Guinée : envers et contre tous, le président Condé convoque le référendum pour le 1er mars
A travers un décret publié dans la soirée de ce mardi 4 février, le président Alpha Condé a convoqué le référendum constitutionnel pour le 1er mars prochain, cumulativement avec les élections législatives. Malgré la forte contestation populaire, le chef de l’Etat guinéen s’engage ainsi dans une aventure qui pourrait lui ouvrir la voie à un 3e mandat, au risque de plonger le pays dans le chaos.
Alpha Condé persiste et signe! Le référendum constitutionnel qui pourrait lui ouvrir la voie à un troisième mandat se tiendra bel et bien le 1er mars prochain. L’annonce de la date a été faite dans la soirée du mardi 4 février à travers un décret présidentiel lu à la télévision publique. Selon ce décret, le référendum constitutionnel sera couplé aux élections législatives, prévues initialement le 16 février, mais qui ont été reportées la veille au 1er mars.
J'ai annoncé ce soir ma décision de fixer le référendum constitutionnel au dimanche 1er mars 2020, il sera ainsi couplé aux élections législatives. J'invite tous les Guinéens à prendre part à ce temps fort de notre démocratie. #ReferendumGN #Kibaro #Guinée
— Pr. Alpha CONDÉ ?? (@AlphaCondePRG) February 4, 2020
Cette décision du président guinéen intervient en pleine contestation du processus par l’opposition politique et une grande partie de la société civile, qui se sont réunies au sein du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Depuis octobre, cette coalition qui a décidé de boycotter le référendum et les législatives, manifeste régulièrement contre la tenue de ces scrutins. Des manifestations qui ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés, et qui ont de nouveau placé la Guinée dans l’incertitude politique.
Forcing et coup d’état constitutionnel
Officiellement, le président guinéen n’a pas encore annoncé son intention de briguer un nouveau mandat au terme des deux mandats légaux prévus par la constitution en vigueur. Cependant, le FNDC redoute un scénario qui s’est déjà passé dans plusieurs pays de la sous-région. Afin de prévenir ce qu’il considère comme un « coup d’état constitutionnel », le FNDC a multiplié les démonstrations de force à travers une série de manifestations qui se sont surtout traduites par de graves violations de droits de l’homme avec une féroce répression des forces de sécurité.
Pour le FNDC, le président Alpha Condé ne vise ni plus et ni moins qu’à se cramponner au pouvoir. C’est pour cette raison que l’opposition a décidé de boycotter le référendum ainsi que les législatives qui ont d’ailleurs été reportées à deux reprises en moins de 3 mois. La Commission en charge de l’organisation du scrutin (CENI) bute en effet à des difficultés financières ainsi qu’à la démission de plusieurs de ses membres. Malgré ce contexte ainsi que les alertes de certains partenaires, à l’image des Etats-Unis, le président Condé a décidé de faire du forcing, ce qui augure une incertitude politique pour la Guinée, qui a déjà connu par le passé plusieurs crises électorales et qui se sont traduites par des dizaines de victimes. Un nouveau saut dans l’inconnu pour ce pays d’Afrique de l’ouest qui viendra compliquer la tâche à la Cédéao et son président en exercice, le nigérien Mahamadou Issoufou, qui a déjà fort à faire avec la tenue, cette année, de plusieurs scrutins à hauts risques dans la sous-région.
A.Y.B (actuniger.com)
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