Le dialogue politique est l'unique voie pour une solution durable à la crise libyenne pour les pays voisins de la Libye
Les travaux de la 9ème réunion des ministres des Affaires Etrangères des pays voisins de la Libye à savoir l'Algérie, l'Egypte, le Tchad, la Tunisie, le Mali et le Niger se sont tenues hier dans la salle Margou de l'Hôtel Gaweye de Niamey en présence des représentants des organisations africaines et internationales. Cette rencontre de Niamey a pour objet de contribuer effectivement et efficacement à la stabilisation de la Libye, conformément à la lettre et à l'esprit de la résolution 22-59 du Conseil de sécurité des Nations-Unis adoptée en décembre 2015.
A la fin des travaux, un communiqué final a été lu dans lequel, les ministres ont rappelé que seul l'accord politique libyen constitue le cadre de sortie de la crise qui affecte ce pays. A l'issue de cette réunion, une conférence de presse a été conjointement animée par le président Pierre Buyoya, représentant de la Commission de l'Union Africaine, le Vice-président du Conseil présidentiel du gouvernement d'entente nationale de l'Etat libyen, SE. Moussa Kony et M. Martin Kobler, représentant Spécial du Secrétariat Général des Nations Unies, Chef de Mission d'appui des Nations-Unies en Libye (MANUL).
Cette 9ème réunion des Ministres des Affaires Etrangères des pays voisins de la Libye doit permettre, de poursuivre les discussions en vue de contribuer à la stabilisation de la Libye. Dans le communiqué final, il ressort que, le Président de la République du Niger SE. Issoufou Mahamadou a fortement exhorté les ministres des pays voisins de la Libye a tout mettre en œuvre afin d'apporter une contribution déterminante à la résolution définitive de la crise libyenne. Il a également salué les efforts de la communauté internationale singulièrement ceux des Nations Unies à travers le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), ceux de l'Union Africaine dans le cadre du Groupe International de Contact sur la Libye (GICL) et de la Ligue des Etats Arabes.
Au cours des travaux, précise le communiqué final, les ministres ont procédé à une évaluation de la situation en Libye et des récents développements qui sont intervenus depuis leur dernière réunion tenue le 22 mars 2016 à Tunis. Ils ont exprimé leur profonde préoccupation quant à la persistance de la détérioration de la situation sécuritaire. Tout en apportant leur solidarité au peuple libyen, ils ont appelé la communauté internationale à contribuer effectivement à l'amélioration des conditions de vie des populations et souligné que la sécurité et la stabilité de la Libye sont intimement liées à celles des pays voisins. Les ministres ont exprimé leur détermination à continuer à œuvrer pour promouvoir et faire aboutir le processus politique en Libye et pour créer les conditions propices au retour de la sécurité et de la stabilité dans ce pays voisin. Ils ont également réitéré leur attachement au processus politique initié par les Nations Unies visant une solution définitive et durable, à travers la mise en œuvre de l'Accord politique libyen, ainsi que leur soutien au Conseil Présidentiel du Gouvernement d'Entente Nationale.
Les ministres ont encouragé le Conseil Présidentiel à former un Gouvernement de large Entente Nationale, représentant toutes les forces politiques et exhorté la Chambre des Représentants à lui accorder, dans les délais, sa confiance conformément aux dispositions de l'accord politique du 17 décembre 2015. Ils ont aussi souligné la haute importance de l'implication et du concours de toutes les composantes de la société et de tous les acteurs, de toutes les régions libyennes, à l'aboutissement et à la réussite du processus politique engagé.
Les accords politiques, seuls recours pour le retour de la stabilité
Au cours d'une conférence de presse, le président Pierre Buyoya, représentant de la Commission de l'Union Africaine a indiqué que la préservation de l'unité de la Libye, de son intégrité territoriale, de sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire et de la cohésion de son peuple ainsi que le respect de sa volonté et de ses choix ne passe que par le dialogue politique. «J'encourage les libyens à privilégier le dialogue, la réconciliation inclusive et la négociation politique pour créer les conditions d'une paix et de la concorde nationale durables», a-t-il déclaré. Selon lui, il est prévu en fin octobre/début novembre 2016 de la réunion du Comité de Chefs d'Etat de l'Union Africaine sur la Libye avec la participation des Chefs d'Etat des pays voisins de la Libye, prévue à Addis-Abeba et a réaffirmé leur pleine disponibilité à concourir à la réussite de ses travaux
Quant à M. Martin Kobler, représentant Spécial du Secrétariat Général des Nations Unies, Chef de Mission d'appui des Nations-Unies en Libye, il préconise que toute intervention militaire étrangère ne constitue pas une solution à la crise. « Un large dialogue et de la réconciliation nationale entre les composantes de la société libyenne sont nécessaires pour accélérer le retour à la paix, à la stabilité et à la sécurité», a-t-il dit.
La partie libyenne se dit très engagée pour le retour à la stabilité totale dans leur pays. Selon SE. Moussa Kony, ils vont œuvrer pour mener un travail de réconciliation afin d'amener l'ensemble des forces vives libyenne à réfléchir le processus de la stabilité. «Nous allons impliquer sans exception, tous les Libyens pour le retour de la stabilité dans notre cher pays», a-t-il ajouté.
Dans la matinée d'hier, à l'ouverture des travaux, une minute de silence et de prière a été observée à la mémoire de ceux qui sont tombés dans le combat contre le terrorisme. Dans son allocution, le ministre en charge des Affaires Etrangères du Niger, M. Ibrahim Yacoubou, président de ladite réunion, a indiqué que, depuis la survenue de la crise en 2011, plusieurs réunions se sont tenues au niveau ministériel et sous des formats divers, tant sur le plan informel que dans des cadres formels tel que celui du groupe international de contact sur la Libye ou encore celui des pays voisins de la Libye. Ainsi, il est souvent de coutume qu'à l'occasion des réunions que, «nous disions qu'elle vient à point nommé ; cette fois-ci ce n'est pas une formule c'est un constat forgé par les faits liés au développement de la situation en Libye et à l'amplification des conséquences de la situation de la Libye sur les pays voisins ou ceux de la Région. Plus de 5 ans après l'intervention internationale, la Libye n'a pas encore d'autorité centrale reconnue et acceptée par tous et ayant autorité sur l'ensemble du territoire libyen», a-t-il déclaré.
Pour le ministre Ibrahim Yacoubou, la stabilité et la sécurité de tous les pays ici réunis réside dans la stabilisation la Libye. «Il est absolument impensable de croire que nos Etats, pris individuellement, ou même collectivement peuvent vivre en paix si la paix ne prévaut pas en Libye», a-t-il déclaré. «Partageant avec la Libye les mêmes peuples, nos pays ont la responsabilité politique et morale de travailler et de mobiliser toutes leurs énergies pour que ce peuple frère retrouve la paix et la sécurité et l'aspiration à vivre dans une société de développement » a dit le ministre Ibrahim Yacoubou avant de dire que le Niger n'a d'autre agenda que la paix et la stabilité en Libye. «C'est pour réaliser cet agenda que nous nous sommes mis ensemble dans ce mécanisme», a-t-il conclu.
Seini Seydou Zakaria(onep)