Présidentielles au Nigeria : les premiers résultats partiels placent Buhari devant Atiku
La Commission électorale indépendante (INEC) a débuté, ce lundi 25 février, la proclamation des résultats provisoires du triple scrutin du samedi 23 février. Pour l’élection présidentielle, les deux principaux candidats, Muhammadu Buhari et Atiku Abubakar, arrivent au coude-à-coude selon les premiers résultats partiels de quelques Etats.
Le président candidat prend toutefois une relative avance sur son adversaire en termes de nombre de voix. En attendant la proclamation définitive des résultats, les deux camps se déclarent déjà vainqueurs d’un scrutin qui s’est déroulé sous haute tension, comme l’ont relevé les observateurs internationaux.
C'est à un véritable marathon que se livre Mahmood Yakubu, le président de la Commission électoral nationale indépendante di Nigeria (INEC), qui a entamé, ce lundi 24 février, la proclamation des résultats provisoires des élections présidentielle, législatives et sénatoriales qui se sont déroulées le samedi 23 février dernier.
Au compte-goutte, les résultats ont commencé à tomber dans la mi-journée, et devront se poursuivre au fur et à mesure que la commission centralise les procès-verbaux des 36 Etats que comptent le pays. Selon les premiers résultats qui concernent les Etats d'Osun, Ekiti, Kwara, Nassarawa ainsi que la circonscription fédérale d'Abuja, les deux principaux candidats à la présidentielle, le président sortant Muhammadu Buhari de l'APC et l'ancien vice-président Atiku Abubakar du PDP, arrivent à coude à coude avec une relative longueur d'avance pour le président-candidat.
Sur les 6 circonscriptions dont les résultats ont été proclamés par l'INEC, Buhari l'a remporté dans les 5 Etats, seule la circonscription d'Abuja de la capitale fédérale Abuja a été remporté par l'ancien vice-président d'Olusegun Obasanjo. En termes de voix, Buhari a recueilli, au moment où nous mettions en ligne, 1.317.976 contre 1.173.437 pour Atiku Abubakar. Il convient de noter que 73 candidats se sont présentés à la présidentielle à laquelle les deux prétendants de l'APC et du PDP partent largement favoris.
Il ne s'agit toutefois que des résultats partiels qui sont loin de donner la tendance des résultats définitifs d'autant que d'après les informations rapportées par des médias locaux sur la base du décompte de certains Etats, les plus grandes circonscriptions n'ont pas encore rendu leurs verdicts. Il va donc falloir attendre les prochaines heures voire jours, pour savoir celui qui a véritablement remporté le scrutin qui a été émaillé de violences. Le décompte et la centralisation des voix a commencé la veille, dimanche 23 février, et concernent 120.000 bureaux de vote répartis dans l'ensemble des 36 Etats que compte le pays.
Un processus sous haute tension
Avant même le début de la proclamation des résultats par l'INEC, les camps des deux candidats favoris ont déjà clamé leurs victoires. Ce qui risque d'amplifier les tensions et qui a poussé l'INEC à mettre en garde qu'elle est seule habilité à « publier des chiffres, avancer les résultats et proclamer un vainqueur ». Il faut dire qu'en plus des résultats du vote, il faudrait réunir certaines conditions pour remporter la présidentielle dès le premier tour. Ainsi, pour être déclaré vainqueur du scrutin, le candidat arrivé en tête doit avoir au moins obtenu 25% de ses suffrages dans les deux tiers des 36 Etats. Si ces conditions ne sont pas réunies, un deuxième tour devrait être organisé une semaine suivant la proclamation des résultats définitifs.
Le scrutin du samedi 23 février a été émaillé de violences et de dysfonctionnement malgré la satisfaction dont a fait preuve l'INEC qui a salué « la résilience extraordinaire et la confiance dans le processus démocratique des nigérians ».
Les élections n'ont pas pu se dérouler dans 8.500 bureaux de vote sur 120.000, mais le président de l'INEC s'est déclarée « généralement satisfaite » du déroulement du scrutin, tout en déplorant « les nombreux incidents sécuritaires », dont la mort d'un agent, tué par balle, et l'enlèvement de plusieurs personnes qui ont été par la suite libérées dans l'Etat de Rivers dans le sud-est, où les incidents ont été particulièrement violents.
Selon un décompte de l'organisation de la société civile « Situation Room », qui regroupe près de 70 associations qui font de la veille électorale, seize (16) morts ont été recensés le jour du scrutin. Dimanche 24 février, le décompte macabre s'est hissé à 39 morts selon les chiffres du cabinet de conseil et de veille SBM Intelligence, basé à Lagos, ce qui porte à près de 300, le nombre de victimes enregistrées depuis le début de la campagne électorale en octobre dernier.
Des dysfonctionnements selon les observateurs
En plus de l'élection présidentielle qui attise toutes les convoitises, les 80 millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales ont voté pour désigner les 360 députés de la Chambre des représentants ainsi que 109 sénateurs.
Alors que l'INEC poursuit la proclamation des résultats, les missions d'observations électorales ont commencé à livrer leur verdict. L'Union africaine (UA) dont la mission est conduite par l'ancien premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a relevé que « le climat politique général restait en grande partie pacifique et propice à la tenue d'élections crédibles ».
Toutefois, elle a mis en relief, «la désorganisation qui a entouré le scrutin ». C'est aussi les dysfonctionnements qui ont entouré le scrutin que la mission d'observations des Etats-Unis, a mis en avant, en indexant particulièrement le report d'une semaine du triple scrutin, qui aurait impacté le faible taux de participation.
« Il est hautement probable qu'un report aussi tardif ait eu des effets négatifs sur la participation électorale » a estimé devant les médias, John Tomaszewski, observateur américain pour le compte de l'Institut national démocratique. Pour sa part, Maria Arena, observatrice en chef de l'UE et membre du Parlement européen, a mis en avant «de graves problèmes opérationnels qui ont fait peser un lourd fardeau sur les électeurs ».
Aboubacar Yacouba Barma
La Tribune Afrique
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