Insécurité en Afrique de l’Ouest : pour Buhari, le responsable c’est Kadhafi
Le président nigérian a de nouveau accusé l’ancien guide libyen d’être le principal responsable de la dégradation de la situation sécuritaire dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et centrale. Pour Muhammadu Buhari, la mort de Mouammar Kadhafi a certes amplifié les menaces mais bien avant, il avait formé et armé de jeunes ressortissants de l'Afrique occidentale qui constituent aujourd’hui les principaux groupes armés actifs dans la sous-région.
Muhammadu Buhari ne décolère pas du lourd héritage laissé par Mouammar Kadhafi dans la sous-région. Confronté de nouveau à une montée en puissance de la secte islamique Boko Haram, le chef de l'Etat nigérian a de nouveau indexé l'ancien guide libyen d'être le principal responsable de la crise sécuritaire que vivent plusieurs pays de la sous-région.
« Les bandits, qui se sont échappés de Libye après la mort de leur chef en 2011, sont passés au terrorisme, dont le Nigéria et certains autres pays africains sont aujourd'hui les principales victimes », a déclaré Buhari, dans un long entretien qu'il a accordé à la chaîne Arise TV et qui a été diffusé cette semaine.
Le président nigérian a remis en cause les accusations selon lesquelles les meurtres commis dans certaines régions sont l'œuvre de bergers, les « Fulani », et de terroristes nigérians. Pour Buhari, c'est « l'héritage peu recommandable de Kadhafi qui hante toujours le Nigeria et d'autres pays ».
«Kadhafi a dirigé la Libye pendant 43 ans. Il a décidé à un moment donné de recruter des personnes originaires du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Nigéria, du Tchad, de la République centrafricaine, et ces jeunes hommes n'ont pas été formés pour devenir des maçons, des électriciens, des plombiers ou autres, mais pour tirer et tuer », a de nouveau accusé Buhari.
Selon Muhammadu Buhari, ce sont ces hommes formés et armés par Khaddafi et qui ont pu s'échapper à la suite de sa disparition en 2011, qui mènent actuellement des attaques notamment dans le nord-est Nigéria et plusieurs pays de la région.
Lourd héritage
Ce n'est pas la première fois que le président nigérian tient de telles déclarations qui soulèvent parfois la polémique dans le pays. Jusque-là pourtant, il s'est plus limité à imputer la responsabilité de la dégradation de la situation sécuritaire dans son pays, aux répercussions de la guerre en Libye. Un fait que toutes les analyses d'experts confirment et qui est un secret de polichinelle au regard des armes qui circulent dans le Sahel et même en Afrique centrale, depuis la chute de Kadhafi en plein tourbillon du printemps arabe. Cette fois pourtant, Buhari a insisté sur la responsabilité de l'ancien guide libyen, afin de justifier pourquoi malgré ses promesses, Boko Haram continue à perpétrer des attaques meurtrières au Nigéria.
Le candidat de l'APC a profité de l'entretien pour rappeler les efforts de son administration à éradiquer Boko Haram et à mettre fin aux violences entre communautés, estimant que c'est un lourd héritage que son régime est en train de gérer. « Le problème est encore plus ancien que nous », s'est justifié Buhari qui a toutefois reconnu que la menace est encore ambiante malgré ses déclarations. « Cela a toujours été le cas, mais l'afflux d'hommes armés dans la région du Sahel et dans différentes parties de de l'Afrique de l'Ouest, a aggravé la situation », a poursuivi Buhari. « Ces hommes armés ont été formés et armés par Mouammar Kadhafi de Libye. Quand il a été tué, ils se sont échappés avec leurs armes. Nous en avons rencontré certains qui se battaient avec Boko Haram », a insisté le chef de l'Etat nigérian qui est en pleine campagne pour une réélection à un second mandat.
Aboubacar Yacouba Barma
La Tribune Afrique
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