Boko Haram chassé de la forêt de Sambisa, une victoire symbolique et décisive?
En fin de semaine dernière, l’armée nigériane annonçait avoir repris le contrôle de la forêt de Sambisa, bastion du groupe terroriste Boko Haram dans le pays. C’est une opération d’envergure, qui a débuté il y a près d’un an et qui s’est soldé par la chute du fief du leader de la secte islamique, Abubakar Shekau, une ancienne base de l’armée nigériane.
Peu d’informations circulent encore sur le déroulé des opérations mais les conséquences de cette victoire pourraient être décisives dans la lutte contre le groupe terroriste. C'est en tout cas le point du vue du colonel Sani Usman, porte-parole de l'armée nigériane.
« Les terroriste étaient présents dans la forêt depuis que nous les avions chassé des villages qu’ils occupaient…. Mais dorénavant je peux affirmer qu’ils n’ont plus aucune base, ni aucun campement dans la forêt de Sambisa. Nous avons débarrassé la zone de leur présence », souligne le porte-parole
« L’objectif principal de cette opération était de secourir les personnes retenues en otage. C’est un succès car nous avons pu libérer près de 1900 prisonniers et nous avons arrêté plusieurs centaines de combattants de Boko Haram », assure le colonel Sani Usman, qui appelle néanmoins à la prudence.
« Maintenant, nous avons des informations selon lesquelles les terroristes ont fui le théâtre des opérations et tenteraient de se fondre parmi la population. Nous appelons donc les habitants à faire preuve de vigilance et à nous signaler toute personne ou tout mouvement suspect. »
Une dynamique de fond
S’il s’agit d’une victoire hautement symbolique, il vaut mieux se garder de tout triomphalisme tempère pour sa part Vincent Foucher spécialiste de l’Afrique de l’Ouest pour l’International Crisis Group.
« Sambisa c’était vraiment le cœur de la base de Shekau mais Shekau avait des fidèles dans d’autres zones de l’Etat de Borno et donc il y a toute une partie de Boko Haram qui est plus vers le lac Tchad, vers la frontière nigérienne qui, au fond, n’est pas vraiment concernée par cette chute. Donc prudence. »
Le chercheur reconnaît néanmoins qu'il y a eu des progrès importants dans la lutte contre le groupe terroriste. « On est dans une dynamique de fond où il y a une montée en cohérence de la réponse militaire, où il y a une bien meilleure collaboration entre les pays du bassin du lac Tchad. »
Des avancées, donc, mais encore insuffisantes pour parler de la fin du groupe terroriste, analyse le chercheur. « On n’est pas du tout dans une défaite finale de ce mouvement-là. Et de toute façon il faut être réaliste, une défaite finale c’est très difficile. On n’est pas face à une armée conventionnelle. On est quand même face à des réseaux, plus qu’une armée. »
RFI
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