Mali : plus de 30 tués en 24 heures dans des attaques
Plus de 30 personnes, en majorité des civils, ont péri dans des attaques au Mali en l’espace de 24 heures, au moment où l’ONU donnait aux signataires de l’accord de paix de 2015 deux mois pour prouver leur bonne volonté.
La situation semble particulièrement se détériorer dans le centre du Mali, aux confins du Burkina Faso et du Niger, zone sur laquelle se concentrent les premières opérations de la force conjointe antijihadiste du G5 Sahel, organisation régionale regroupant ces trois pays, la Mauritanie et le Tchad.
Vingt-quatre civils, dont des femmes et des enfants, ont péri jeudi dans l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule, parti du Burkina Faso à destination de la foire hebdomadaire de Boni, dans le centre du Mali, selon un nouveau bilan communiqué par un habitant et proche des victimes. Un précédent bilan provisoire fourni par des élus locaux et une source de sécurité faisait état d’au moins 13 morts parmi les passagers.
“Nous venons d’enterrer les morts. Ils sont finalement 24, dont quatre bébés avec leurs mères”, a déclaré à l’AFP Abdoulaye Cheick, habitant de Boni et parent d’un des tués, parmi lesquels “sept personnes d’une même famille”. “C’est un carnage. Il n’y a pas de survivant”, a-t-il dit, ajoutant que quatre des passagers étaient de nationalité burkinabè et tous les autres maliens.
Un élu local avait auparavant fait état de “sept commerçants burkinabè” à bord du véhicule, parti très tôt du Burkina Faso et qui a heurté une mine à une dizaine de kilomètres de Boni, selon lui.
Selon Abdoulaye Cheick, le véhicule “s’est coupé en deux” à la suite de l’explosion. Une source de sécurité malienne a incriminé “les terroristes qui utilisent ces mines pour semer la terreur”.
Le 6 novembre, cinq civils, dont une adolescente, avaient été tués lorsque l’autocar qui les amenait vers une foire hebdomadaire avait roulé sur une mine près d’Ansongo (nord-est).
“Malaise dans l’armée malienne”
Par ailleurs, également dans le centre du pays, l’armée malienne a annoncé avoir tué cinq assaillants et perdu deux militaires en repoussant deux attaques jihadistes présumées aux premières heures jeudi.
A Youwarou, “deux militaires ont été tués, ainsi que cinq terroristes” dans l’attaque d’un poste de sécurité, selon des sources militaires.
L’autre attaque, qui n’a pas fait de victime, selon l’armée, s’est produite dans le secteur où 36 gendarmes maliens avaient déserté la semaine dernière pour se diriger vers Bamako, où ils ont été mis aux arrêts dans l’attente de leur comparution en conseil de discipline.
Autre signe du malaise au sein de l’armée, un sergent a été arrêté dans le centre du Mali cette semaine et transféré à Bamako pour avoir publié une vidéo dans laquelle il critiquait la hiérarchie militaire et la gouvernance du pays. “Malgré un premier rappel à l’ordre, un sous-officier s‘épanche toujours et encore dans les réseaux sociaux, il est puni donc pour indiscipline militaire”, a commenté l’armée malienne sur sa page officielle Facebook.
Par ailleurs, deux douaniers maliens ont été tués mercredi un peu plus à l’ouest, à environ 200 km au nord de Bamako, dans une attaque qui a coûté la vie à l’un de ses auteurs, selon des sources de sécurité. Le Conseil de sécurité de l’ONU a sommé mercredi les signataires de l’accord de paix de 2015, gouvernement malien et groupes armés, d’en relancer l’application, sous peine de sanctions.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature de l’accord, censé isoler définitivement les jihadistes, mais dont l’application accumule les retards.
Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud du Mali et le phénomène gagne les pays voisins, en particulier le Burkina Faso et le Niger.
Face à la dégradation de la situation aux confins de ces trois pays, le G5 Sahel a réactivé en 2017, avec le soutien de la France, son projet de force conjointe antijihadiste, initialement lancé en novembre 2015.
AFP
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