Niger: Silence on coupe, on censure et.....on démolit
Un ami bien connu des milieux "roses" nigériens, puisqu' appartenant lui aussi à l'Internationale socialiste et grande figure politique dans son pays m'interpellait sur ce ton en cette soirée du 16 novembre 2015: " Dis, M. Saidou, il se passe quoi avec les amis de Niamey. C'est quoi cette censure insensée des médias sociaux et de récusation de toute contestation (....) c'est absurde". A une telle apostrophe, je ne puis m'empêcher d'avoir un rire jaune, et de lui dire :" je n'ai malheureusement pas de réponse ".
Il parlait donc de censure, de libertés, de contestations. Et ne savait pas si bien dire quand presqu'au même moment sur Twitter, je tombai sur un tweet d'une personnalité influente de Niamey, qui y annonçait une interview sur un média étranger. Drôle façon de savourer la liberté de parole et l'usage des moyens de communication. Quand on sort ainsi du pays, on s'en sert, et on n'en conteste l'usage aux concitoyens in situ, sous de trompeurs prétextes. Jetant ainsi le bébé et l'eau du bain. Une simple diversion. C'est franchement choquant.
C'est quoi donc cette démocratie dans laquelle, on assume le déni de la liberté de contester, de s'opposer et de critiquer. Cette démocratie qui féconde des voix rouées de réfutations et de contestations "d'évidentes réalités". Pour justifier une telle imposture, montent au créneau, des thuriféraires tous azimuts, repris par leur relai-liges qui n'ont guère été "brillants" dans le gestion de biens publics, eux-mêmes prédateurs et affairistes certifiés. Si on était dans une démocratie normale, il y aurait donc de ces hommes qui se garderaient vraiment de prendre la parole publiquement. Par pudeur et par principe républicain, car aucune démocratie n'aura fait quartiers à des auteurs d'autant de forfaitures sur les fondements de la démocratie et de la gestion des biens publics.
Non! Mahamadou Issoufou, la communication, même à l'international, n'arrange pas tout. Elle ne suffit pas. Elle ne peut se substituer à la réalité ni ne peut en cacher l'exaltante apparence. Qu'importe qu'on s'affuble de Prix/Distinction par-là ou de discours lénifiant par-ci, la réalité est là, présente et ambiante: des milliers d'écoliers n'ont pas fréquenté un cours depuis un an à Diffa, de dizaines de milliers d'autres citoyens, du fait d'une politique sécuritaire hasardée, se sont retrouvés baluchon sur la tête, éparpillés dans la nature, l'enrichissement illicite se gonfle, quand tout simplement le "règlement de comptes" s'érige en principe de rivalité politique. Je ne parle même pas de cet épandage de toute voix adverse ou même du dépassement du Chef de l'Etat par la complication d'une situation, qu'il a lui-même contribué à plomber, grisé par une faim dévorante de reconquête/conservation du pouvoir.
Tous ces réflexes liberticides ne sont donc que l'effluence d'un système qui s'est fait cerner de toutes parts par "ses" propres difficultés dont l'accumulation entraîne le pays et ses citoyens chaque jour dans le précipice de la radicalisation politique.
Indépendant depuis 55 ans, notre pays a connu 7 Républiques, 5 Présidents et 3 Chefs d'Etat avant Mahamadou Issoufou. Nous avions donc connu de tumultueuses périodes faites de parti unique, d'oppressions politiques, d'exception militaire, de multipartisme et même de Tazartché (continuité dans l'illégalité). Nous avions connu donc des périodes de brimades, de déni de libertés, d'emprisonnement, de destructions et de complots contre les adversaires et autres voix "indociles".
Notre Président fait, malgré tout, comme si rien n'avait été accompli depuis 55 ans, faisant renaître lui aussi des méthodes de gouvernance qui empruntent au parti unique, à la pensée unique/inique, fondant le lit à une manufacture faite d'intimidation politique, d'attaques interposées et de mensonges grotesques. Posant comme un véritable "chef de parti", il ne tire ainsi nulle leçon sur Diori et son "Sawaba", Kountché et ses "progressistes", Ali Saibou et ses "contestataires démocrates", Ousmane et sa "nouvelle majorité", Baré et son "FRDD", ou Tandja face à son "Tazartché" et son AFDR/CFDR.
On ne peut pas dans ce Niger de 2015 s'aventurer à abîmer les libertés, même en bloquant les réseaux sociaux, en espionnant les communications, en molestant des journalistes, en saccageant des maisons de médias ou en interdisant systématiquement toute manifestation de l'opposition politique et de la société civile non satellisée.
Cette théorie de la terreur en cours a pour finalité de mettre le Niger sous une liberté surveillée, au mépris de la démocratie chèrement conquise et acquise. C'est n'est ni concevable ni acceptable.
D SAIDOU
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