RDC : l’opposant Jean-Pierre Bemba de retour à Kinshasa
Une foule a accueilli l’ex-chef de guerre congolais, venu déposer sa candidature à la présidentielle après son acquittement en appel par la CPI.
Jean-Pierre Bemba est arrivé, mercredi 1er août, en République démocratique du Congo (RDC), où il entend être candidat à l’élection présidentielle de décembre. Après plus de onze ans d’absence, l’ex-chef de guerre et ancien vice-président congolais a atterri vers 9 h 30 (heure locale, soit 8 h 30 GMT) à Ndjili, l’aéroport de la capitale, Kinshasa, où il a été accueilli par ses partisans.
Des dizaines de milliers de personnes sont sorties dans les rues pour saluerson retour, le plus grand rassemblement à caractère politique depuis deux ans dans la capitale de la RDC, selon l’Agence France presse (AFP). M. Bemba a commencé à saluer la foule au niveau de l’aéroport depuis une Mercedes décapotable roulant doucement. La police a tiré des gaz lacrymogènes vers l’aéroport, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Les Congolais attendent ce moment depuis longtemps », a déclaré mercredi Toussaint Bodongo, l’un des militants du Mouvement de libération du Congo (MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba) venus attendre leur chef de file à l’aéroport de Ndjili. « Bemba apportera probablement la solution dont nous avons besoin au Congo », a-t-il ajouté.
« Périmètre présidentiel »
Mais la formation de l’ex-vice président a protesté contre le dispositif entourant son arrivée, évoquant « un déni de droit ». « Les autorités politiques ont interdit que lui soit réservé un accueil au pied de l’avion, a accusé le MLC dans un communiqué. Son véhicule ne devra pas rouler à une vitesse de moins de 40 km/h, sinon la police nationale sera obligée de faire usage de gaz lacrymogène ou [de] tout autre outil à sa disposition pour disperser la population. »
Le parti accuse aussi les autorités d’empêcher M. Bemba d’accéder à la résidence familiale qu’il voulait rejoindre « car c’est un périmètre présidentiel ». Cette demeure se trouve près de celle du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Le MLC dénonce « ce déni de droit d’un citoyen pourtant libre de rentrer tranquillement dans son pays ».
Bemba veut déposerdès jeudi 2 août son dossier de candidature à l’élection présidentielle prévue le 23 décembre – à laquelle Joseph Kabila ne pourra, selon la Constitution, pas se présenter. Il prévoit ensuite de se rendre samedi dans son fief familial de Gemena (nord-ouest) sur la tombe de son père, homme d’affaires très influent à l’époque de Mobutu (1965-1997).
Subornation de témoins
L’ancien chef de guerre séjournait dans sa famille en Belgique depuis le 16 juin, après avoir été acquitté, en appel, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI). Il avait été condamné en première instance, en 2016, à dix-huit ans de prison pour des exactions commises par sa milice en Centrafrique au début des années 2000.
Le parquet de la CPI a requis cinq ans de prison contre lui dans une affaire annexe de subornation de témoins. A Kinshasa, la coalition au pouvoirestimait vendredi 27 juillet que cette affaire l’empêchait de participer à l’élection présidentielle de décembre.
Rival de M. Kabila lors du scrutin de 2006, M. Bemba avait quitté la RDC au début de 2007, après des combats entre sa milice et l’armée qui avaient fait des dizaines de morts dans la capitale.
Le Monde
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