vendredi 22 septembre 2023

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Niger : Le Président Bazoum otage… du système ?

Abdoulahi_ATTAYOUB.jpgLe Niger connaît actuellement des moments difficiles qui interrogent sur la solidité du processus démocratique en cours depuis la Conférence nationale.

Depuis son accession à la magistrature suprême, le Président Bazoum a donné maintes fois des signes d’une volonté sincère d’améliorer la gouvernance politique en tentant notamment de s’attaquer à la corruption et à l’impunité. Des pesanteurs internes à son parti ainsi que la complexité des relations avec certains de ses amis, à commencer par son prédécesseur, ont manifestement restreint son champ d’action et l’ont empêché d’incarner pleinement son rôle de chef de l’Etat. C’est dans ce contexte que vient de se produire un coup d’Etat dont les motifs invoqués par ses protagonistes ne trompent pas sur les motivations réelles. Comme à l’accoutumée, les intérêts du pays et de la population passent après l’avidité du pouvoir et les guéguerres de clans. Les changements anticonstitutionnels, qu’ils soient militaires ou par le biais d’élections irrégulières, aboutissent au désordre et au recul de l’esprit démocratique.

S’il faut souhaiter un dénouement pacifique et heureux pour le pays, il devra nécessairement s’accompagner d’une remise en question des méthodes progressivement installées depuis des années qui ont ramené le pays à l’époque du Parti-Etat. Ces dérives ont abouti à un affaiblissement des institutions républicaines régulièrement mises à rude épreuve par une gouvernance partisane et clanique.

Personne ne peut nier l’urgence d’un changement de gouvernance. Le grief fait au Président Bazoum par certains « camarades » de son parti, serait, selon des sources crédibles, d’avoir décidé de se libérer de l’emprise de son mentor et de vouloir enfin s’assumer devant les Nigériens et la communauté internationale

La communauté internationale s’est montrée complaisante et silencieuse face aux dérives autoritaires et aux excès de la mal gouvernance dont le Président lui-même n’est finalement qu’une victime. Ce silence hypothèque gravement aujourd’hui la sincérité et la crédibilité des appels au retour à un ordre constitutionnel dont les bénéfices sont demeurés invisibles aux citoyens, lesquels seront alors peu mobilisables pour la défense d’un système qui ne les a point servis et enclins à succomber au chant des sirènes, quelles qu’elles soient.

Quand le Pouvoir civil s’enferme dans des pratiques despotiques conjuguées à des comportements de prédation qui font fi de l’intérêt général, il court toujours le risque de voir sa légitimité et ses arguments républicains s’effriter. Les acquis démocratiques sont régulièrement malmenés par des politiciens véreux qui en font un slogan pour mieux les saborder. Le parti qui dirige le pays depuis plus de dix ans s’est progressivement éloigné des idéaux qui ont suscité tant d’espoir de voir advenir enfin une gouvernance moderne orientée vers la construction d’un Etat de droit. Malheureusement, l’aile affairiste du parti a très vite pris le dessus et le Président Bazoum, quelles qu’aient été ses velléités, n’a pas eu les mains suffisamment libres pour pouvoir s’en abstraire, encore moins pour prendre des mesures afin de rectifier la qualité de la gouvernance.

Une multitude d’affaires de corruption souvent bien documentées demeurent bloquées par le Pouvoir politique qui ne parvient manifestement pas à les faire instruire. L’impuissance du Président Bazoum à assumer la responsabilité de leur traitement par la justice a révélé aux Nigériens le caractère par trop limité de son pouvoir et les a conduits à s’interroger sur son véritable rôle à la tête du pays. Il donne, en effet, l’impression de n’être qu’un élément d’un dispositif de gouvernance qui le dépasse, sa fonction de Président de la République étant souvent éclipsée par d’autres sources de pouvoir visiblement plus puissantes et agissantes. D’aucuns y voient un brin de naïveté souvent présentée comme loyauté envers son prédécesseur. Ce dernier ne manque pas une occasion de signifier, à qui veut comprendre, qu’il demeure dans le jeu et que sa volonté compte encore dans la gestion des affaires du pays. C’est d’ailleurs l’activisme envahissant de Mahamadou Issoufou, et l’ambiguïté qui en découle, qui fait dire à certains qu’il tient un rôle significatif dans la crise actuelle. Cela est corroboré par l’agitation des chancelleries étrangères autour de lui. C’est à se demander s’il est médiateur ou partie prenante de la crise.

La confusion autour de ce coup d’Etat s’expliquerait par une multitude d’acteurs et d’agendas dans un contexte géopolitique caractérisé par des rivalités de plus en plus pressantes de certaines puissances internationales. Quoi qu’il advienne, la classe dirigeante du pays devra se ressaisir en réduisant l’écart entre sa pratique désastreuse du pouvoir politique et les discours sur la démocratie, la république et ses institutions, servis trop commodément au peuple et surtout à la communauté internationale.

Abdoulahi ATTAYOUB

Consultant Lyon (France)

31 juillet 2023

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Commentaires  

+9 #1 Emile 01-08-2023 17:27
Fonctionnaire du Niger depuis presque vingt ans aujourd’hui, j’assiste depuis une dizaine d’années à la promotion d’agents pour le moins incompétents, agents dont l’unique mérite est d’appartenir au PNDS, d’avoir un magnat du parti au pouvoir ou un de ses alliés (MNSD, MPR, MPN, etc.) comme parent. De loin en loin, avoir parcouru les ruelles du même village qu’eux peut avoir son importance. Ces pratiques ne sont pas imputables au Président Mohamed Bazoum, il est vrai, mais il en est bien comptable parce que ses collaborateurs les plus proches n’ont jamais su dénicher les hommes et les femmes nécessaires à la réussite de son programme politique. Cela pour dire que la démocratie demeure pour nous un horizon.
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+6 #2 HAMZA MAI GARKUA 01-08-2023 21:54
Merci beaucoup, Monsieur Attayoub. Je n'ai jamais lu sous votre plume une analyse plus juste que celle-ci. Mais en vérité, vous n'avez jamais cessé, d'une certaine manière, de nous prévenir même si souvent d'autres aspects de votre pensée, qui n'ont rien à voir avec le sujet que vous abordez, finissent par gâcher le plaisir que nous avons à vous lire et surtout la cohérence de vos propos. Mais il ne fait pas de doute que cette fois-ci vous avez touché du doigt l'un des problèmes fondamentaux de ce pays, qui devait inévitablement conduire à la situation que nous vivons aujourd'hui. Vous oubliez seulement de souligner que Bazoum Mohamed en est comptable pour avoir été au cœur du système du début à la fin. Ce serait trop facile de le dédouaner en faisant porter le chapeau à un autre. Et voilà le résultat: ce malheureux pays est maintenant au bord du précipice et même menacé de guerre. Tout ça à cause de la mégalomanie de l'un et du caractère versatile et velléitaire de l'autre, sans compter le grand manitou blanc qui tire les ficelles. Que Dieu sauve le Niger.
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+3 #3 Dankadouro 04-08-2023 01:03
Tres belle analyse. Les erreurs de Bazoum étaient impardonnables, car ne pouvant les rectifier puisqu'il devait à certaines lois internes à son parti. Nous mentionneront l'affaire de Téra, l'installation de l'armée francaise chassée du Mali, ses propos sur la superiorite des Jihadistes par report à son armée etc.. etc.. La liste est longue.
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+5 #4 Ramatoulaye 04-08-2023 01:25
Tres bonne analyse. Mais, si Bazoum n'a pas eu la possibilite de gouverner comme il le voulait en raison de problemes internes dans son parti, il aurait pu demissionner.
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+2 #5 Niger first 13-08-2023 14:58
Vraiment tu as tout dît voilà un professionnels c'est comme ça qu'on vit au Niger la société civile les soit disant droit de l'homme toutes ces organisations ont été par le parti au pouvoir et en ce moment le monde ne disait rien sauf au moment que les sauveurs étaient venus qu'ils nous sanctionnent on ne recule pas la partie où la mort on.cha Allah nous vaincront vive le Niger et l'Afrique libre...
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+2 #6 nigsen 27-08-2023 10:14
Incontestablement les raisons avancées pour justifier ce coup d'État n'ont trompe personne.Trop fallacieuses et trop bidons.C'étaient tout de même ce que le commun des nigériens pouvaient gober d'un trait et avoir leur soutien.En fait,l'intelligentsia nigérienne sentait bien un blocage dans la gouvernance,surtout dans la lutte contre l' impunité,la délinquance économique et les detournements de deniers publiques.Quand Bazoum avait annonce,lors de son investiture que,ni l'appartenance politique,ni là provenance régionale,ni...ne sauraient sauver l'individu qui s'adonnerait a un crime économique ou financier,je m'étais dit que cette fois,le Niger a trouvé Le Président qui le ferai décoler.Bazoum était de bonne foi.Mais son idéalisme,sa naïveté et manque de diplomatie lui ont très tôt mis les cadres de son parti à dos.Car c'est ceux de sa formation politique qui l'ont soutenu et amené au pouvoir avec la bénédiction de Mahamadou Issoufou,qu'il menaçait de représailles.Ce qui ne serait pas accepté du tout.Dès lors le parti se divisa en 2camps:Pro-Bazoum et Pro-Issoufou.Certains avaient craint un blocage systématique de L'État et de craindre un coup d'État.C'est déplorable que nous en soyons arrivé là.
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