Côte d’Ivoire : échanges de tirs près d’une base militaire à Bouaké
Selon les premières informations, des échanges de tirs ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi entre des militaires et des hommes du CCDO, une unité d'intervention mixte, dans la deuxième ville du pays. La situation est désormais calme.
La nuit dernière, des tirs ont à nouveau résonné à Bouaké. Selon nos informations, entre 1h et 3h du matin, ce vendredi 5 janvier, des échanges de coups de feu ont eu lieu entre militaires et hommes du Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO) autour du troisième bataillon militaire d’infanterie, situé dans le quartier Sokoura, au nord de la ville.
Un homme a été gravement blessé par balle, il a été opéré dans la nuit. Dans la matinée, la situation restait « tendue » selon un habitant joint par Jeune Afrique, mais plus aucun tir n’était entendu. « Les habitants vaquent à leurs occupations, les écoles sont ouvertes », ajoute-t-il.
Une source au ministère de l’intérieur assure qu’il ne s’agit « que d’un incident ». »Il n’y a rien de grave, nous sommes en train de faire le point », poursuit-elle.
Défiance d’une partie de la troupe vis-à-vis du CCDO
Selon certaines sources, depuis plusieurs mois, des militaires font valoir leur défiance vis-à-vis du CCDO, qu’ils considèrent comme un instrument destiné à les « espionner ». Cette unité mixte d’intervention – créée en 2013 par Hamed Bakayoko lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, avant de devenir ministre de la Défense en janvier 2017 -, était dans un premier temps cantonné à Abidjan, puis a été déployée à Bouaké et Yamoussoukro depuis 2015.
En janvier et en mai dernier, le pays a été secoué par plusieurs mutineriesd’anciens membres de la rébellion des Forces nouvelles (FN) intégrés dans l’armée à la fin de crise post-électorale de 2010-2011 qui réclamaient le paiement de primes – 8 400 militaires ont ainsi obtenus 12 millions de Francs CFA chacun.
Ces épisodes ont fait resurgir des inquiétudes sur la stabilité de la Côte d’Ivoire. Ils ont « terni l’image du pays », a déclaré jeudi le chef d’État major général des armées, lors d’une cérémonie de vœux au Palais présidentiel. Le général Sékou Touré, a présenté ses « sincères excuses » au président ivoirien, promettant que l’armée se consacrerait désormais « à son devoir, uniquement à son devoir ».
« Il n’y aura pas de mutinerie en 2018 », a pour sa part assuré le ministre de la Défense, Hamed Bakayoko lors de la même cérémonie.
Lors d’un discours télévisé diffusé le 31 décembre dernier, Alassane Ouattara était revenu sur ces épisodes, il avait reconnu que l’année 2017 avait été marquée par « de grandes difficultés », disant vouloir « une armée véritablement républicaine. »
Jeune Afrique