Boko Haram: Shekau répond aux présidents nigérian et tchadien
Dans un message audio, Abou Bakr Shekau, le chef de l'Etat Islamique en Afrique de l'Ouest, ex-Boko Haram, dément toutes informations visant à le faire passer pour mort ou le disant affaibli. Il fustige le président tchadien Idriss Déby qui affirmait que son groupe était déacapité.
Dans ce nouveau document, Abou Bakr Shekau salue le « calife » auto-proclamé de l'Etat islamique Abou Bakr al-Baghdadi. Mais surtout Abou Bakr Shekau dément les messages annonçant sa mort. Pour Romain Caillet, chercheur sur les questions islamiques, ce communiqué « s'adresse en priorité aux présidents du Nigeria et du Tchad ». En effet, le président du Tchad Idriss Déby affirmait récemment que Boko Haram avait été « décapité », quand son homologue nigérian Muhammadu Buhari déclarait que son armée avait désormais trois mois éliminer Boko Haram.
« Abou Bakr Shekau achève son message sur un pied de nez, poursuit Romain Caillet, en disant "vous avez donné trois mois pour nous éradiquer alors que ça fait trois ans que vous n'avez pas réussi à nous combattre". Au-delà de la boutade, il s'agit de donner un élément qui permet de dater ce communiqué, à savoir le 13 août - date des déclarations du président du Nigeria - ce qui nous permet de situer dans le temps ce message, donc bien après les rumeurs sur la mort de Shekau. Manifestement, ce message a été enregistré très récemment entre le 13 et le 16 août, aujourd'hui, et manifestement Abou Bakr Shekau est toujours vivant. »
Selon le chercheur, ex-Boko Haram met en oeuvre une nouvelle façon de communiquer illustrant l'allégeance du groupe nigérian à l'Etat islamique : « Dès le départ, ils ont refusé le nom de Boko Haram, considéré comme péjoratif ». Leur nom était, en français, le Groupe sunnite pour la prédication et le jihad. « Ils ont changé de nom après avoir fait allégeance à l'Etat islamique, et sont devenus la wilaya de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest. Maintenant, l'Etat islamique a clairement pris en main la communication de ce groupe jihadiste, cet ex-Boko Haram, que la communication est maintenant beaucoup plus carrée, beaucoup mieux organisée. Par exemple, on a eu là un message audio dont il y a eu une traduction tout de suite après qui a permis aux arabophones de comprendre l'essentiel du communiqué. Ca démultiplie la force de frappe médiatique de Boko Haram qui jusqu'à présent devait donner des vidéos à l'AFP qui bien sûr n'en présentait qu'une partie. Désormais, ils ont tous les communicants de l'Etat islamique à leur service. Et la communication est quelque chose de vital pour une organisation jihadiste. »
RFI
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