NÉCROLOGIE : Maman Barka, le « Barkayi national » a déposé le Biram!
Le monde de la culture nigérienne est en deuil avec la disparition, ce mercredi 21 novembre au petit matin, de Malam Maman Barka, « le Barkayi national », dont la voix et les chansons, ont bercé les nigériens durant de longues années. Malade depuis plusieurs mois et hospitalisé à l’Hôpital national de Niamey, l’artiste-musicien, auteur-compositeur et virtuose de la musique tradi-moderne nigérienne, laisse un immense héritage culturel.
Avec ses chansons phares et très inspirantes, « Mariam », « Niger, mon beau pays », « Arman guida », l’artiste d’exception a marqué d’une empreinte indélébile, la musique nigérienne. Son apport culturel ne s’arrête pas là, avec les efforts qu’il a déployés pour promouvoir des instruments de musique traditionnelle à l’international, en plus de former des jeunes à divers métiers. Charismatique, très ouvert et acteur engagé, sa douce voix va assurément manquer aux nigériens, comme en témoigne cette biographie qui lui a été consacrée il y a quelques années par « Nigerstars », et qui témoigne de l’immense potentiel de l’artiste ainsi que du riche patrimoine qu’il laisse à la prospérité.
Mamane Barka est née à Tesker, dans le département de Zinder en 1959. Il a été professeur pendant de nombreuses années avant que ses compétences sur le Ngouroumi, un instrument à deux cordes pincées, il a atteint la popularité au Niger et au Nigeria voisin. En 2002, il a reçu une bourse de l'UNESCO pour matérialiser son rêve de raviver la tradition du Biram, qui est un instrument à cinq cordes qui est utilisé dans le Boudouma (un peuple de pêcheurs du Lac Tchad). Il s'est rendu au Lac Tchad pour rencontrer les Boudouma, groupe ethnique de pêcheurs nomades, et leur instrument sacré, le Biram, qu'ils croient protégé par l'esprit du lac Kargila. À l'époque Boukar Tar, le seul maître restant du Biram, était encore vivant et il a enseigné Mamane les secrets de l'instrument saint et les paroles des chants mystiques. Il a ensuite donné Mamane le dernier biram et lui a demandé de le promouvoir partout dans le monde.
Après que Mamane ait joué sur le biram au Festival de musique du désert à Rissani, au Maroc, en 2005, il a été invité à effectuer d'autres concerts à l'étranger, y compris des événements en France et en Allemagne. En 2008, il a joué au WOMAD avec le percussionniste Oumarou Adamou. Oumarou est le fils d'un griot haoussa dans la ville de Maradi, dans le sud du Niger, près de la frontière nigériane.
Mamane et Oumarou ont commencé à enregistrer cet album peu de temps après en juillet 2008 avec le producteur Paul Borg. La plupart des chants sont des chansons traditionnelles de Boudouma qui parlent de la vie des ancêtres, des esprits, des animaux avec lesquels les nomades vivent, de la bravoure des guerriers ou de la beauté de l'eau dans le lac ou dans le désert. Mamane a également ajouté quelques nouvelles compositions qui reflètent la société en constante évolution d'aujourd'hui et contiennent des messages importants pour la jeunesse d'aujourd'hui. Il chante en langue boudouma ainsi qu'en Haoussa, Toubou et Kanuri, toutes langues parlées au Niger.
Malheureusement Boukar Tar est maintenant décédé et Mamane est le seul maître du biram dans le monde. Il maintient la tradition à lui seul, mettant l'instrument à l'attention du monde plus vaste avec son propre mélange de blues du désert. Avec la percussion induite par Oumarou, cet album respecte non seulement le biram spirituel, mais aussi l'hommage aux instruments de percussion traditionnels de la riche culture nigérienne : le douma (le tambour spirituel), le kalangou et la calebasse.
Repose en paix l’artiste !
Ikali (Actuniger.com)
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Nous te rejoindrons inshAllah.