1ère édition de la JIFIN: les Fintechs pour promouvoir l'inclusion financière au Niger
Le Palais du 29 juillet de Niamey a abrité, samedi 12 mars 2022, la première édition de la Journée d'Inclusion Financière et de l'Innovation au Niger (JIFIN), une initiative du ministère des Finances, à travers le Secrétariat exécutif de la Stratégie Nationale pour l'Inclusion Financière (SE/SNFI), et en collaboration avec le Fonds d'équipement des Nations Unies (UNCDF), l'Union Européenne (UE) ainsi que plusieurs autres partenaires. Placée sous le thème: « Construire une économie numérique globale au service du développement économique inclusif du Niger », la Journée a été marquée par plusieurs conférences-débats et des panels de haut niveau autour notamment de la digitalisation des services financiers aux populations ainsi que sur la digitalisation des paiements de l’Etat. L'occasion aussi de mettre en exergue le rôle combien important que peuvent jouer les entreprises nigériennes du domaine des services financiers et numériques (Fintechs) pour promouvoir l'inclusion financière et donc le développement au Niger.
Les activités de cette première édition de la JIFIN, qui s'est déroulée sous le haut patronage du chef du gouvernement, ont été lancées avec une cérémonie officielle présidée par le ministre des Finances, Dr Ahmat Jidoud, et en présence des membres du gouvernement, des députés nationaux, de la représentante du Système des Nations unies au Niger, ceux du comité de pilotage de la SNFI, des présidents d'institutions, responsables d'entreprises publiques et privées ainsi que des autorités régionales, représentants d'associations de la société civile et du secteur privé. On notait également la présence parmi les invités, d'un public venu massivement assister à l'évènement avec une présence très remarquée de jeunes entrepreneurs et porteurs de projets opérant dans le secteur et particulièrement celui du numérique.
Des solutions numériques au service de la lutte contre la pauvreté et les inégalités
Plusieurs allocutions ont marqué le lancement les activités de la journée dont celle de bienvenue du Gouverneur de la Région de Niamey, M. Oudou Ambouka, qui s'est réjoui du choix porté sur la capitale pour la tenue de cet évènement.
Intervenant à son tour, la Coordinatrice et ambassadrice du Système des Nations Unies au Niger, Mme Louise Aubin, s'est félicitée de cette initiative. En effet, a-t-elle souligné, l'ambition poursuivie par le gouvernement à travers cette journée cadre parfaitement avec celle des Nations Unies déclinée à travers les Objectifs de Développement Durable (ODD). "La JIFIN contribue à l'attente des ODD notamment la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales". "Au Niger, le taux de bancarisation doit évoluer par tous les moyens", a déclaré S.E. Louise Aubin pour qui, 75% des populations doivent avoir accès aux services financiers et numériques adaptés.
Elle a saisi l'occasion pour rappeler le rôle du Fonds d'Equipements des Nations Unies (UNCDF), qui est présent au Niger depuis longtemps avec comme principal objectif, de faciliter l'accès aux capitaux publics et privés, aux populations les plus démunies. SE. Louise Aubin a particulièrement mis l'accent sur l'importance que doivent jouer les jeunes et les femmes dans l'atteinte de ces objectifs à travers la promotion de l'économie digitale, une véritable alternative de lutte contre la pauvreté et les inégalités.
En ce sens, elle a rappelé que pour cette période post COVID-19 qui a mis en lumière l'importance stratégique des nouvelles technologies dans le développement du monde contemporain, un projet destiné à promouvoir les solutions numériques au profit de 100.000 jeunes, femmes et migrants à l'horizon 2030, a été lancé à Niamey en septembre 2021. "Cette contribution de la digitalisation à l'inclusion financière se révèle de plus en plus importante non seulement parce qu'elle permet l'accès aux services financiers partout et en tout temps, mais aussi parce qu'elle joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté, l'autonomisation des jeunes et des femmes, et le développement", a estimé l'ambassadeur des Nations Unies au Niger qui a, par ailleurs, tenu à adresser ses vifs remerciements aux plus hautes autorités du Niger. Elle a également réitéré l'engagement des Nations Unies à se tenir à leurs côtés et aux côtés de l'ensemble des parties prenantes afin d'atteindre efficacement les objectifs communs qu'ils se sont fixés notamment en matière d'inclusion financière. A juste titre, elle a estimé que "les solutions numériques révolutionneront la manière dont les populations accèdent aux services sociaux de base et acculeront les progrès dans le développement durable et la promesse de ne laisser personne de coté, ce qui supposera de combler le fossé numérique qui sépare les citoyens".
Une stratégie nationale pour promouvoir l'inclusion financière par le numérique
En procédant au lancement officiel de la JIFIN, le ministre des Finances s'est également félicité de cette initiative dont le but est de "rassembler l'ensemble des acteurs de l'écosystème autour d'une thématique majeure visant à accélérer le développement de l'inclusion financière au Niger". S'agissant de cette première édition, dira par la suite le ministre, il est question de faire l'état des lieux de la finance numérique au Niger grâce à une cartographie des services financiers numériques aux populations et dans les administrations publiques, d'où le thème choisi: "construire une économie numérique globale au service du développement économique au Niger".
"L'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication a ouvert la voie à une transformation du paysage de la finance à travers la suppression des barrières physiques, la dématérialisation des services offerts, les paiements à distance, l'utilisation de la biométrie ou de la reconnaissance faciale pour l'identification des populations ainsi que pour le développement de modèles d'affaires. Cette nouvelle économie est aussi porteuse de pleines de promesses surtout pour les PME-PMI, les jeunes, les femmes et les producteurs ruraux". Dr Ahmat Jidoud, ministres des Finances.
Selon les données de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), en 2020, les services financiers numériques ont connu une évolution notable au niveau de l'offre et de l'accès à la distribution et à l'utilisation au plan régional et national malgré la pandémie de la COVID-19 qui a impacté tous les secteurs d'activités économiques. Au niveau de l'offre, a fait savoir le ministre, 42 initiatives d'émissions de Money via la téléphonie mobile ont été enregistrées au 31 décembre 2020 avec 29 innovations notamment au niveau des banques, détenant donc dans le cadre des partenariats avec les Fintechs et les opérateurs de téléphonie mobile, la majorité des offres. S'agissant du Niger, le ministre des Finances a rappelé les nombreux efforts consentis par le gouvernement dans cette même dynamique. Au plan national, a-t-il indiqué, trois (03) initiatives de services financiers numériques ont été enregistrées. Aussi, selon le ministre, le nombre de comptes ouverts en 2020 s'élève à 6,5 millions, soit une hausse de 88,8% par rapport à 2019.
Dans son allocution, le ministre des Finances n'a pas manqué de souligner que les plus hautes autorités de ce pays, au premier rang desquels le Président de la République S.E.M. Mohamed Bazoum, s'est engagé à améliorer l'efficacité de l'administration publique à travers un vaste chantier de digitalisation des services publics. Pour ce faire, a poursuivi le ministre Jidoud, des textes ont été adoptés afin de promouvoir la bancarisation et la promotion des paiements électroniques au niveau des sévices de l'État. "Ces orientations sont clairement définies dans la Déclaration de Politique Générale (DPG) de S.E.M le Premier Ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, qui a fait de la digitalisation un levier central et transversal de la modernisation de l'Administration publique", a déclaré le ministre des Finances. "En dépit des efforts engagés pour accroître la digitalisation des payements, a toutefois concédé le ministre Ahmat Djidoud, des défis demeurent et qu'il faille relever pour préserver la confiance des clients et usagers des institutions financières et améliorer de ce fait, l'inclusion financière". Au nombre de ces défis, il a notamment cité le renforcement de la supervision des activités et des acteurs; l'adaptation continue du cadre réglementaire aux évolutions constantes du moment, la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ainsi que l'éducation Financière
Le ministre Jidoud a aussi mis en exergue les ambitions du gouvernement pour promouvoir l'inclusion financière en s'appuyant sur les opportunités qu'offrent le numérique à travers notamment la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de la Finance Inclusive (SNFI) adoptée par le Gouvernement en 2018 ainsi que la Stratégie régionale d'Inclusion financière adoptée en 2016 par le Conseil des ministres de l'UEMOA.
Des projets innovants et des panels de haut niveau
Peu après la cérémonie officielle d'ouverture, les activités se sont poursuivis avec notamment, et entres autres, la présentation et la remise des prix d'accompagnements à des projets innovants portés par de jeunes nigériens. Trois porteurs de projets ont été à ce titre récompensés dont le premier prix d'une valeur de cinq (05) millions a été décerné à la start-up I-Tech, le second d'une enveloppe de trois (03) millions à I-Future et enfin la 3e place avec un prix de deux (02) millions qui a été attribué à ACN.
La JIFIN s'est poursuivie avec des visites guidées au niveau des différents stands où des entreprises nigériennes du secteur de l'économie numérique, des services financiers, de la téléphonie ou d'autres secteurs ont exposés leurs produits ainsi que des solutions innovantes dans le domaine de l'inclusion financière.
Au programme de cette première édition de la JIFIN qui a été une véritable réussite comme l'ont témoigné les manifestants, plusieurs conférences débats ont été animés par des experts et des responsables du ministère des Finances, du SE/SNFI, de l'ANSI, de la BCEAO, de l'APBEF/N ainsi que de l'APSFD, de l' UNCDF et du ministère de l'économie numérique. Ces panels ont sur divers thèmes autour de deux (2) panels axés d’une part, sur la digitalisation des services financiers aux populations et d’autre part, sur la digitalisation des paiements de l’Etat.
Abdoul Wahab Issaka (actuniger.com)