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 agriculteurs nigeriens

Hadiza Abdou cultive une parcelle communautaire de 1,5 hectare équipée d'un système d'irrigation au Niger. L’équipement et la formation qu’elle a reçus, avec l’appui du Programme d’Irrigation du Niger (PIN), allègent son travail et lui permettent de consacrer plus de temps à sa famille. « Lotti lotti kandé dogonay », nous dit-elle. « Le goutte à goutte facilite la vie. »

L’agriculture représente 40 % du PIB du Niger et emploie plus de 80 % de sa population. Néanmoins, l’exploitation agricole est gravement touchée par la rareté des ressources en eau, une situation que le changement climatique ne fait qu’aggraver.

Pendant les trois mois de la saison des pluies au Niger, ce sont surtout les hommes qui cultivent la terre. Même si des inondations peuvent affecter certaines régions du pays et entraîner des pertes agricoles, les précipitations sont synonymes de bonne récolte, et à cette époque de l’année, les champs regorgent d'oignons, de choux, de tomates et de melons canari, un fruit particulièrement sucré et savoureux. Mais pendant la longue saison sèche qui s’ensuit, et qui s’étend d'octobre à mai environ, la plupart des hommes cèdent les champs aux femmes et partent chercher du travail ailleurs.

Depuis des générations, les agricultrices du Niger marchent sous un soleil de plomb pour aller chercher l’eau au puits et arroser leurs cultures, une tâche ardue qu’elles effectuent plusieurs fois par jour. Non seulement éreintante, cette routine est dangereuse. Les femmes doivent parfois parcourir des kilomètres pour atteindre le puits le plus proche, dans un pays de plus en plus proie à l’insécurité. Malgré tous ces efforts, les seaux ne remplacent pas les pluies diluviennes et les femmes obtiennent généralement des récoltes moins abondantes, donc des revenus inférieurs à ceux des hommes. Cette répartition du travail, qui penche clairement en faveur des hommes, est profondément ancrée dans le secteur agricole du Niger, principale source d’alimentation et de revenus pour la majeure partie de la population.

Dans l'agriculture, comme dans d'autres secteurs, les femmes sont souvent confrontées à davantage d'obstacles que les hommes pour accéder aux intrants (semences ou engrais, par exemple) et aux services essentiels, notamment la formation ou le financement. Toutefois, au cours des quatre dernières années, une technologie simple mais très efficace, l'irrigation goutte à goutte, a transformé la façon dont les femmes cultivent leurs terres et leur a permis de prendre leur vie en main. 

Le potentiel de transformation de l’irrigation goutte à goutte

Déployé sur trois ans, de 2018 à 2021, le Programme d’irrigation du Niger associe l’expertise d’IFC, la technologie de Netafim, un leader mondial dans les solutions de micro-irrigation, le financement du Programme Pilote de résilience climatique du Fonds d'Investissement pour le Climat, et le soutien du gouvernement nigérien. Ce partenariat a permis d’aider les agriculteurs en leur fournissant un kit d'irrigation et la formation nécessaire à l’utilisation de la technologie qui, alimentée par des pompes à énergie solaire, amène lentement l’eau à la base des plantes, goutte à goutte.

Le programme a suscité l’enthousiasme des femmes et témoigne de leur aspiration au changement. 540 femmes se sont inscrites pour y participer (soit environ 60 %), sur un total de 900 agriculteurs. Au cours de la première saison agricole du projet, 187 femmes ont déclaré avoir utilisé cette nouvelle technologie pour au moins un cycle de culture. Beaucoup ont obtenu des récoltes deux, voire trois fois plus abondantes que d’ordinaire. Plus précisément, 87 % des agriculteurs concernés (hommes et femmes) ont fait état d'une augmentation de leurs rendements.

À la fin du programme, au moins la moitié des agricultrices formées continuaient à utiliser l'irrigation goutte à goutte. Quatre femmes sur cinq ont fait part d'une augmentation de leurs revenus, un excellent résultat en soi. L’impact du projet a encore été multiplié lorsque la grande majorité d’entre elles (90 %) ont indiqué investir leurs gains dans les soins de santé de la famille, l'épargne et les besoins du ménage.

 « Je suis agricultrice depuis plus de 30 ans. Aujourd’hui, il ne pleut pas assez et la chaleur est plus forte qu’avant. Grâce à l’irrigation goutte à goutte, je gagne plus d’argent. Cela m’aide à payer le petit-déjeuner de mes enfants et de mes petits-enfants, et leurs frais de scolarité », raconte Fatima Heruma.

Au-delà du renforcement des moyens de subsistance et de la stabilité financière, la technologie du goutte à goutte a eu un impact positif sur la sécurité et la qualité de vie des agricultrices. Neuf femmes sur dix ont fait état d'un sentiment de sécurité personnelle accrue, comme elles n’ont plus à aller puiser l’eau au puits, ou beaucoup moins. Les travaux des champs étant moins contraignants, 83 % des femmes disposent de plus de temps pour elles ou pour leur famille.

Un nouvel écosystème des entreprises agricoles

Grâce au Programme d'Irrigation du Niger, tout un écosystème du marché de l'irrigation se développe. Des entreprises locales, comme Talbus Engineering, Agrimex et Nirritech, ont vu le jour pour répondre à la demande en matière de fourniture, d'installation et de maintenance de systèmes d'irrigation. Nombre de ces entreprises aident les agricultrices nigériennes à travailler sur un pied d’égalité avec les hommes.

« Les femmes ont compris qu'elles n'ont plus besoin de travailler toute la journée dans les champs, explique Seyni Ganda, fondateur et directeur de Nirritech, l'une des nouvelles entreprises spécialisées dans les technologies d'irrigation avancées. Certaines femmes deviennent plus riches que les hommes. Elles peuvent désormais soutenir financièrement leur famille. »

Le Programme d'Irrigation du Niger a été mis en œuvre par la Plateforme de production agricole durable d’IFC, qui fournit des conseils techniques sur les pratiques d'agriculture durable et d'inclusion sociale. IFC soutient également les clients de l'agro-industrie pour qu'ils comblent les écarts hommes-femmes et bénéficient de l'inclusion des femmes dans leur chaîne de valeur. Pour en savoir plus, consultez l'étude de cas du Programme.



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