Madagascar: les députés votent la destitution du président
Cinglant camouflet pour le président malgache Hery Rajaonarimampianina : 121 députés sur 125 présents mardi soir à l'Assemblée nationale ont voté la destitution du chef de l’Etat, moins d'un an et demi après son élection. Les élus reprochent notamment au président d'avoir violé la Constitution. S'ajoute à cela une véritable défiance des députés vis-à-vis du chef de l'Etat.
« Incompétent ». « Il ne sait pas gérer le pays ». Les reproches contre le président Hery Rajaonarimampianina ont fusé ce mardi soir à l'Assemblée nationale, dans un climat tendu. En fin de séance, certains députés ont même failli en venir aux mains, obligeant les militaires chargés de la sécurité à intervenir pour éviter une bagarre.
Très remontés, les élus reprochent au chef de l'Etat ses hésitations. Il lui a fallu plus de deux mois pour trouver un Premier ministre, avant de le limoger au bout de huit mois. La Haute Cour de justice qui devait être créée un an maximum après la présidentielle n'est toujours pas en place. Hery Rajaonarimampianina est également accusé d'essayer d'influencer le travail des députés.
La balle dans le camp de la Haute Cour constitutionnelle
Mais la colère des députés a explosé après les Assises nationales pour la réconciliation, conclues il y a trois semaines. Aucun élu n'avait été invité parmi les 2 000 participants. Et la dissolution de l'Assemblée nationale figurait parmi les recommandations finales. Le vote de ce mardi soir ressemble donc à un réflexe de protection.
C'est désormais à la Haute Cour constitutionnelle (HCC) et ses neuf juges de valider ou non la destitution dans les prochains jours. Hery Rajaonarimampianina a encore une carte à jouer. La HCC est réputée proche du pouvoir. Le chef de l'Etat a nommé trois de ses membres, dont l'un d'eux préside l'institution.
? Une séance agitée dans l'hémicycle
Dès l’ouverture de la séance dans la matinée, certains députés se montraient déjà très confiants. « Nous députés, nous avons déposé une requête de mise en accusation aux fins de déchéance du président. On est 115 députés à avoir signé la requête », se félicite Christine Razanamahasoa, une fidèle de l’ancien président Andry Rajoelina.
A 20h30 seulement, les débats commencent dans l’hémicycle. Deux heures plus tard, les députés passent au vote à bulletin secret. La tension monte, certains s’invectivent et en viennent aux mains. Des éléments de la sécurité interviennent.
Au moment du dépouillement, c’est l’euphorie : 121 voix pour et quatre contre. La majorité des deux tiers est atteinte. Jean-Jacques Rabenirina fait partie des députés qui soutenaient autrefois le président. Aujourd’hui, il l’accuse aussi de violations de la Constitution. « Il n’est plus question de majorité présidentielle ou pas. Ma conviction de mettre en place un Etat de droit m’a poussé à voter oui », clame-t-il.
La députée Lydia Raharimalala qui plaide pour le non n’a pas participé au vote. « Il y a eu de la triche, je peux l’affirmer, se justifie-t-elle. Quand on a fait l’appel, on n’était que 102. Il paraît qu’il y avait 125 votants. C’est pas normal ! »
RFI
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