Un avion pour le Niger
L’acquisition d’un aéronef civil d’État ou avion de commandement, communément appelé « avion présidentiel » occupe l’actualité depuis que l’opposition parlementaire a décidé de porter plainte pour « détournement d’objectif et détournement de deniers publics». Le tapage médiatique qui en découle mérite toute l’attention de tous les nigériens et en particulier de tous les professionnels de l’aviation civile nigérienne.
En effet, tenant compte des problèmes posés par l’achat d’un avion au Mali, le FMI peut être intéressé par la traçabilité budgétaire, la transparence dans la passation du marché mais aussi par les procédures des décaissements. Toutes ces dispositions sont du ressort des techniciens des finances, de l’aviation civile et des forces armées nigériennes qui ont conduit le processus d’acquisition de l’avion présidentiel.
Trois Orientations stratégiques ont guidé les autorités compétentes du Niger dans leurs démarches :
1) L’aéronef civil d’État dénommé « Mont BAGZAM » a été acquis en 1978. Cet aéronef de type Boeing 737-200 est exploité par l’armée nigérienne depuis 36 ans et est arrivé en fin de potentiel. La décision de son remplacement a été prise en 2010 donc bien avant l’arrivée des autorités actuelles.
2) S’agissant de l’acquisition d’un symbole de la République, le choix a été fait d’acquérir cet avion de commandement sur fonds propre du Niger. Cet aéronef est un porte drapeau de la République du Niger. Il est l’une des expressions de notre souveraineté.
3) Il a également été décidé de capitaliser les acquis de l’armée nigérienne qui a exploité le « MONT BAGZAM » pendant 36 ans et donc d’acquérir un aéronef de type Boeing 737 de nouvelle génération. En effet, les pilotes et les mécaniciens militaires opérant cet aéronef sont formés sur le modèle 737 de Boeing. Cette orientation contribue à la réduction du temps et des coûts de formation du personnel navigant.
Sur le plan technique, cet avion, destiné à l’usage présidentiel devrait avoir les principales caractéristiques suivantes : le confort, la rapidité, une grande autonomie, une cabine et des soutes spacieuses. Il doit être de configuration VIP et en mesure de parcourir sans escale un trajet supérieur à cinq mille km, de transporter au moins quinze (15) personnes avec leurs bagages, de voler à une vitesse de plus de 800 km/h et à une altitude de 12.500 mètres.
Cinq types d’aéronefs, correspondant à ces spécifications, ont été identifiés par la DGAC du Niger. Il s’agit des : Boeings 737-600, 737-700 ou 737-800 de fabrication américaine, du Boeing Bussiness Jet (BBJ) de marque américaine, du Falcon 900x VIP de fabrication française, du CRJ 900 LR de fabrication canadienne et du Gulfstream 550 de fabrication américaine.
La capitalisation des acquis du personnel militaire a conduit au choix de Boeing et d’un type d’avion Boeing dont la chaine de production est active. Le choix du Niger a porté sur le BOEING BUSSINESS JET (BBJ1) de type BOEING 737-700.
Lorsque l’avion a été retenu parmi quatre (4) propositions, les procédures techniques ont été conduites par les organismes compétents.
L’inspection de classification au sol du BBJ a eu lieu du 25 au 30 Mars 2014 au centre de maintenance AMAC AEROSPACE basé à BASEL en Suisse. Ce centre a obtenu au préalable l’agrément de la DGAC du Niger. Le contrôle en vol a également donné des résultats satisfaisants.
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) du Niger a mis à la disposition de l’Armée Nigérienne deux inspecteurs pour effectuer les contrôles requis par les règlementations aéronautiques.
Ce processus technique a été brillamment conduit et a donné les résultats très satisfaisant qui ont permis d’apporter les corrections nécessaires et de s’assurer que l’avion est aux normes.
Parlant du coût de l’avion, le prix catalogue du Boeing 737-700 est de 50.2 millions USD. Ces coûts sont disponibles sur internet pour toutes les versions du Boeing 737. Le Boeing Bussiness Jet (BBJ) acquis par le Niger est un avion VIP qui a été « up gradé » dans un « completion center » pour une mise à niveau des performances et l’ajout des options demandées par le premier acquéreur. Son coût initial global est estimé à 80 millions USD à l’état neuf. Son coût en 2013, affiché dans la base de données de BOEING, est de 38,9 millions USD (voir document ci-joint). On voit bien que notre nouvel avion est dans la base de données de Boeing et il est commercialisé par Hallmark Aviation Limited basé en CALIFORNI (USA). Bien entendu, il peut y avoir plusieurs agents ou sociétés chargés de sa commercialisation.
S’agissant des ressources financières, deux inscriptions budgétaires ont été autorisées par le parlement, à l’unanimité des députés présents, sur proposition du Gouvernement. Ces inscriptions budgétaires étaient destinées à l’acquisition d’un avion présidentiel et d’un aéronef de surveillance. Tous les deux avions ont été acquis et sont déjà opérationnels.
Le Ministère de la Défense Nationale a conduit le processus de passation du marché en associant toutes les expertises utiles.
La procédure choisie est la négociation directe avec mise en concurrence. L’État du Niger a pris contact avec le service commercial de Boeing et d’autres partenaires. Cette démarche a permis de recevoir plusieurs propositions correspondant aux cahiers de charges. Des lettres d’invitation à soumissionner ont été adressées aux quatre (4) fournisseurs présélectionnés.
Après les négociations, le projet de marché a obtenu l’avis de conformité de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP).
Contrairement à la fausse propagande conduite par procuration par des courageux journalistes, au profit d’une opposition en perdition ou simplement en manque d’inspiration, l’avion a bien été acquis sur fonds propres de l’État du Niger et aucune convention de prêts n’a été signée. Le marché signé porte bien la mention FINANCEMENT BUDGET NATIONAL ainsi que la ligne budgétaire n°515 211 01 000 000 111 253 90/Gestion 2013. A vous journaliste, je vous montre les preuves pour votre propre crédibilité.
Je pense que l’opposition peut aller vérifier cela au trésor national et ainsi éviter de ternir l’image de notre pays et de notre gouvernement.
Un autre aspect de la polémique porte sur le statut de l’avion. Certains pensent, sans doute par ignorance, que l’avion présidentiel est un avion civil. Il ne s’agit pas d’un avion civil qui est généralement exploité par une société de transport aérien à but commercial mais d’un aéronef civil d’État. A notre connaissance, tous les aéronefs civils d’État à usage présidentiel sont opérés par les Armées Nationales. D’Air Force One qui est l’avion du président américain à Nigeria Air Force en passant par tous les aéronefs à usage présidentiel en Afrique, ces avions sont gérés, exploités et opérés par les armées ou des organismes militaires comme le COTAM (Commandement du Transport Aérien Militaire) en France. Du reste, le mont bagzam, notre aéronef civil d’État est exploité depuis 36 ans par l’Armée Nigérienne et les dépenses y afférentes sont programmées dans le budget du Ministère de la Défense Nationale.
L’opposition oublie qu’en mettant en cause le Gouvernement, elle met en même temps en cause l’honneur de tous ces Cadres de l’Aviation Civile, de ces Officiers de l’Armée Nigérienne et des Responsables des Finances qui ont conduit le processus d’acquisition de l’avion présidentiel avec patriotisme et un très grand professionnalisme.
Heureusement qu’il y a encore des nigériens qui aiment leur pays et le servent avec honneur et dignité. La politique politicienne fait croire que seul le gouvernement est responsable. Cela n’est pas vrai. Le Niger est construit par ses filles et ses fils et l’État fonctionne grâce à l’abnégation de milliers de fonctionnaires et autres auxiliaires.
Dans un débat public comme celui suscité par l’achat de l’avion, chacun dit « sa vérité » mais le Niger est notre bien le plus précieux et nous devons tous y veiller. Cet avion nous appartient et nous devons en être fiers. Pour la première fois, notre Président est allé sans escale à DUBAI. Pour la première fois un avion nigérien s’est posé sur le tarmac de l’aéroport de NEW YORK. Moi je souhait que notre Président dispose non pas d’un avion mais d’une flotte entière comme au Nigéria, en Côte-D’ivoire, en France ou aux États Unis.
Je dis à nos parents et amis de l’opposition que le misérabilisme ne conduit nulle part et qu’un débat sur le Niger doit être construit et conduit avec hauteur et responsabilité.
Mohamed MOUSSA
Ingénieur de la Navigation Aérienne
Ancien Ministre de l’Intérieur
Ancien ministre du Commerce, des Transports et du Tourisme
Membre du Comité Exécutif du PNDS/TARRAYA
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