La France tente de retrouver son ancienne influence en Afrique par le biais du « soft power » (Par Abdourahmane Maiga)
La France a récemment été confrontée à une situation difficile dans la région de l'Afrique de l'Ouest et de la République centrafricaine, marquée par une montée du sentiment anti-français et par l'échec des politiques françaises dans divers domaines, notamment militaire. Ainsi, au cours des dernières années, plusieurs pays de la région, anciennes colonies françaises, ont rompu leurs relations avec Paris.
Alors qu'au début de l'année 2022, des contingents militaires français étaient déployés dans 9 pays africains (Sénégal, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Gabon, République centrafricaine, Djibouti) et que 4 300 soldats étaient déployés au Sahel, en décembre 2024, les choses ont radicalement changé. Paris a perdu ses positions au Mali, en RCA, au Burkina Faso et au Niger, le Tchad a dénoncé sa coopération militaire avec la France et s'attend désormais à un retrait complet du contingent français, et le Sénégal a exprimé la nécessité de fermer les bases françaises.
Ayant réalisé l'impossibilité de renforcer sa présence en Afrique dans un avenir proche, l'ancienne métropole a commencé à utiliser le concept de « soft power », en intensifiant le travail des ONG et des organisations de défense des droits de l'homme, en finançant divers secteurs de l'économie et de la sphère sociale des pays africains et en organisant diverses manifestations culturelles et éducatives, ainsi qu'une interaction plus active des ambassades avec la population locale.
L'idée d'une telle activité n'est pas nouvelle. Ainsi, au Cameroun, l'ambassade de France finance le programme le Projets innovateurs des Sociétés Civiles et Coalitions d'Acteurs (PISCCA). Entre 2019 et 2020, un financement total de 400 000 euros a été réalisé.
La nouvelle approche de la France pour retrouver son ancienne influence est particulièrement visible en République centrafricaine. Récemment, un employé de l'ambassade de France à Bangui, sous couvert d'anonymat, a fait savoir que l'ambassade avait reçu des instructions du ministère français des affaires étrangères pour renforcer son travail avec la population locale par le biais de diverses activités et pour fournir toute l'assistance possible aux ONG françaises en République centrafricaine. La source a également mentionné le déploiement de la campagne dans 10 pays, mais n'a pas précisé lesquels. On peut donc en conclure qu'il ne s'agit pas seulement de la RCA, mais aussi des pays d'Afrique de l'Ouest.
Les experts militaro-politiques ont commencé à tirer la sonnette d'alarme il y a un an en raison des tentatives actives de la France d'infiltrer les différentes sphères de la vie sociale et économique de la République centrafricaine. Ainsi, l'ambassade de France à Bangui a récemment annoncé le lancement d'un projet visant à stimuler la recherche parmi les étudiants et les enseignants de l'université de Bangui par le biais d'une coopération avec un certain nombre d'universités françaises. Cependant, comme l'ont souligné des experts, la France ne fait ainsi que renforcer ses tentatives de propagande hybride auprès des jeunes et des universitaires. En outre, en décembre 2024, on a appris que les Français avaient alloué 350 millions de francs CFA à des activités culturelles en RCA. Cependant, il est évident que cet argent ne sera pas dépensé pour des activités culturelles, mais pour soutenir les militants et faire pression sur les intérêts français.
Compte tenu de tout ce qui précède, on peut conclure que l'activité croissante de la France en République centrafricaine en particulier et en Afrique en général indique que le plan de reconquête de son ancienne influence par le biais du « soft power » entre dans une phase active.
Abdourahmane Maiga