Un mariage en 24H chrono…
Ibrahim est un jeune commerçant d’une trentaine d’années. Ses activités économiques marchent plutôt bien. Il se prend en charge et vient en aide aussi à sa famille, notamment, sa mère dont il est l’unique garçon, les autres enfants étant toutes de filles. Safia, la maman de Ibrahim est fière de son fils. Seul bémol, il n’est toujours pas marié. Et Safia meurt d’envie de voir sa légitime belle-fille avant de quitter ce bas monde.
Pour sortir de la vie de célibataire pour rentrer dans la cour des « responsables » comme le pense notre société, Ibrahim jeta son dévolu sur Marie, une fille de 20 ans qui habite le quartier Talladjé. Malgré la distance entre Yantala et Talladjé, Ibrahim se rend régulièrement chez Marie pour le « fakarey » traditionnel, causerie amoureuse en d’autres termes.
Les 2 jeunes s’entendent plutôt bien et au fil des mois, leur relation se solidifie. Très vite, on passe aux fiançailles et Ibrahim amena une dot de 500 000FCFA plus 3 valises vides chez Marie. Chaque fois que le jeune homme propose une date pour célébrer le mariage, sa dulcinée trouve toujours un prétexte pour l’en dissuader. « Attendons encore un peu chéri » n’arrête-t-elle pas de lui dire. Cela va durer un an. A l’entame de la deuxième année de la dot, Marie finit par accepter que la date du mariage soit fixée au samedi24 janvier 2015, c’est-à-dire, la semaine surpassée. Les 2 familles ont eu le temps nécessaire de se préparer et tout est fin prêt pour célébrer l’union sacrée entre les 2 tourtereaux. La veille de la cérémonie religieuse, chez Ibrahim la famille était déjà en fête. La maman Safia commence à savourer la réalisation de son rêve et elle ne s’en cache pas. Les sœurs d’Ibrahim ne sont pas aussi en reste. Elles ont mobilisé tout le nécessaire.
Deux taureaux sont égorgés et dépecés, les chaises et bâches sont louées et disposées à la devanture de la maison, la musique résonnait partout dans le quartier, bref, tout ce qui devrait être fait, l’a été. Il ne restait plus qu’à compter les heures avant le grand évènement.
C’est dans cette ambiance de fête que vers 19heures, après la prière de Maghrib, l’écho parvint à Ibrahim que sa fiancée est introuvable. Marie a disparue des «radars» et personne dans sa famille ne savait où elle est allée. Mais on ne tardera pas à apprendre que Marie a fui, elle ne veut pas du mariage avec Ibrahim.
C’est le scandale. « Ça c’est un affront que nous ne pouvons accepter »s’emportent les sœurs du malheureux fiancé. « Il nous faut trouver une autre fille pour célébrer ce mariage et demain comme prévu » renchérissent d’autres. Le défi est lancé. Les coups de téléphone vont et viennent à la recherche d’une« heureuse élue ». C’est alors que les regards ou du moins les coups de fils, se tournent vers Ramatou, une cousine de Ibrahim qui est à Banifandou. On l’appela immédiatement pour lui proposer de devenir l’épouse de son cousin et dès demain. La fille déclina gentiment l’offre arguant avoir déjà l’élu de son cœur et qu’elle ne pouvait le trahir.
Mais lorsque Ramatou disait à se parents qu’elle ne voulait pas de ce mariage, était présente Aminatou, une petite fille de 16ans qui a quitté sa brousse de Dosso pour vivre à Niamey chez sa grande sœur qui se trouve être la femme du grand frère de Ramatou. Aminatou s’est bien installée à Niamey elle vend même des beignets pour subvenir à ses petits besoins. Elle se préparait justement à aller à son point de vente lorsque la mère de Ramatou lui a posé d’un ton plaisantin la question suivante : ou bien tu acceptes d’épouser Ibrahim ? » Sans hésiter elle répondit par l’affirmative « oui, je veux bien » dit-elle. S’engage alors un dialogue qui finit par sceller l’accord. Mais tu ne le connais même pas, tu ne l’as jamais vu ? S’inquiéta la mère de Ramatou. « Oui mais ça ne fait rien, je suis d’accord ». Tout de suite le coup de fil est parti et dans les minutes qui suivent voilà notre Ibrahim qui vient en trombe découvrir pour la première fois de sa vie celle avec qui il convole en justes noces dans quelques heures.
Au bout d’un bref entretien en tête à tête, la question de savoir si Aminatou lui allait bien a été posée à Ibrahim qui répond « oui, je la veux ». Répondant à la même question, la fille aussi dit vouloir de son tout nouveau gars. Evidemment, ce soir-là, il n’y a pas eu de vente de beignets, Aminatou a fini la soirée au salon de coiffure pour se faire belle avec pour la première fois de son existence pédicure et manucure. Le lendemain, très tôt le matin, la famille de Ibrahim apporta une dot de400 000FCFA à Aminatou avec 2 valises vides. L’après-midi, le mariage a été célébré pour le meilleur et pour le pire, suivi de la nuit de noces. Une noce qui a visiblement répondu aux attentes de Ibrahim puisque le lendemain, il a « cajolé »de cadeaux dont une enveloppe de100 000F pour récompenser la virginité de la fille.
Pendant que les jeunes gens savouraient leur découverte, la famille adoptive de Aminatou a fait le nécessaire. Les meubles et autres ustensiles sont payés et la maison des mariés a été ornée et bien équipée comme on le veut la tradition. Pour l’instant, le couple semble très heureux et aucun des deux ne donne l’impression de regretter son choix précipité. Comme quoi, le mariage, c’est aussi et surtout, une question de DESTIN.
Amadou BELLO
Le monde d’aujourd’hui
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