État civil au Niger : le Niger mobilise ses communes pour assurer l'identité juridique de chaque enfant
Sous l’égide du Ministère de l’Intérieur et avec l’appui de l’UNICEF, le Centre International des Conférences Mahatma Gandhi a accueilli ce mardi le lancement officiel de la campagne nationale visant à mobiliser les communes pour l’enregistrement universel des naissances. Cette initiative stratégique marque une étape clé dans la refondation du système d’état civil au Niger, garantissant à chaque enfant une identité juridique et un accès aux droits fondamentaux comme l’éducation, la santé et la protection sociale, tout en renforçant la souveraineté nationale.
La campagne s’inscrit dans la continuité d’une décennie de réformes de l’état civil, adaptées aux standards internationaux et aux exigences de gouvernance, de sécurité et de développement. Administrateurs délégués de la Ville de Niamey, de ses cinq arrondissements et des 45 communes de Tillabéri se mobilisent pour partager la responsabilité de l’état civil et accélérer l’enregistrement des naissances.
Cette initiative offre également l’occasion d’évaluer les progrès accomplis et de combler les écarts restants, car tant qu’un enfant n’est pas enregistré à la naissance, il demeure invisible et exclu des services sociaux essentiels. Les 266 communes du Niger sont ainsi invitées à accroître significativement leur taux d’enregistrement et à devenir de véritables « champions » des droits des enfants.
La cérémonie a été rehaussée par la présence du Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, le Général de Division Mohamed Toumba, de la Représentante de l’UNICEF au Niger, Mme Djanabou Mahonde, ainsi que de nombreuses autorités administratives, communales et partenaires techniques.
Un enjeu national réaffirmé : donner une existence légale à chaque enfant
Dans son mot de bienvenue, le Gouverneur de la région de Niamey, le Général de Division Assoumane Abdou Harouna, a d’abord accueilli l’assistance avec des salutations chaleureuses au nom des populations de la capitale. Il a également transmis les salutations des plus hautes autorités nationales, sous les directives du Président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani.
Dans son allocution, il a souligné l’importance fondamentale de l’enregistrement des naissances, rappelant qu’il constitue la base de l’identité juridique de tout citoyen et un outil indispensable pour une gouvernance efficace. Il a évoqué les enjeux mondiaux — 36 millions de naissances non enregistrées chaque année dans le monde — ainsi que la situation africaine, où 91 millions d’enfants de moins de cinq ans ne disposent pas d’acte de naissance.
Le Gouverneur a rappelé que la région de Niamey figure en tête au niveau national, avec un taux annuel d’enregistrement supérieur à 90 %. Il a réaffirmé l’engagement des responsables régionaux et communaux à maintenir et améliorer ces performances, conformément à la politique nationale de l’état civil. Selon lui, « un état civil fiable est un acte de légitimité du citoyen et un acte de souveraineté d’un État ».
Une initiative internationale et nationale portée par l’UNICEF
La Représentante de l’UNICEF au Niger, Mme Djanabou Mahonde, a livré un discours empreint d’émotion et de conviction, rappelant son expérience au Niger comme Cheffe de la protection de l’enfant entre 2013 et 2019. « À cette époque, j’ai pu mesurer l’ampleur des défis liés à l’enregistrement des naissances. Aujourd’hui, revenir pour assister au lancement d’une campagne nationale d’engagement des communes est pour moi un moment chargé d’émotion et surtout d’espoir, car je suis fière des avancées que nous célébrons ensemble », a-t-elle déclaré.
Elle a replacé l’initiative dans un contexte international et national fort, rappelant la Journée internationale de l’identité célébrée le 16 septembre, la récente commémoration au Niger de la Journée internationale des droits de l’enfant, et l’objectif de développement durable 16.9 visant à garantir une identité juridique pour tous d’ici 2030.
Mme Mahonde a salué les efforts du gouvernement pour moderniser le système d’état civil, notamment la révision du plan stratégique 2023–2027 et l’informatisation des registres, interopérables avec les structures d’identification. Elle a rappelé les résultats de la campagne Hakin Yara menée en 2024, qui visait à enregistrer un million d’enfants et a permis d’inscrire plus de 851 000 enfants, soit un taux de réussite de 85 %.
La campagne actuelle, a-t-elle précisé, se distingue par l’implication directe des officiers de l’état civil — administrateurs délégués des cinq arrondissements de Niamey et des 45 communes de la région de Tillabéri — garants de l’identité légale de chaque enfant. Mme Mahonde a également souligné les défis persistants, notamment dans les zones touchées par l’insécurité, où des milliers d’enfants restent sans acte de naissance. « Personne ne doit être laissé pour compte », a-t-elle insisté, en appelant à une mobilisation renforcée pour généraliser l’identité légale.
Enfin, elle a plaidé pour l’adoption du plan stratégique opérationnel 2025–2027, qui fournira à chaque commune des outils concrets pour élaborer leurs propres plans locaux d’enregistrement et de sensibilisation.
Une réforme structurante inscrite dans la vision du Chef de l’État
Le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur, le Général de Division Mohamed Toumba, a pris la parole pour rappeler que la campagne s’inscrit dans la continuité d’une décennie de réformes destinées à moderniser l’état civil nigérien. Ces réformes visent à répondre aux exigences de gouvernance, de sécurité, de circulation des personnes et de développement. Selon lui, « l’état civil est un outil de souveraineté nationale, garantissant à chaque citoyen une identité légale et fournissant des données démographiques fiables ».
Il a rappelé la campagne nationale de 2024, qui avait permis d’enregistrer 855 569 naissances d’enfants de moins d’un an, portant le taux national à 68,61 %. Des résultats encourageants, mais qui montrent l’ampleur du chemin restant. Le Ministre a insisté sur le rôle clé des administrateurs délégués, chargés de mobiliser communautés, services techniques, chefferies traditionnelles et leaders d’opinion pour assurer la déclaration des faits d’état civil dans les délais.
Le Général Toumba a annoncé que son ministère mettrait tout en œuvre pour accompagner les acteurs dans leur mission et a annoncé l’organisation prochaine de fora dans toutes les régions pour renforcer l’engagement local, partager les bonnes pratiques et identifier les obstacles persistants.
Enfin, il a lancé un appel aux 266 communes du Niger pour qu’elles se mobilisent et augmentent significativement leurs taux d’enregistrement, afin de devenir de véritables « champions des droits des enfants ».
Une étape décisive pour l’avenir du Niger
La cérémonie s’est achevée sur une conviction partagée : l’enregistrement des naissances n’est pas seulement un acte administratif. C’est un levier de protection, de citoyenneté, de planification publique et de souveraineté. Donner une identité légale à chaque enfant, c’est lui ouvrir l’accès à la santé, à l’éducation, à la protection et aux opportunités qui conditionnent toute une vie.
En déclarant officiellement ouverts les travaux de la campagne nationale, le Ministre de l’Intérieur a rappelé que ce défi relève d’un effort collectif, où chaque commune, chaque agent de l’état civil, chaque leader communautaire et chaque famille a un rôle à jouer.
À Niamey, ce 25 novembre 2025, l’engagement a été posé. Reste désormais à le transformer, sur tout le territoire, en une réalité pour chaque enfant du Niger.
Abdoulkarim (actuniger.com)



