Le PM Ouhoumoudou Mahamadou : « Le Niger est le futur eldorado de l'Afrique où il faut investir »
De passage à Paris où il s'est adressé ce mardi 18 avril 2023 aux entrepreneurs français à l'occasion de l'édition 2023 du Forum du Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN), pour les inciter à venir investir dans son pays, le Premier ministre du Niger a accordé un entretien à RFI dont il était l'invité Afrique de l'édition matinale de la journée. Quels sont ses arguments ? Comment le pays pousse-t-il ses pions dans le secteur pétrolier, qui a été l'un des moteurs de sa croissance l'année dernière ? Et comment le gouvernement entend-il faire face aux fragilités sociales qui persistent ? Entretien avec le Premier ministre du Niger, Ouhoumoudou Mahamadou, au micro de Laurent Correau.
RFI : Mahamadou Ouhoumoudou, ce 18 avril 2023, vous allez vous exprimer devant le Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian). Quel est votre message aux chefs d’entreprise français ?
Mahamadou Ouhoumoudou : C’est de leur dire que le Niger est le futur Eldorado de l’Afrique et que c’est un pays où il faut investir. Il ne faut pas qu’ils soient les derniers à venir investir au Niger, il faut qu’ils soient parmi les premiers. Il ne faut pas que ce soit uniquement dans un seul secteur, notamment le secteur minier. Nous appelons les investisseurs à venir investir dans d’autres secteurs où il y a beaucoup de potentiels.
Pourquoi dites-vous que les investisseurs français ne doivent pas être les derniers à venir investir ? Est-ce qu’il y a un retard des investisseurs français sur le territoire nigérien ?
Il y a une ruée d’investisseurs d’autres pays et, effectivement, pour le moment, les investisseurs français ne sont pas parmi les premiers venus.
Le 31 mars 2023, votre gouvernement annonçait les chiffres de la croissance 2022 pour le Niger : +11,5%. Ce taux de croissance est remarquable. Mais selon la coordination humanitaire de l’ONU, en 2023, 4,3 millions de personnes, c’est-à-dire environ 17% de la population nigérienne, auront tout de même besoin d’une assistance humanitaire. Pourquoi ce décalage et comment entendez-vous y faire face ?
Malgré cette forte croissance, effectivement notre pays est victime d’attaques de terroristes en provenance des pays voisins, notamment du Mali et du Burkina Faso. Et surtout aussi d’un afflux de réfugiés en provenance des pays voisins, notamment le Nigeria et le Mali.
Les réfugiés, les déplacés… En même temps, le niveau d’extrême pauvreté s’élevait quasiment à 42% en 2021. Il n’y a donc pas que les déplacés. Il y a quelque chose d’ancien à résoudre ?
Oui. Il y a quelque chose d’ancien à résoudre, parce que, quoi qu’on en dise, notre pays est un pays où la pauvreté était, au départ, estimée à plus de 60%. Donc, lorsqu’on revient à 40%, c’est quand même déjà un progrès remarquable qui a été accompli ces dix dernières années.
L’un des gros chantiers économiques de 2023, c’est le projet d’augmentation de la production pétrolière du gisement d’Agadem. On parle d’une production qui passerait de 20 000 barils par jour à 110 000 barils par jour. Où en sont les discussions avec la compagnie chinoise China National Petroleum Corporation (CNPC) sur ce dossier ?
Tout a été conclu avec la CNPC, notamment notre participation dans la construction du pipeline qui doit relier le Niger au Bénin. Nous avons aussi donné notre accord, en ce qui concerne la CNPC, pour l’exploitation dans le gisement d’Agadem. Donc il n’y a pas d’autres discussions particulières sur cet aspect. Par contre, nous avons un autre gisement sur lequel nous sommes en discussion avec les Chinois. Il s’agit du gisement de Bilma. Nous espérons également une production assez importante.
Et on peut espérer une mise en exploitation d’Agadem et de Bilma à quelle date, à quelle échéance ?
Pour ce qui concerne Agadem, l’exportation du brut va démarrer dès le mois de novembre 2023 et en ce qui concerne Bilma, tout dépendra des efforts de développement qui vont être faits, mais cela ne dépassera pas trois ans.
Les autorités régionales d’Agadez ont annoncé que plus de 5 000 migrants sub-sahariens refoulés d’Algérie sont arrivés à Assamaka, à 15 kilomètres de la frontière. Le Niger est-il d’accord avec le fait de devoir accueillir des milliers de migrants expulsés par l’Algérie, même s’ils ne sont pas Nigériens ? Est-ce qu’il existe un accord formel avec l’Algérie sur le sujet ?
Il n’y a pas d’accord formel avec l’Algérie en ce qui concerne le refoulement d’étrangers. Le gouvernement algérien considère que, à partir du moment où ce sont des ressortissants de la Cédéao [Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, Ndlr] et que le Niger fait partie de la Cédéao, la frontière entre l’Algérie et la Cédéao, c’est le Niger. C’est la raison pour laquelle l’Algérie les amène à la frontière du Niger, d’autant plus qu’elle considère qu’ils sont rentrés en Algérie en passant par la frontière du Niger. Ce n’est pas totalement juste, parce que la plupart d’entre eux rentrent en Algérie en passant par le Mali. Pour ce qui nous concerne, il s’agit d’une question humanitaire qui touche des ressortissants de pays amis. Nous devons donc nous en occuper et nous nous en occupons.
Les autorités locales justement craignent une « catastrophe humanitaire », c’est le mot qui a été employé par certaines d’entre elles. Que prévoyez-vous pour éviter cette catastrophe ?
Évidemment, lorsque vous faites débarquer 4 000 à 5 000 personnes dans un village qui comporte juste 4 000 habitants, vous vous rendez compte que la situation devient critique. Nous la gérons avec l’OIM [Organisation internationale pour les migrations, Ndlr, mais aussi nous envisageons de porter le problème au niveau de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Ce que nous attendons de la Cédéao, c’est d’abord la possibilité d’accompagnement pour le retour de ces réfugiés dans leur pays d’origine.
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Il fume quoi m
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Selon les chiffres du Fonds Mon