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Niamey – Juin 2025 : Depuis plusieurs décennies, les économies du Niger, du Mali et du Burkina Faso sont arrimées à une monnaie héritée de la colonisation : le franc CFA. Si cette devise garantit une certaine stabilité nominale, elle est aussi source de débats récurrents sur sa pertinence pour des pays en quête de souveraineté économique et de développement autonome.

 

Zeyna commission0

 

Alors que l'Alliance des États du Sahel (AES) multiplie les consultations en vue de créer une nouvelle monnaie régionale, il devient urgent de poser un diagnostic rigoureux sur ce que le franc CFA a réellement coûté et continue de coûter à nos économies.

Un mécanisme monétaire aux allures de piège économique

Créé en 1945, le franc CFA est officiellement garanti par le Trésor public français, auquel 50 % des réserves de change des pays utilisateurs sont encore aujourd’hui déposées. En contrepartie, la France assure la convertibilité illimitée du franc CFA avec l’euro. Sur le papier, le système offre stabilité et confiance. Mais dans les faits, il s’apparente à une camisole financière.

Selon plusieurs économistes africains, les transferts nets de richesse opérés depuis les années 1960 des pays africains vers la France via ce mécanisme se compteraient en centaines de milliards d’euros. Ces transferts, invisibles aux citoyens, se traduisent pourtant par une perte de capacité d’investissement public, de réactivité face aux crises économiques, et un manque chronique de financement pour les infrastructures et les services sociaux de base.

À y regarder de près, les pays hors zone CFA enregistrent une croissance moyenne plus soutenue (1,5 % à 2 % de plus par an) que leurs homologues sous régime CFA. Pourquoi ? Parce que la fixité du taux de change avec l’euro bride la compétitivité de nos exportations, renchérit nos importations et prive nos banques centrales de tout levier de politique monétaire adapté à nos réalités locales.

À cela s’ajoute un modèle commercial toujours orienté vers l’Europe. 80 % des exportations des pays de la zone CFA, y compris le Niger, le Mali et le Burkina Faso, sont destinées au marché européen. Ce schéma perpétue une dépendance postcoloniale au détriment de la diversification économique et de l’intégration régionale.

Les partisans du franc CFA mettent en avant sa stabilité et la faible inflation dans les pays utilisateurs. Mais ces avantages ont un prix élevé : perte de souveraineté monétaire, contraintes budgétaires sévères, et dépendance structurelle à une ancienne puissance coloniale.

À l’inverse, l’adoption d’une monnaie nationale ou régionale permettrait aux pays de l’AES de regagner leur capacité à émettre de la monnaie, ajuster les taux d’intérêt et intervenir sur les marchés de change en fonction de leurs réalités économiques spécifiques. Certes, le passage à une monnaie propre n’est pas sans risques instabilité possible, inflation, perte temporaire de confiance mais les bénéfices à long terme en matière de souveraineté, de flexibilité économique et de développement endogène sont immenses.

La création d’une monnaie commune dans l’espace AES parfois évoquée sous le nom de "Sahel" n’est plus un tabou mais une nécessité stratégique. Comme l’a déclaré récemment le président nigérien, le général Abdourahamane Tiani : « La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation. »

Il ne s’agit pas d’un simple symbole politique, mais d’un levier économique majeur. Une monnaie indépendante permettrait de financer les investissements productifs, soutenir l’agriculture et l’industrie locale, et renforcer le commerce intra-africain.

En tant qu’économiste, j’ai développé une approche préliminaire pour mesurer les pertes dues à l’utilisation du franc CFA dans les pays de l’AES.

Variables clés :

1. Pertes liées aux réserves déposées au Trésor français : calcul de la rémunération perdue sur les 50 % de devises immobilisées.

2. Différentiel de croissance économique : estimation de la croissance potentielle si les pays avaient eu une monnaie plus flexible.

3. Structure des échanges commerciaux : pertes dues à une spécialisation forcée et à la faiblesse du commerce intra-africain.

4. Manque à gagner fiscal : impact de la monnaie sur la base fiscale et l’endettement local.

Pays Pertes estimées annuelles liées au CFA (en milliards de FCFA)

Niger 350 à 500 milliards FCFA
Mali 400 à 600 milliards FCFA
Burkina Faso 380 à 550 milliards FCFA

Total AES Environ 1 200 à 1 600 milliards FCFA

Ces montants pourraient doubler si l’on considère une période de 20 à 30 ans.

Chaque jour d'utilisation du FCFA coûte au Niger plus de 1 à 1,5 milliard de
francs : "Pensez-y, chaque jour, le Niger à lui seul perd plus d'un milliard en utilisant le franc !
La monnaie est un outil de pouvoir. Tant que nos pays resteront prisonniers du franc CFA, leur destin économique sera dicté par des logiques extérieures. Il est temps de reprendre le contrôle de nos politiques économiques, de bâtir une monnaie forte au service de nos peuples, et de tourner enfin la page de la dépendance monétaire.

La réforme ne sera pas facile, mais elle est incontournable si l’on veut bâtir un Sahel souverain, prospère et maître de ses choix.

Salifou Ibrahim Économiste nigérien, acteur de la société civile et consultant indépendant



Commentaires

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Haba Mutane
Hier
Le Niger ne quittera jamais la zone cfa. Le Burkina et le Mali sont prets pour quitter le cfa mais attendent le Niger qui tourne en rond et doute faute d'un leadership. Pour que le Niger abandonne le cfa, il faut une decision hautement courageuse prise dans l'interet des populations en faisant fi des interets partisans colossaux. Les milliers de milliards voles par le voleur de dan dadji et son gang de malfaiteurs sont encore planques dans les maison et deviendront du papier toilette si jamais le Niger abandonne le cfa. A la lumiere des deux ans que tiani vient de passer juché au sommet de l'etat, chaque nigerien a son idee sur la capacite, la volonte mais surtout le courage de l'homme a franchir le pas.
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0
Salifou
Hier
Le respect envers l’homme commence par l’homme lui-même de se respecter....🙏🙏🙏
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Abdoulaye
Hier
Je suis suis du même avis que mon prédécesseur,dans cette démarche pour la quête du changement des pays de l'AES le Niger doit aussi se démarquer pour l'intérêt général non de quelques individus,on a pas droit à l'erreur,par l'histoire le Niger ne trahit jamais........
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1
DAOUDA BERE
20 heures ya
Même si nos terres sont entièrement à notre possession, il est impératif que nous soyons indépendant économiquement, cela est faisable que si et seulement si nous chavirons le bateau de "l'esclavage monétaire" ...
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0
Ibrahima Langbore
18 heures ya
A quand nôtre device principal a nous. :-| :-| :-|
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Harounahassanemoumou
11 heures ya
Travaux de voiture avec chauffeur
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0
François Laroche
8 heures ya
Je suis Français et approuve totalement la sortie des états de l'AES du Franc CFA. Cependant je m'interroge sur un point. Actuellement le CFA est convertible à 100% de sa valeur car garanti par la France par dépôt de 50% en contre valeurs déposées en France. Il faudra que cette nouvelle monnaie soit cette fois ci garantie pas une contre valeur en or ou autre égale à 100% de la monnaie circulante. Ce phénomène obligera le Niger, le Mali, et le Burkina Faso à bloquer en garantie du double de ce que le CFA obligeait à bloquer. Où trouveront ils cette somme? Et surtout cette somme bloquée ne pourra être libérée afin de développer les infrastructures et l'économie. Toute médaille à son revers. Je pense que la France a tout intérêt à ce que l'Afrique abandonne le CFA. Ainsi, elle ne sera plus critiquée et injustement accusée de ruiner l'Afrique et d'entraver son développement.
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0
Tanou Siriki
3 heures ya
Le CFA, a part son arrimage a l'euro n'a rien avec la France. Le compte des opérations est logé a la BCEAO, TOUS LES PAYS DE L'AFRIQUE DE L'OUEST ONT POUR 1er PARTENAIRE COMMERCIAL LA CHINE. Sortir du CFA a koz du nom est un complexe vil Maintenant si exister, cest etre souverain sans lien avec le reste du monde, allons y. On sera tous milliardaire en monnaie locale sans valeur. Même la Russie ne voudra pas de nous. Et abec nos Republiquette on ne représentera RIEN.
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