Protection sociale au Niger : lancement d’une feuille de route pour un système plus juste, inclusif et résilient
L’hôtel Bravia a accueilli ce mercredi le lancement officiel de la feuille de route pour la révision de la Politique Nationale de Protection Sociale du Niger, marquant un tournant stratégique pour l’avenir social du pays. Organisé le Gouvernement du Niger avec l'appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), cet atelier constitue une étape essentielle pour définir une orientation stratégique adaptée aux besoins réels des populations, renforcer la cohérence des interventions et accroître l’impact des actions en faveur des plus vulnérables.
Face à une population en forte croissance, dont plus de la moitié a moins de 15 ans, et à près de 41,2 % des Nigériens vivant sous le seuil national de pauvreté, le gouvernement, avec l'appui du Système des Nations Unies et de la Banque Mondiale, s’engage à bâtir un système plus juste, inclusif et résilient capable de répondre aux besoins croissants en santé, éducation, nutrition et emploi.
Adoptée en 2011, la première Politique Nationale de Protection Sociale a permis des avancées notables. Mais face aux mutations sociales et aux aspirations nouvelles, une révision s’impose. L’objectif est clair : mettre en place un système plus fort, inclusif et résilient, capable de répondre aux réalités du terrain.
La feuille de route prévoit une large consultation avec toutes les parties prenantes, notamment les communautés locales, une harmonisation avec les stratégies nationales et engagements internationaux, ainsi qu’une mobilisation de ressources durables pour garantir l’efficacité de la mise en œuvre.
Le défi majeur demeure le financement et l’amélioration des systèmes d’information. Le Registre Social Unifié (RSU), bien qu’en progrès, n’est pas encore déployé sur l’ensemble du pays et souffre de retards de mise à jour. Or, des données fiables et régulières sont indispensables pour cibler efficacement les bénéficiaires et orienter les priorités de l’Aide publique au développement (APD).
Le gouvernement mise sur un Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT), une meilleure rationalisation des ressources et un plaidoyer actif pour renforcer l’APD, afin d’élargir la couverture sociale et garantir un financement stable, tant contributif que non contributif.
Protection sociale : l’UNICEF et ses partenaires réaffirment leur engagement aux côtés du Niger
Prenant la parole au nom de l'ensemble des partenaires techniques et financiers, Madame Djanabou Mahondé, Représentante de l’UNICEF au Niger, a salué l’engagement du gouvernement et des ministères concernés.
La diplomate onusienne a félicité les ministres de la Fonction Publique et de la Population pour leur leadership, qu’elle a qualifié de " source d'inspiration ". Elle a rappelé que cette réforme est « l’aboutissement d'un processus de concertation coordonné par le Gouvernement, avec l'appui du Système des Nations Unies et de la Banque Mondiale », visant à doter le pays d’un nouveau référentiel en matière de protection sociale.
S’appuyant sur les données de l’Enquête Harmonisée de 2022, elle a rappelé l’urgence d’agir : « Près de 41,2% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté. La faible disponibilité d’informations fiables rend difficile le ciblage des bénéficiaires pour les programmes sociaux, humanitaires et de développement ».
Madame Mahondé a insisté sur la nécessité de bâtir un système basé sur des données probantes et des ressources pérennes : « La feuille de route que le Gouvernement lance aujourd'hui est plus qu'un document. C'est une promesse. Une promesse faite à chaque enfant qui attend de bénéficier de la couverture santé universelle, à chaque jeune qui veut briser la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, et à chaque personne âgée ou en situation de handicap qui mérite une prise en charge holistique ».
Elle a également souligné l’importance d’une approche graduelle et réaliste, tenant compte des défis de financement, tout en plaidant pour une meilleure mobilisation des ressources internes et internationales. « Investir dans la protection sociale, c'est investir dans l'avenir du Niger. C’est croire en la force de ses enfants, aux capacités productives de ses jeunes et de ses femmes, en la résilience de ses communautés ».
Au nom des partenaires techniques et financiers, elle a réaffirmé un engagement sans faille : « Ensemble, nous nous engageons à accompagner le Gouvernement à développer une politique nationale de protection sociale inclusive et innovante, à promouvoir des approches intégrées liant protection sociale, santé, éducation et résilience, et à renforcer les capacités nationales de suivi pour mesurer l’impact réel sur les ménages. »
Et de conclure sur un appel fort à l’unité : « Ensemble bâtissons un Niger où chaque enfant peut rêver, chaque femme peut s'épanouir, chaque jeune peut se construire, et chaque famille peut vivre dans la dignité ».
Réforme de la protection sociale : une feuille de route urgente face aux défis démographiques pour bâtir un Niger plus équitable et résilient
Dans son allocution officielle de lancement de la feuille de route pour la révision de la politique nationale de protection sociale, Mme Aissatou Abdoulaye Tondi, Ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l'Emploi, a dressé un tableau sans complaisance des défis du Niger tout en affirmant la ferme volonté politique de les relever.
La Ministre a immédiatement situé l'urgence de la réforme dans le contexte démographique nigérien, soulignant qu’« avec une population en forte croissance et caractérisée par son extrême jeunesse, plus de 50% a moins de 15 ans, la pression sur les services sociaux de base ne cesse d'augmenter ». Ce dynamisme, bien qu'opportunité à terme, « engendre aujourd'hui une demande sociale de plus en plus croissante ».
Face à une pauvreté persistante et à des vulnérabilités multiples aggravées par les chocs climatiques et sécuritaires, elle a souligné la nécessité d’une réponse publique structurée, inclusive et durable.
Mme Tondi a invoqué le soutien des plus hautes autorités, précisant que le Président de la République et le Premier ministre « ont exprimé avec force et clarté leur volonté de placer la protection sociale au cœur des priorités nationales ». Elle a martelé le principe guidant cette révision : « la protection sociale n'est pas un luxe, mais un droit fondamental et un levier essentiel pour bâtir une société plus juste, plus résiliente et plus équitable ».
Reconnaissant les avancées notables de la politique de 2011, la Ministre a souligné son obsolescence partielle face aux défis actuels et aux nouvelles aspirations sociales, estimant qu’une réforme s’impose. L’objectif est clair : actualiser les orientations stratégiques pour mieux répondre aux besoins réels de la population et amplifier l’impact des actions menées en faveur des populations vulnérables.
S'adressant directement à l'assemblée, Mme Tondi a fixé le cap de l'atelier : il doit servir à « construire ensemble une feuille de route claire, réaliste et inclusive ». Elle a insisté sur l'impératif de collaboration : « nous comptons sur la collaboration active de tous les acteurs... Car seule une action concertée permettra de construire un système de protection sociale plus solide, plus efficace et véritablement protecteur pour nos concitoyens ».
En conclusion, elle a exprimé son espoir de voir les travaux aboutir à une politique renouvelée, ambitieuse et à la hauteur des attentes du peuple, tout en remerciant particulièrement l’UNICEF pour son appui financier crucial.
La cérémonie de lancement de cette feuille de route marque un tournant décisif dans la construction d’un système national de protection sociale capable de répondre aux besoins d’une population jeune et vulnérable. En plaçant la collaboration, l’inclusion et la mobilisation de ressources durables au cœur de cette réforme, le Niger trace la voie vers une société plus équitable et résiliente, où chaque enfant, chaque femme, chaque jeune et chaque personne vulnérable peut bénéficier d’une protection sociale effective et contribuer au développement du pays. L’engagement ferme du gouvernement, soutenu par l’UNICEF et les partenaires techniques et financiers, laisse entrevoir une mise en œuvre ambitieuse, réaliste et porteuse d’espoir pour l’avenir social du Niger.
Moustapha Siddo (actuniger.com)