Sommet de la CEDEAO sur le Mali : la levée des sanctions conditionnée à une transition civile de 12 mois
A l’issue de leur second sommet extraordinaire sur la situation sociopolitique au Mali, qui s’est tenu par visioconférence ce vendredi 28 août, les chefs d’Etat de la CEDEAO ont pris connaissance du rapport de la mission de médiation conduite par l’ancien président Goodluck Jonathan à Bamako. Après des échanges sur les différentes propositions, la Conférence a pris acte de la démission ainsi que de la libération de l’ancien président IBK. Ils ont par ailleurs engagé le CNSP, la junte militaire qui a pris le pouvoir, à engager une transition civile d’une durée de 12 mois à l’issue de laquelle seront organisées des élections générales. La transition sera dirigée par un président civil ainsi qu’un premier ministre qui sera le chef du gouvernement de transition. Pour s’assurer du maintien de la pression sur la junte militaire, les chefs d’Etat de la Cedeao ont conditionné la levée partielle et progressive des sanctions imposées au Mali suite au coup de force du 18 août dernier, par la mise en œuvre de ces décisions qui se situent aux antipodes des propositions formulées par le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP).
Dans le discours de clôture qu’il a prononcé à cette occasion, le président nigérien Issoufou Mahamadou, président en exercice de la CEDEAO, a détaillé les principales décisions issues du Sommet extraordinaire des chefs d’Etats.
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Allocution de son Excellence Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, Président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à la clôture du Sommet Extraordinaire sur la situation au Mali:
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs
Nous sommes à la fin de notre Sommet extraordinaire virtuel consacré à la crise politique dans laquelle le coup d’Etat du 18 août 2020 a plongé le Mali.
Nous avons suivi avec attention le compte rendu du Dr Goodluck Jonathan, médiateur que nous avions chargé de la mission de rencontrer les responsables de la junte militaire pour leur porter le message de notre communauté en vue d’un retour dans les plus brefs délais à une situation institutionnelle normale au Mali. Son rapport circonstancié nous a permis de connaître l’état de la situation et après un examen attentif de la situation, notre Sommet décide de prendre les décisions suivantes :
Il prend acte de la démission du Président Ibrahim Boubacar KEITA comme indiqué par le Médiateur qui a été chargé d’en informer notre Conférence ;
Il prend acte de la libération du Président Keita ainsi que celle des autres officiels détenus ;
Il demande aux Responsables du CNSP d’engager une transition civile immédiatement en consultation avec la Cour Constitutionnelle, les Partis Politiques et les Organisations de Société Civile et tous les autres acteurs engagés ;
Il décide que cette transition civile doit prendre en compte les éléments suivants :
Nomination d’un Président de la transition. Cette personnalité, civile, reconnue pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale, sera chargée de diriger la transition. Le Président de la transition ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
Nomination d’un Premier Ministre civil, Chef de Gouvernement, reconnu pour ses qualités professionnelles et sa probité intellectuelle et morale. Il sera chargé de conduire le gouvernement sous la responsabilité du Président de la transition. Ce Premier Ministre ne sera pas candidat à la prochaine élection présidentielle.
Mise en place rapide d’un gouvernement pour faire face aux différents défis du Mali et, en particulier, préparer les élections législatives et présidentielles dans un délai de 12 mois.
Aucune structure militaire ne devrait être au-dessus du Président de la transition.
Notre Sommet décide que les sanctions énoncées aux points 13 (h) et 13 (i) de la Déclaration des Chefs d’Etat et de Gouvernement du 20 août 2020 seront levées progressivement en fonction de la mise en œuvre des décisions ci-dessus ;
Il appelle à la finalisation urgente d’un accord sur la transition politique entre la CEDEAO et le Mali et invite l’Union Africaine et les Nations Unies à endosser cet accord ;
Il décide de la mise en place d’un Comité de suivi comprenant le Médiateur, le Président du Conseil des Ministres et le Président de la Commission de la CEDEAO, et incluant les Représentants de l’Union Africaine et des Nations Unies à Bamako ;
Il félicite le Médiateur et sa Délégation pour les résultats obtenus lors de leur précédente mission ;
Il décide de demeurer saisi de la situation au Mali.
Ces mesures contribueront certainement à guérir le Mali des démons du putschisme.
Par ailleurs les chefs d’Etats informés du décès du Conseiller diplomatique du Président Ouattara, Mr Mamadou Diané ont présenté leurs condoléances au Président Ouattara et au Peuple Ivoirien. Ils ont également remercié le Président Muhammadu Buhari pour l’appui logistique à la délégation de la CEDEAO pour sa mission au Mali.
Mesdames et Messieurs,
Le 7 septembre 2020 se tiendra à Niamey, le 57ème sommet ordinaire de notre Organisation. Ce sommet nous permettra de faire le point par rapport à l’évolution de la situation au Mali et de prendre d’autres mesures, le cas échéant.
Pour conclure, Je tiens à réaffirmer au peuple Malien l’engagement de la CEDEAO à ses côtés pour trouver et mettre en œuvre les solutions les meilleures pour la stabilité institutionnelle du Mali.
Je déclare clos les travaux du présent sommet virtuel de notre Conférence.
Je vous remercie de votre attention
Commentaires
La meme population qui applaudis ces militaires va revenir dans la rue en slogan < a bas les putschistes>.