Burkina Faso: seulement deux anciens chefs d'Etat à la rencontre initiée par le Président de la Transition
La rencontre entre le Président de la transition burkinabé, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba et les anciens chefs d'Etat du pays s'est déroulée ce vendredi 08 juin 2022. Seuls deux anciens chefs d'Etat, Jean-Baptiste Ouédraogo et Blaise Compaoré ont pris part à la rencontre, les autres n'ont pas pu assister pour diverses raisons comme l'a expliqué l'ancien Président Roch Kaboré lors d'une conférence de presse à sa résidence.
Dans sa déclaration à l'issue de la rencontre qui s'est tenue au Palais présidentiel de Kosyam, le Président de la Transition a expliqué que "pour des raisons de santé, le Président Michel Kafando n'a pas pu participer. De même, le Président Yacouba Isaac Zida n'a pas pu faire le déplacement pour des raisons administratives". le Lt-colonel Damiba a aussi informé que l'ancien Président Roch Kaboré a été "physiquement empêcher par des individus de participer à la rencontre". Il est vrai que depuis la matinée, les partisans de l'ancien chef de l'Etat se sont mobilisés à la devanture de son domicile pour l'empêcher de participer à cette rencontre qu'ils qualifient de "rencontre de la honte".
C'est donc avec seulement Blaise Compaoré, arrivé la veille d'Abidjan, et Jean-Baptiste Ouédraogo que le Président de la Transition a tenu sa rencontre qui selon lui avait pour but de trouver des solutions à la crise sécuritaire qui "menace les fondements même de notre pays". La rencontre avec les anciens chefs de l’État vise "à décupler nos chances de succès pour la lutte contre l’insécurité", a-t-il ajouté devant la presse convoqué pour la circonstance. « L’initiative de la rencontre avec leurs excellences les anciens Chefs d’Etat poursuit un et unique objectif qui est la recherche de la cohésion sociale au regard de la situation difficile que traverse notre patrie », a déclaré le Président du Faso qui a ajouté, par la même occasion que "cette rencontre au sommet a porté sur la recherche d'une paix durable pour notre pays. Nous avons, à l'occasion formuler à l'endroit de nos prédécesseurs aux plus hautes fonctions de l'État, nos profonds vœux de les voir se mettre de la mêlée pour mieux incarner les idéaux de l'ensemble de la nation".
« En plus des efforts qui sont fournis par les forces engagées et l’ensemble de la population contre le terrorisme, il nous est paru opportun d’examiner avec nos prédécesseurs, les meilleures conditions qui pourront créer et forger une solide cohésion entre Burkinabè ». Lt-colonel Paul-Henri Damiba, Président de la Transition.
Le Président de la Transition a aussi indiqué que le processus de la réconciliation n’est pas fait pour consacrer l’impunité mais dans l’intérêt supérieur de la nation. "Aux Burkinabè qui se sont exprimés en défaveur de notre démarche, nous leur disons que le processus n'est pas fait pour consacrer l'impunité, mais pour contribuer à la recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion. Nous les appelons à mettre l'intérêt supérieur de la nation au-dessus de toutes considérations politiques ou partisanes", a-t-il conclu.
Il a enfin annoncé que des dispositions seront d’ores et déjà prises pour poursuivre en bilatéral les concertations avec les anciens Chefs d’Etat qui n’ont pas pu participer à cette rencontre.
Une initiative louable selon Roch Kaboré
Le Président de la Transition a de nouveau tendu la main à l'ancien chef de l'Etat Roch Kaboré qui n'a pas pu assister à la rencontre. Dans une déclaration à la presse, l'ancien président renversé le 24 janvier dernier par un coup d'Etat mené par le Lt-colonel Damiba, a confirmé qu'il a été empêché de participer à la rencontre par les militants de son parti et ses partisans dont il a dit d'ailleurs comprendre les motivations.
"L'initiative est louable à la base puisqu'il s'agit d'interpeller les anciens chefs d'Etat. Mais la question qui s'est posée a été également le fait de questions judiciaires. face à la polémique sur la condamnation de Blaise Compaoré, je me suis retrouvé dans une situation ou devant ma porte, des gens se sont mobilisés pour me demander de ne pas y aller. C'est pour cela que je n'ai pas participé à la rencontre de ce matin". Roch Kaboré.
Sur la rencontre des anciens chefs d'Etat initié par le Président de la Transition, Roch Kaboré a déclaré qu'il a trouvé l'initiative "à la base, louable" et qu'en tant que Chef d’Etat, il se sent interpellé. « En tant qu’ancien Chef d’Etat, je suis soucieux de la situation du pays et je suis engagé à apporter ma contribution tant que je le peux à aider à ce que le pays puisse sortir de l’ensemble de ses difficultés », a-t-il ajouté lors de la conférence de presse qu'il a tenue à son domicile.
A noter que cette rencontre a engendré une vive polémique dans le pays du fait de la présence de l'ancien président Blaise Compaoré, condamné à la prison à vie dans l'affaire de l'assassinat de Sankara, et qui vivait en exil depuis 2014 et la chute de son régime à Abidjan.
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Communiqué final de la Rencontre des anciens présidents du Faso avec le Président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA (Ouagadougou, le 08 juillet 2022)
A l’invitation du président du Faso, des anciens présidents du Faso se sont réunis dans l’urgence ce jour, 8 juillet 2022, autour du président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA compte tenu de la situation très difficile et délicate que connaît notre pays.
Vous le savez déjà, cette rencontre a eu pour unique objet une concertation sur le péril commun qui nous menace jusqu’à notre existence. Même en tant que Nation, en tant qu’Etat.
Devant les affres sécuritaires que nous vivons aujourd’hui, tous s’interrogent ou reconnaissent le niveau d’échec de notre projet républicain, voire en tant que Nation ébranlée par l’insécurité vécue par nos compatriotes avec les déplacés internes en grand nombre, la souffrance extrême, les stigmatisations et autres divisions multiples qui compromettent notre socle ancestral, précieux héritage de ceux qui nous ont devancés dans la constitution des bornes de ce pays, d’abord voltaïque et burkinabè depuis.
Quand la violence armée pousse près de deux millions de nos compatriotes à fuir de chez eux pour trouver refuge ailleurs dans le pays, quand les terroristes tuent, pillent impunément nos compatriotes et que les survivants dépendent encore aujourd’hui largement de l’assistance humanitaire, reconquérir les territoires occupés, restaurer l’autorité de l’Etat est l’urgence absolue.
Aucune région de notre pays n’est épargnée. Et nous avons appris récemment que plus de la moitié de notre territoire est hors contrôle : c’est effrayant, c’est dramatique !
Le péril commun est déjà là même si certains ne le perçoivent pas encore suffisamment ! Prenons donc garde !
Un pays, un Etat, c’est d’abord un territoire !
Dans ce contexte si tragique, lourd de drame et de douleurs multiples, la cohésion, l’unité nationale et l’union des cœurs au sein des différents groupes communautaires pour une cohabitation pacifique est une nécessité absolue : ce sont des facilitateurs qui prennent cette reconquête territoriale tant recherchée.
Et c’est au dépassement des clivages politiques, générationnels, ethniques, religieux et autres croyances traditionnelles que nous parviendrons à rebâtir ensemble les fondements du pays dans un sursaut patriotique.
Evidemment, tous les anciens présidents n’ont pu répondre aujourd’hui à l’appel du Président du Faso pour diverses raisons. Mais nous comprenons qu’avec les technologies de l’information, l’espoir demeure que ceux d’entre nous qui sont absents de la rencontre d’aujourd’hui apporteront de précieux conseils au Président du Faso.
Le Président du Faso et son gouvernement ne manqueront certainement pas de vous apporter les informations utiles sur nos échanges d’aujourd’hui.
Les anciens présidents
A.Y.B (actuniger.com)
Commentaires
FERME TA GUEULE S'IL EST LACHE IL NE VIENDRA JAMAIS AU FASO....IL A PRIS DES RISQUES....DEGAGES MR TOTO