui font ça ? Il n'y a pas de négociation, le Burkina est un pays souverain, c'est un pays laïc et ces valeurs-là ne se négocient pas. Nous ne sommes pas là pour vendre certaines valeurs contre quoi que ce soit. Mais ceux qui veulent déposer les armes, nous sommes disponibles à les accueillir".
Pas de Wagner au Burkina et pas de rupture diplomatique avec la France
Sur la politique de coopération, notamment militaire avec les partenaires, le capitaine Ibrahim Traoré a déploré le fait que certains partenaires traditionnels du pays, sans citer explicitement aucun, trainent les pieds pour voler au secours du Burkina pendant qu'il a le plus besoin et pour ce que le pays a vraiment besoin. Une allusion à peine voilée à l'inefficacité de ces partenariats vu le résultat en matière de lutte contre le terrorisme qui ne fait que gagner du terrain dans le pays comme en atteste la situation actuelle du Faso. "Nous n'allons pas nous asseoir et laisser le peuple mourir", s'est insurgé le chef de l'Etat. Il a d'ailleurs rappelé pour avertir que : "plusieurs chancelleries sont venues ici et je leur ai dit cela. Si elles nous empêchent de payer des armes, nous allons aller voir ailleurs...".
"Nous voulons des partenariats gagnant-gagnant, pas de partenariats flous", a souligné le capitaine Traoré, qui a été amené à répondre sur l'évolution des relations entre le Burkina et la France surtout au regard des derniers évènements notamment la demande officielle des autorités de transition de la fin de l'accord militaire entre les deux pays et qui met fin à la présence à Ouagadougou des soldats français de l'opération "Sabre" au Sahel. Selon le capitaine IB, "Il n’y a pas de haine contre un partenaire particulier", et en aucun cas "de rupture diplomatique" avec la France mais de "rupture d'un accord militaire" comme cela était convenu dans les dispositions de l'accord.
"Il n'y a pas de dents contre un partenaire particulier, c'est un accord militaire. Dans le texte de l'accord, il est prévu qu'une des parties puisse le dénoncer. Donc c'est juste un processus qui a été enclenché, ça n'a rien à voir avec la diplomatie. L'ambassade française est là, les ressortissants français sont là, de même que notre ambassade là-bas. Il n'y a rien diplomatiquement qui a été touché. Notre souveraineté dépend de nous, et c'est ce que nous réclamons à travers la dénonciation de cet accord".
L'un des sujets sur lesquels le Président Ibrahim Traoré était le plus attendu aussi et au-delà du Burkina, c'est évidement la relation avec la Russie et surtout avec le groupe privé de sécurité militaire "Wagner", un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre au point de provoquer un début de brouille diplomatique avec le voisin ghanéen. Si le chef de l'Etat burkinabé a implicitement, et certes sans citer de pays encore une fois de plus, avec la volonté de son régime d'aller voir ailleurs en matière de diversification de partenaires, il a par contre été o ne peut plus très et trop clair pour ce qui est de la présence l'entreprise d'Evgueni Prigojine au Burkina. "La présence de Wagner au Burkina a été créée pour que tout le monde nous fuit", a estimé le capitaine Traoré qui a déclaré que "les VDP [Volontaires De la Paix, NDLR] sont nos premiers Wagner". Selon le chef de la transition, près de 90.000 volontaires, sur une offre de 60.000, se sont engagés dans cette Brigade populaire qui est en train d'être formée et équipée pour venir en appui aux opérations des Forces de défense et de sécurité (FDS) dans le cadre de la nouvelle stratégie de réponse au terrorisme.
En attendant une décision sur le G5 Sahel, la coopération bilatérale avec les voisins et principalement le Mali
La question du G5 Sahel s'est également invité durant l'entretien et à ce sujet, le Président Traoré qui a plutôt parlé du G4 Sahel, en raison du retrait du Mali, a indiqué que les autorités de transition vont d'avoir évaluer la pertinence pour le Burkina de rester ou ne pas rester au sein de l'organisation sahélienne. "Pour le moment nous privilégions des collaborations bilatérales", a indiqué le chef de l'Etat qui était il y a quelques semaines, tout comme récemment son Premier ministre, en visite officielle à Bamako, au Mali.
Lors de l'entretien, le Président Traoré a abordé plusieurs sujets plus concentrés sur la vie de la nation notamment la marche de la transition, la lutte contre la corruption ainsi que celle plus sensible de la cohésion sociale. A ce sujet, il a affirmé que "la question ethnique, c’est de la manipulation...", avant de déplorer que "c’est malheureux que des gens se jouent les victimes (...), il ya des communautés qui se sont révoltées, ce n’est pas une ethnie... Les Peuls souffrent le plus. Les terroristes prennent leur bétail".
"Le Burkina est un pays laïc, le brassage est parfait et les gens prêchent l’union...", a estimé le capitaine Ibrahim Traoré.
A.Y.Barma (actuniger.com)
Commentaires
Chapeau !
Merci pour cette r
Le G4 est mort
Le G3 ce sera le Niger, le Tchad et la Mauritanie.
Il n'y aura que le Tchad et le Niger qui partagent une fronti
Le G4 est mort
Le G3 ce sera le Niger, le Tchad et la Mauritanie.
Il n'y aura que le Tchad et le Niger qui partagent une fronti