L’Autre… (Par Aissata Hamidou Hamadou)
Dans les contes qui ont bercé nos jeunesses, beaucoup se plaisent à relever des caractéristiques « africaines » des héros des contes du continent : politesse, obéissance aux anciens, sens de la communauté, persévérance dans les difficultés de tous ordres.
Birago Diop, immense conteur sénégalais, indique comment un peuple doit vivre : en faisant confiance aux autres, car la méfiance se retourne toujours contre soi.
La confiance est une vertu qui a malheureusement tendance à disparaître de notre pays.
Absence de confiance en l‘Etat et ses structures, absence de confiance en l’autre…
Tout semble fait pour que nous nous comportions comme des animaux sociaux égocentriques à souhait sans interactions avec l’Autre.
Cet Autre qui parfois n’est rien mais en réalité est tout.
Vivre avec les autres est une expérience banale, mais le lien humain est ce qui façonne notre devenir et notre identité.
Qu’est notre vie comme relation à autrui ?
L’Autre n’est pas moi mais est mon semblable et c’est pour cela qu’il doit être reconnu comme tel.
L’étranger est peut-être la figure qui permet le mieux de saisir ce qui se joue dans la reconnaissance de l’autre. L’étranger est par définition celui qui est extérieur à mon monde, à mon groupe d’appartenance, à mon univers familier, à ma culture, à ma religion et à mes valeurs.
Il est, par « nature », celui qui n’est pas d’ici ; il vient d’ailleurs, du dehors, d’un autre pays, du lointain.
L’Autre est donc différent de moi et c’est dans cette différence que s’établit ma relation à lui.
Dans ces conditions, la meilleure façon de vivre avec les autres serait, en définitive, d’apprendre à les connaître et de savoir ce qu’ils peuvent nous apporter en termes d’aide et non pas considérer à priori que celle-ci est malsaine, emplie de mauvais sentiments et de sombres calculs.
Dans ce cas précis l’aide importante que nous apportent certains bailleurs ne peut être taxée il me semble d’ingérence. Des centres de santé, des écoles et tant d’autres choses n’auraient pu être réalisés sans leur aide financière. L’Agence Française de Développement, à l’instar d’autres bailleurs comme la Banque mondiale ou la coopération Suisse participe à la mise en œuvre de plus d’une trentaine de programmes, traitant d’éducation, de santé ou d’autonomisation que cela soit des personnes ou des lieux.
Devons-nous sous prétexte que c’est l’autre refuser cela ? Il y a un graffiti sous le premier échangeur à Niamey qui dit que « l’étranger n’est pas un virus ».
Et si cela était vraiment vrai ?
Aissata Hamidou Hamadou
Professeure Hist-Géo, Français.
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