Côte d’Ivoire : au moins quinze morts dans des inondations à Abidjan
Plusieurs quartiers d’Abidjan sont touchés par des inondations, ce mardi 19 juin 2018 sur Abidjan. Au moins quinze personnes sont mortes, d'après le dernier bilan du ministère ivoirien de l'Intérieur, alors que les dégâts sont considérables.
La scène est surréaliste. A la Riviera Palmeraie (quartier de la commune chic de Cocody), une dame et ses deux enfants sont surpris dans leur sommeil, par des eaux de ruissellement, dans leur petite villa et montent sur le toit. Dans le froid et sous de fortes pluies, ils crient à l’aide, tandis que des voisins, eux aussi piégés par les eaux restent impuissants. La petite famille reste à cet endroit, durant de longues minutes, jusqu’à ce que des jeunes du quartier, habiles et courageux, décident de voler à leur secours.
Au moins dix morts
Cette famille a eu de la chance. En effet, en début de journée, le Groupement des sapeurs-pompiers militaires (GSPM) annonçait dix morts dans plusieurs quartiers d’Abidjan, dont un enfant emporté par les eaux. Un bilan revu à la hausse, en milieu de journée : Sidiki Diakité, ministre ivoirien de l’Intérieur a fait état de quinze personnes tuées dans les inondations.
Très sollicités en dépit de leurs moyens limités, les sapeurs-pompiers ont pu mettre en sécurité, une centaine de personnes. Ils ont établi dans la commune de Cocody, fortement touchée par les inondations, un poste médical d’urgence et de premiers secours. « Cent-quinze personnes ont été secourues par les sapeurs pompiers militaires et la Marine nationale », a par ailleurs précisé le ministre.
« LES SECOURS ONT SOUVENT DU MAL À S’ORGANISER OU TARDENT À INTERVENIR, DU FAIT DE L’INSUFFISANCE DE MOYENS TECHNIQUES »
Presque toutes les communes d’Abidjan ont été touchées, et l’eau est montée jusqu’à 2,5 mètres à certains endroits L’Office national de la protection civile (ONPC) a déclenché une « alerte rouge » et prévient que ces pluies « continueront de s’abattre de façon intermittente sur le district d’Abidjan et le littoral, selon la direction de la Météorologie qui parle de risque d’inondation élevé ».
En mai dernier, Alain Gnayoro, un expert de la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam) avait prévenu que « le mois le plus pluvieux sur le Sud de la Côte d’Ivoire sera le mois de juin ». Une stratégie dite de « gestion des risques de catastrophes » a été adoptée par le gouvernement ivoirien en octobre 2011, comprenant un Plan d’organisation des secours (Orsec). Dans les faits, les secours ont souvent du mal à s’organiser ou tardent à intervenir, du fait notamment de l’insuffisance de moyens techniques et d’un réel leadership au niveau des structures impliquées.
Réunion au ministère de l’Intérieur
En milieu de journée, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, en l’absence du président Alassane Ouattara (en séjours en France, depuis dix jours) a présidé une réunion au ministère de l’Intérieur et de la sécurité, à laquelle ont participé plusieurs membres du gouvernement. Des mécanismes de secours et de prévention doivent être annoncés au cours de la journée.
Abidjan est souvent le théâtre d’inondations mortelles, en saison des pluies depuis plusieurs années. Entre constructions anarchiques tolérées par les autorités pour des raisons diverses (dont la corruption), incivisme des populations encouragé par l’impunité, absence d’un plan pratique d’urbanisation ; les causes des inondations sont nombreuses.
Selon certaines informations, le bilan des pluies – qui continuent à s’abattre sur certains quartiers, au moment où nous écrivons ces lignes – pourrait s’alourdir. En attendant, Abidjan tourne au ralenti. Plusieurs commerces sont fermés, un fort taux d’absentéisme est constaté au niveau de l’administration publique, le transport est paralysé dans plusieurs quartiers et la Compagnie ivoirienne d’électricité (CEI) a procédé à plusieurs délestages.
Jeune Afrique