Cinq choses à savoir sur le remaniement à venir au Niger
Depuis le ralliement du MNSD à la majorité présidentielle, le paysage politique nigérien est en pleine recomposition. En vue : un remaniement ministériel pour lequel les négociations ont commencé. En voici les tenants et les aboutissants.
1. Pourquoi un remaniement ?
Le bureau politique du Mouvement nigérien pour la société du développement (MNSD), alors deuxième formation d’opposition derrière le Moden Fa Lumana, vote le 13 août en faveur du ralliement à la majorité, devenant de fait son deuxième parti en termes de nombre de députés, derrière le PNDS (au pouvoir).
Il charge son président, Seini Oumarou, de conduire des négociations avec le chef de l’État, Mahamadou Issoufou, pour dessiner les contours d’un partenariat. Sous-entendu : Seini Oumarou est chargé de négocier un remaniement et d’obtenir quelques strapontins stratégiques.
2. Est-ce un changement soudain ?
Non. Le MNSD avait engagé dès juin un audit de ses activités, après ses échecs à la présidentielle et aux législatives et son ralliement en est la première conséquence. Alors que Mahamadou Issoufou tendait la main pour former un gouvernement d’union nationale au lendemain de la présidentielle, le MNSD s’est progressivement éloigné de l’opposition, au grand dam d’Amadou Boubacar Cissé, président de l’UDR-Tabbat, qui tentait de lui donner un second souffle.
Nombre de militants étaient en désaccord avec la stratégie d’opposition frontale à Mahamadou Issoufou. Seini Oumarou avait quant à lui du mal à digérer sa troisième place à la présidentielle. Il avait dû se désister derrière Hama Amadou au second tour, alors que celui-ci était incarcéré et que certains leaders de l’opposition espéraient que le candidat du Lumana laisserait sa place.
3. Comment se déroulent les négociations ?
Seini Oumarou n’a pas tardé à mettre la main à la pâte. Selon un proche du dossier, il a rencontré le chef de l’État aussitôt connu la décision de son bureau politique, avant que Mahamadou Issoufou ne prenne une courte période de vacances dans son village natal de Dandadji. Une simple entrevue préliminaire.
Le président a ensuite mis fin à ses vacances pour rentrer à Niamey dès le 22 août. Dès lors, les tractations ont débuté entre les deux hommes, qui se rencontrent « de façon régulière », « en tête à tête », confie-t-on au MNSD. Mais les discussions se font toujours dans un cadre informel entre les deux hommes. Aucune délégation n’a pour le moment été mise sur pied au PNDS ou au MNSD.
4. Quel niveau de remaniement ?
« Pour l’instant, il n’y aucune entente sur quoi que ce soit », confie un responsable de la majorité. Toutefois, les grandes lignes se dessinent. Une réduction du nombre de ministères a ainsi été envisagée, le nombre de portefeuilles passant ainsi en dessous de trente. À cette occasion, plusieurs strapontins seraient attribués au MNSD.
Mais, selon un proche du dossier, les partis alliés de la majorité de plus longue date ont d’ores et déjà fait part de leur mécontentement. Ils ont obtenu des portefeuilles après la présidentielle et n’ont aucune intention de les quitter. Parmi les « ministres des partis alliés » figurent notamment Ibrahim Yacouba (MPN Kiishin Kassa) aux Affaires étrangères, Albadé Abouba (MPR Jamhuriya), à l’Agriculture et l’Élevage, Moctar Kassoum (CPR), aux Domaines et à l’Urbanisme, et Magagi Laouan (ARD), à l’Action humanitaire et à la Gestion des catastrophes.
En revanche, selon un chef de parti, le PNDS a assuré à ces mêmes leaders de la majorité, lors d’une réunion qui s’est tenue deux jours avant l’annonce du ralliement du MNSD, que l’attribution des postes de Premier ministre et de président de l’Assemblée nationale, qu’occupent respectivement Brigi Rafini et Ousseini Tinni, ne serait pas remise en question. « Je vois mal quelqu’un du MNSD choisi pour conduire la politique du président », estime un responsable du PNDS, confiant.
5. Quelle date ?
Plusieurs dates ont été envisagées, avec, au centre des interrogations, la présentation du projet de loi de finances, qui doit débuter à l’Assemblée nationale le 6 octobre et s’achever fin novembre. Un des scénarios prévoit que le remaniement se déroule avant l’introduction à l’Assemblée, au nom de la cohérence de l’action gouvernementale. Une seconde solution, moins probable, consisterait à retarder l’annonce du changement d’équipe gouvernementale jusqu’à novembre.
Sauf grosse surprise, selon un proche du dossier, le remaniement n’interviendra dans tous les cas « pas avant début ou mi-octobre », dans la mesure où les discussions ne sont encore qu’informelles et que les agendas du chef de l’État et du Premier ministre sont chargés jusqu’à fin septembre.
Jeune Afrique
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