Médias et information : l’Observatoire de la Communication entre officiellement en fonction

Le Ministre de la Justice, Alio Daouda, a procédé ce mercredi 26 novembre à l’installation officielle des membres de l’Observatoire National de la Communication (ONC), une institution appelée à jouer un rôle central dans la régulation de l’information à l’heure des infox et des défis numériques.
Ces membres, qui avaient prêté serment cinq jours plus tôt, entrent désormais en fonction dans un contexte où la Refondation nationale place l’information au cœur des priorités.
Prenant la parole, le Président de l’ONC, Ibrahim Manzo Diallo, a rappelé le caractère solennel de l’engagement pris par les commissaires. « Ils s’engagent devant la Nation à servir avec loyauté, intégrité et responsabilité », a-t-il insisté, soulignant que l’installation intervient « dans un contexte particulier où la Refondation requiert unité, discipline et rigueur ».
Face à une scène médiatique bouleversée par la montée des fausses informations, l’emprise des réseaux sociaux et la pression des plateformes numériques, Ibrahim Manzo Diallo a dressé un tableau lucide des défis à venir : viralité incontrôlée, anonymat propice aux dérives, multinationales du numérique échappant à toute prise juridique, algorithmes amplifiant le sensationnel. « Dans cet environnement toxique, le rôle du régulateur est crucial », a-t-il prévenu.
Le Président de l’ONC a plaidé pour une régulation modernisée, appuyée sur l’éducation aux médias, des technologies de modération adaptées, une collaboration accrue avec les plateformes et un dialogue permanent avec les professionnels de l’information. Il a également pointé les contraintes qui pèsent déjà sur l’Institution : moyens financiers limités, pénurie de compétences spécialisées, nécessité d’outils numériques performants. Autant de défis qui, selon lui, « ne doivent jamais être des excuses pour l’inaction ».
Rappelant que la liberté d’informer s’accompagne de devoirs, il a exhorté les acteurs médiatiques à exercer leur métier avec sens de l’État. Certaines informations, a-t-il estimé, bien que fondées, « servent mieux la Nation lorsqu’elles demeurent dans les tiroirs de la responsabilité journalistique ».
Il a toutefois tenu à dissiper toute inquiétude : l’ONC n’a pas vocation à devenir un instrument de pression ou de censure. « Il ne sera ni un outil de répression, ni une entrave à la liberté d’informer », a-t-il assuré, tout en condamnant fermement les dérives qui gangrènent une partie du paysage médiatique : diffamation, chantage, manipulation ou menaces contre la cohésion sociale.
Pour illustrer l’esprit dans lequel les membres entendent conduire leur mission, Ibrahim Manzo Diallo a cité une sagesse du nord du pays : « Le berger avisé sait toujours conduire son troupeau vers le bien-être, même au cœur des terrains les plus hostiles ». Une manière d’affirmer la volonté de l’ONC d’avancer avec prudence, mais avec détermination, vers ce qu’il a décrit comme « l’aube nouvelle » recherchée par le Niger.




Commentaires
Ndongo samba Sylla dénonce des critères de convergence qui "maintiennent les pays dans la pauvreté". Sans souveraineté monétaire, affirme-t-il, aucun développement n'est possible en Afrique de l'Ouest
Et quand TOTO A DIT partage..
L'économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla a vivement critiqué les mécanismes de l'Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), affirmant qu'aucun développement n'est possible sous le régime actuel du franc CFA. Lors d'un entretien accordé à l'Agence de Presse Sénégalaise (APS) en marge d'un atelier de recherche, il a dénoncé des critères de convergence qu'il juge « sans sens » et responsables du maintien de la pauvreté dans la zone.
Intervenant lors d'un atelier destiné aux jeunes chercheurs sur les approches hétérodoxes de l'économie, Ndongo Samba Sylla a posé un diagnostic sans appel sur l'architecture monétaire en vigueur
A suivre
dans les huit pays de l'Afrique de l'Ouest utilisant le franc CFA. Selon lui, « il est impossible de se développer dans le cadre du franc CFA » tel qu'il est conçu actuellement.
L'économiste soutient que la transformation économique d'une nation nécessite impérativement « un contrôle souverain sur la monnaie et la finance », un levier qui, d'après lui, « n'existe pas dans le cadre du système CFA ».
Pour Sylla, l'intégration actuelle au sein de l'UEMOA s'apparente davantage à une « intégration néocoloniale » qu'à un véritable outil de coopération bénéfique aux États membres.
Au cœur de son argumentation, Ndongo Samba Sylla a fustigé les critères de convergence imposés aux États membres, notamment la limitation du déficit budgétaire à 3% du PIB. Il analyse cette contrainte comme une interdiction faite à l'État de « créer une richesse financière nette pour le secteur privé qui dépasse 3% », ce qui,
selon lui, « n'a pas de sens » économique.
Il dénonce une institutionalisation de règles qui « maintiennent les pays dans la pauvreté », empêchant les gouvernements d'utiliser le déficit comme un instrument de relance ou de soutien au secteur privé lorsque la conjoncture l'exige.
Abordant la question de la dette publique, souvent citée comme motif de rigueur budgétaire, l'auteur de L'arme invisible de la Françafrique a contesté la pertinence du plafond d'endettement fixé à 70% du PIB. Il rappelle qu'une dette libellée en monnaie nationale est fondamentalement différente d'une dette en devise étrangère.
Cette comparaison vise à démontrer que la solvabilité d'un État dépend moins de son ratio dette/PIB que de sa souveraineté monétaire.
Ndongo Samba Sylla appelle à « envisager l'intégration autrement », libérée de ce qu'il qualifie de « carcan néocolonial ».