Coopération militaire : l'engagement de la France au Sahel sur des bases renouvelées et conformes aux aspirations des Etats (Par Ismaël Djibo)
La récente décision du Burkina de mettre fin au stationnement d'un détachement des soldats des forces spéciales de l'opération au Sahel "Sabre" sur son territoire dans un délai d'un mois a été interprétée par certains par la preuve d'une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Il n'en est rien et comme l'aspiration des autorités de transition burkinabé d'inaugurer un nouveau registre de partenariat renouvelé s'inscrit parfaitement dans la droite ligne des principes fondamentaux du nouvel engagement de la France au Sahel.
Ceux qui s'attendaient à une rupture des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France, dans le sillage de ce qui s'est passé au Mali voisin, en ont eu certainement pour leur frais! Dans le premier entretien qu'il a accordé aux médias et qui a été publié vendredi 03 février 2023 sur la RTB, le Président de la Transition a levé toute équivoque sur les derniers évènements ayant émaillés les relations entre Paris et Ouagadougou. "Il n’y a pas de haine contre un partenaire particulier", et en aucun cas pas "de rupture diplomatique" avec la France mais de "rupture d'un accord militaire" comme cela était convenu dans les dispositions de l'accord, a clairement mis au point, le capitaine Ibrahim Traoré.
"Il n'y a pas de dents contre un partenaire particulier, c'est un accord militaire. Dans le texte de l'accord, il est prévu qu'une des parties puisse le dénoncer. Donc c'est juste un processus qui a été enclenché, ça n'a rien à voir avec la diplomatie. L'ambassade française est là, les ressortissants français sont là, de même que notre ambassade là-bas. Il n'y a rien diplomatiquement qui a été touché. Notre souveraineté dépend de nous, et c'est ce que nous réclamons à travers la dénonciation de cet accord". Capitaine Ibrahim Traoré.
Il importe d'ailleurs de relever que la mise en œuvre des dispositions de cet accord a été conduit dans les manières et l'art diplomatique. Aussitôt la demande des autorités burkinabés officiellement formulée, en effet, les autorités françaises ont pris acte et accepter de se conformer dans le délai d'un mois conformément aux termes de l'accord de partenariat renouvelé de 2018 entre les deux Etats. Cela mérite d'être mis en exergue car il témoigne, si besoin est, d’une certaine maturité de la part des deux états.
A titre de rappel, les quelques 400 militaires des forces spéciales de l'opération "Sabre" étaient jusque-là et depuis 2010, basés au camp militaire de Kamboissin, près de Ouagadougou. Elle a été très active dans plusieurs pays sahéliens notamment en 2010 au Niger, lors de la prise d'otages de deux citoyens français au restaurant "le Toulousain de Niamey", et aussi et surtout au Mali, où les soldats français étaient les premiers sur la ligne de front aux cotés des forces maliennes pour stopper la fulgurante percée des groupes djihadistes qui menaçaient Bamako à partir du septentrion malien, déjà sous leur coupe. La réactivité et l'efficacité de ces soldats a été décisif pour stopper l'avancée des assaillants ainsi que le déploiement de l'opération "Serval", et par la suite l'arrivée des soldats de la paix de la MISMA et de la MINUSMA.
A partir de 2104 et le déclenchement de l'opération française au Sahel "Barkhane", les soldats de "Sabre" se sont plus concentrés sur des opérations ciblées visant, entre autre, à traquer et à éliminer les chefs djihadistes ainsi qu'à libérer des otages de nationalités différentes. Opérant dans un quasi-anonymat mais avec une redoutable efficacité comme en témoigne les nombreux succès des opérations qui se traduites par la neutralisation de plusieurs cibles de haute valeur de la galaxie djihadiste au Sahel, les soldats de "Sabre" ont participé à de nombreuses missions stratégiques et dont certaines en toute discrétion conformément aux règles d'engagement ainsi qu'à la spécificité des actions de ces militaires aguerris.
Partenariat renouvelé
N'en déplaise donc aux détracteurs et autres vendeurs d'illusions, le partenariat entre la France et le Burkina ne souffre d'aucune contestation comme cela est ressassé ici et là. "Nous voulons des partenariats gagnant-gagnant, pas de partenariats flous", a souligné le capitaine Traoré lors de son entretien. C'est de bon augure d'autant que c'est exactement dans ce registre que s'inscrit la nouvelle dynamique que veut impulser la France dans ces relations avec les pays du Sahel. C'est du reste ni plus ni moins que ce qui a été au cour des échanges entre les nouvelles autorités burkinabés lors de la visite à Ouagadougou, le 10 janvier dernier, de Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat auprès de la ministre française des Affaires étrangères en charge des Partenariats. " Je suis venue échanger sur notre partenariat, sur la direction que nous souhaitons lui donner en écoutant les attentes des autorités burkinabè et dans le grand respect de la souveraineté du Burkina Faso ", a-t-elle laissé entendre à la suite de son entretien avec le Président de la Transition à qui elle a assuré que la France est un partenaire constant, engagé aux côtés du Burkina dans les épreuves qu’il traverse et prêt à le rester.
" La France est engagée au Sahel depuis 2013 et c’était sur la demande des pays de la région et comme l’a annoncé le président de la république Emmanuel Macron le 9 novembre dernier, nous sommes prêts à poursuivre notre engagement, mais dans un cadre renouvelé avec les pays qui souhaitent. Il n’est pas question de lutter contre les terroristes à la place de nos partenaires, mais de le faire avec nos partenaires à leur demande en appuyant leurs stratégies et en réponse à leur besoin". Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’Etat auprès de la ministre française des Affaires étrangères
Voilà qui est dit et qui cadre parfaitement avec les aspirations des autorités burkinabé. D'autant que comme c'est le cas actuellement au Niger, les premiers résultats sont assez édifiants comme en témoignent les succès sur le terrain de la lutte contre le terrorisme...
Ismaël Djibo
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