Mali: l'UE suspend sa mission de formation au Mali mais reste engagée au Sahel
A l'issue d'une réunion avec les ministres des Affaires étrangères des 27 pays membres, le Haut représentant pour les Affaires étrangères de l'Union Européenne (UE), Josep Borell, a annoncé ce lundi 11 avril à Luxembourg que l’Union a décidé, lundi 11 avril, d’ arrêter ses missions de formation et d’entraînement militaires au Mali (EUTM Mali et Eucap Sahel Mali). Toutefois, ces missions resteront au Sahel en se déployant notamment dans les pays voisins a déclaré le chef de la diplomatie européenne.
« Les événements nous forcent à cette décision. Nous n’avons pas obtenu les garanties demandées. Mais nous n’abandonnons pas le Sahel », a expliqué le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Josep Borrell qui s'exprimait à l’issue d’une réunion avec les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept à Luxembourg a aussi ajouté: « nous allons poursuivre les formations sur les lois de la guerre, car il faut que les militaires sachent que la guerre a des lois et des règles du jeu ».
Selon le chef de la diplomatie européenne, c'est suite à l'absence de l'obtention des garanties nécessaires que cette décision de suspendre certaines formations des missions EUTM Mali et EUCAP Sahel Mali a été prise. Il s'agit des missions d'entrainement, "training missions", qui étaient destinées aux unités des Forces armées (FAMa) et de la Garde nationale malienne. "On va se déployer dans le pays du voisinage. On va développer avec les pays du Golfe de Guinée membres de l'Initiative d'Accra. On arrête la mission de formation militaire purement, stricto sensu. Aussi la mission d’entrainement de la Garde nationale, la police. Mais on va essayer, par tous les moyens, de rester au Sahel, un peu au Mali et dans le voisinage", a indiqué M. Borell.
"Sur le Sahel, il faudrait se déployer dans les pays voisins. Le Sahel continue à être une priorité. On n’abandonne pas le Sahel, au contraire. On veut s’engager encore plus. On ne peut pas rester au Mali en plein régime, ce n’est pas possible. On ne peut pas être des collaborateurs avec des choses qu’on pourrait regretter beaucoup. La tuerie qui a eu lieu quelques jours à Moura. On ne peut pas être engagés avec des soldats qui peuvent être part de cet évènement. Donc on va suspendre la mission d’entrainement. La mission d’entrainement militaire, des troupes, vont être pratiquement arrêtées. On va continuer à faire du conseil à la formation des lois de la guerre. Oui, les soldats ont besoin aussi de savoir quelles sont les lois de la guerre. Ils font la guerre, donc il faut qu’ils sachent quelles sont les lois de la guerre, parce que la guerre aussi a des lois. Et ceux qui font la guerre doivent savoir quelles sont les règles du jeu. Et ils ne les savent pas par inspiration divine, il faut que quelqu'un leur apprenne, que quelqu'un leur dise “ça c’est possible, ça c’est interdit”. Et cette tâche-là on la faisait, on ne sait pas avec quel succès, mais on la faisait et on va continuer à la faire. Et les conseils stratégiques, dans la mesure du possible. C’est-à-dire, on reste. On arrête, mais on reste. Et on se déploie dans le voisinage". Josep Borell, Haut représentant de l'UE
La participation à la MINUSMA en suspens
Lors de son point de presse, Josep Borell a aussi évoqué la question de la participation des soldats des pays membres de l'UE à la mission onusienne au Mali, la MINUSMA. "Les états membres participent dans la MINUSMA. Ils sont partis prenantes de la MINUSMA. Il y a des moyens aériens et des moyens techniques à disposition de la MINUSMA", a-t-il rappelé tout en annonçant que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, va prochainement visiter le pays afin de voir de quelle manière la MINUSMA va travailler. "On n’est pas seulement dans nos missions, on est aussi partie prenante des missions des Nations unies. Mais il faut savoir de quelle manière la MINUSMA va pouvoir continuer à travailler. Est-ce qu’on va la laisser aller sur le terrain vérifier ce qui s’est passé ? Ou est-ce que la MINUSMA va rester enfermée dans ses casernes ? Si c’est pour ça, il ne vaut pas la peine d’y rester non plus", a indiqué le chef de la diplomatie européenne.
Pour rappel, la mission d'entrainement et de formation européenne EUTM Mali et a été lancée en 2013 afin de répondre à la nécessité de renforcer les capacités des Forces Armées Maliennes, en les rendant autonomes et capables de contribuer à la défense de leur population et de leur territoire. La mission EUTM Mali est composée de près de 700 soldats de 25 pays européens, 22 membres de l’UE et 3 Etats non membres.
A noter que EUCAP Sahel est également présente au Niger dans le cadre de la formation, l'entrainement et l'équipement des Forces de sécurité intérieure (FSI).
A.Y.B (actuniger.com)
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