Lettre ouverte à M. le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance hors classe de Niamey (par Anawar Abdoulaye Arouna)
Monsieur le Procureur,
Par la présente lettre, permettez moi de m'exprimer à vous en tant que citoyen nigérien et aussi en tant que « votre fiston », si toujours était-il que ce lien de filiation continue d'exister et si surtout vous tenez à imprimer dans nos esprits l'image d'un aîné qui doit servir d'exemple. Assurément que vous en avez la capacité, il suffirait juste d'aller chercher la volonté et le courage là où ils se trouvent.
Monsieur le Procureur,
Pour mon jeune esprit, pour le novice en droit que je suis, mon intelligence ne peut comprendre l'impartialité mise pour le traitement des dossiers. En effet comment comprendre que notre plainte déposée dans les locaux de vos bureaux le 02 avril 2020 soit restée lettre morte et peut être même classée irrecevable alors que pas plus tard que ce 10 avril, presque sur un claquement de doigts de la part d'autres citoyens, une plainte déposée contre notre camarade Ali Idrissa soit prise en compte et déclenche aussitôt une foudroyante machine judiciaire. Je ne veux pas encore parler d'un traitement de deux poids, deux mesures , mais ça y ressemble vraiment même si vous avez vos raisons que le bon sens commun ne saurait comprendre. Je ne saurai non plus parler d'une justice à double vitesse, mais tous les ingrédients y sont quand-même. Monsieur le Procureur le justiciable nigérien que je suis, doit-il être toujours dans la soif d'une justice impartiale chez lui pour applaudir les procureurs du Congo et du Mali qui viennent de démontrer aux yeux du monde ce que vaut une justice indépendante et équitable pour tous les citoyens ? La soif des nigériens reste aussi entière et vivace qu'ils attendent de vous que vous redeveniez la main de fer que vous avez été pendant l'affaire dite de supposition de bébés. Car, nous gardons en mémoire la promptitude et l'intransigeance avec lesquelles vous aviez soldé un dossier dont vous vous êtes auto saisi. L'indignation était presque générale après les humiliations subis par des pères de familles, et la détresse des familles était tout aussi immense quand on sait que des ministres et même un haut commandant de la garde nationale ont été envoyés purger leurs peines en prison. Qu'est ce qui a changé en 6 ans monsieur le procureur ?
Monsieur le Procureur,
Il y a 14 ans, ce n'était pas la préhistoire, c'est une histoire assez récente pour que votre mémoire soit toujours fraîche. A cette époque, pour un seul milliard c'est à dire cent fois moins que le scandale au ministère de la défense tombait le gouvernement du premier ministre Hama Amadou. Cette affaire avait au moins eu le mérite de ne pas être frapper du sceau de l'opacité puisque les résultats de l'enquête avaient été rendus publics en toute transparence. C'est à se demander pourquoi c'est aujourd'hui seulement, et devant ce dossier que la justice se trouve tétanisée ?
Monsieur le Procureur, je ne finirai pas sans vous posez deux questions. Monsieur votre paradis serait il dans les mains de Dieu où sous les pieds de Issoufou Mahamadou l'homme à qui profite toutes ces actions ? Monsieur qu'elle image souhaiteriez-vous laisser à vos enfants ? Et vous informer que l'ensemble des nigériens ont appris le récent courrier sorti tout droit de vos bureaux et qui nous demande de fonder nos attentes et nos espoirs sur vos promesses d'une sanction pénale pour quelques uns. Courrier dans lequel d'ailleurs vous aviez mis votre savoir et votre expérience de juge pour conseiller aux uns et aux autres de ne surtout pas soumettre à un lynchage médiatique celles et ceux dont les noms sont cités comme des présumés innocents. C'était le détail de trop pour mettre mal à l'aise tous ceux qui ont eu à écouter les propos du Professeur Katambé qui s'était pourtant exprimé sans ambages et sans langue de bois, mais que vous n'aurez jamais le courage d'interpeller. Espérant que ma lettre vous parviendra, Espérant aussi que votre pleine conscience prendra le dessus sur les autres, je vous prie d'agréer monsieur mes sincères salutations.
Anawar Abdoulaye Arouna, citoyen
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