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habitants village Tsamkaka

Comme beaucoup de régions du Niger, la région de Zinder fait face à des défis humanitaires multidimensionnels : malnutrition persistante, insécurité alimentaire, épidémies récurrentes (choléra, rougeole, méningite), et difficultés structurelles d’accès aux services essentiels, qui frappent durement les femmes et les enfants. Dans le cadre de son programme pays, l’UNICEF appuie le gouvernement du Niger pour faire face à ces défis. À travers des initiatives comme le projet SaRES (Sahel Resilience Partnership), financé par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et mis en œuvre par l’UNICEF, la GIZ et le PAM, des lueurs d’espoir transforment désormais le quotidien des populations.

 

Zeyna commission0

 

Dans les communes rurales de Gaffati, Koléram,Yaouri et Kantché, quatre zones cibles du projet Sahel Resilience (SaRES) mis en œuvre par l’UNICEF, l’accès à l’eau potable n’est plus une revendication, mais une réalité. Situé dans la commune rurale de Gafati, département de Mirriah, région de Zinder, le village de Tsamkaka illustre parfaitement cette transformation qui change la vie de milliers de familles, avec des répercussions tangibles sur la santé, l’éducation, l’autonomisation des femmes et la cohésion communautaire.

 

Un projet régional d’envergure pour renforcer la résilience au cœur du Sahel

SaRES est un projet multi-pays déployé au Niger, au Mali, au Burkina Faso et au Tchad. Il vise à renforcer les capacités sociales, économiques et de réduction des risques des communautés rurales, en particulier des femmes et des jeunes. La mission commune entre l’UNICEF, la GIZ et le PAM s’inscrit dans l’Initiative pour la Résilience au Sahel (SRI), à travers un mandat dit "complémentaire". Elle vise à harmoniser les approches bilatérales et multilatérales pour augmenter l’efficacité, l’impact et la durabilité des actions de résilience, conformément à la stratégie BMZ 2030.

Au Niger, le projet se déploie dans les régions de Tahoua, Maradi et Zinder, avec un accent particulier sur l’entraide sociale, la sécurité alimentaire, la prévention des risques climatiques, et l’inclusion économique des jeunes et des femmes. Dans les communes ciblées de Gafati, Koléram, Yaouri et Kantché, la contribution de l’UNICEF au pilier Eau, Hygiène et Assainissement (WASH) est remarquable.

Dans la région de Zinder, ce sont les communes de Gafati, Koleram, Yaouri et Kantché qui bénéficient de ce programme structurant. De 2020 à ce jour, les fonds BMZ ont permis de réaliser 24 systèmes AEP, dont 20 mini-AEP multi-villages. 67 écoles et 4 centres de santé ont été raccordés, touchant ainsi près de 110 000 personnes.

La commune de Gafati, dont relève Tsamkaka, a bénéficié d’un appui exceptionnel de l’UNICEF dans le secteur Eau, Hygiène et Assainissement (EHA). Le Directeur départemental de l’hydraulique et de l’assainissement de Mirriah, Abdoulahi Ibrah Salei, le confirme avec précision et conviction : « Avant 2021, la commune n’avait qu’une seule mini-AEP, très limitée, à Guéza Mahaman. Aujourd’hui, grâce à l’UNICEF, 11 mini-AEP sont fonctionnelles, dont une intercommunale, couvrant plusieurs villages. À Tsamkaka, plus de 15 000 personnes sont desservies ».

Borne fontaine Tsamkaka

L’impact est immédiat et massif : des populations entières, autrefois contraintes de boire l’eau des puits maraîchers ou de surface — souvent contaminée —, ont désormais accès à une eau potable conforme aux normes. Ce changement de paradigme améliore la santé publique, réduit les maladies hydriques et libère du temps, surtout pour les femmes et les enfants. Mais au-delà des infrastructures, c’est une véritable stratégie de durabilité qui est déployée : « L’UNICEF ne s’arrête pas à la construction. À chaque mini-AEP réalisée, un comité de gestion est mis en place et formé. Et conformément au code de l’eau, les systèmes sont confiés à des opérateurs économiques via une gestion déléguée, avec une partie des recettes reversée aux communes. C’est ce qui garantit la pérennité », explique Abdoulahi Ibrah Salei. 

 

A Tsamkaka, l'eau potable coule et transforme la vie de 15 000 habitants

À première vue, Tsamkaka est un village rural comme tant d’autres dans le sud-est du Niger. Mais pour qui y a déjà mis les pieds avant 2022, le contraste est saisissant. Là où il n’y avait que poussière, corvée et désespoir, l’eau potable coule désormais à flot, transformant le quotidien des familles, redonnant vie aux écoles, sécurisant les maternités, et restaurant la dignité de toute une communauté. Un changement de vie radical qui porte la marque du projet « Renforcement de la résilience au Sahel (SaRES) », financé par le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et mis en œuvre au Niger par l’UNICEF et ses partenaires. 

Dans ce village, le nouveau système de mini-adduction d’eau potable alimente désormais plusieurs villages, mais aussi l’école et le centre de santé local. Ici, l’eau n’est pas seulement un liquide vital. Elle est devenue un levier de transformation sociale, de dignité retrouvée, et surtout, de résilience pour des milliers de familles.

Chateau eau Tsamkaka

Symbole de cette transformation, la mini-adduction d’eau potable (AEP) multi-villages de Tsamakaka incarne la modernité au service du développement durable. Mise en service le 13 avril 2023, la mini-AEP multi-villages de Tsamakaka, alimentée par une source d’énergie mixte (électrique et solaire) et équipée de 42 bornes fontaines, dessert 15 096 habitants répartis entre les communes rurales de Gafati (Tsamakaka, Touraki, Riga, Manlahi, Kanya Waziri) et Koleram (Kanya Kourna, Kanya Magassa, Baourewa), ainsi que Kanya Jeka Fada dans le 5e arrondissement de Zinder. 

 

« Avant, je revenais en retard » : à Tsamkaka, l’eau met fin à l’absentéisme scolaire

Devant l'école primaire Tsamkaka Centre, dépourvue de clôture et composée de classes en matériaux précaires, un robinet flambant neuf trône au milieu de la cour poussiéreuse. À peine l’ouverture tournée, un filet d’eau claire jaillit. Les enfants, joyeux et insouciants, en profitent pour se désaltérer, se laver les mains ou remplir leurs gourdes. Un spectacle banal dans d’autres régions du monde, mais ici, un symbole de révolution.

Ibrahim Safiana Malam Manzo, directeur de l’école, ne cache pas son enthousiasme : « Vraiment, merci l’UNICEF. On ne peut même pas dire à quel point cette eau a transformé notre vie. Avant, on devait acheter un tonneau d’eau par jour pour la cantine. Aujourd’hui, on a de l’eau potable à volonté. Les enfants sont plus propres, plus en santé, et même l’effectif a augmenté en classe ! »

À ses côtés, une élève lève timidement la main pour prendre la parole. Sarey Rabé Abdou, 13 ans, en classe de CM2, rayonne de fierté : « L’UNICEF, c’est le Fonds des Nations unies pour l’enfance ! », lance-t-elle avec aplomb, avant de confier ce que représente pour elle ce point d’eau : « Avant, je devais quitter l’école pour aller boire de l’eau chez moi. Parfois je revenais en retard, ou je ne revenais pas du tout. Aujourd’hui, je peux boire ici, nettoyer le tableau, aller aux toilettes. C’est un grand soulagement. »

Sarey Rabe Abdou

Le changement se mesure aussi en chiffres : hausse des effectifs, meilleure assiduité, moins de maladies, et surtout, des élèves qui ne ratent plus les cours pour aller chercher de l’eau. L’école a également reçu des kits scolaires et des blocs de latrines, contribuant à créer un environnement propice à l’apprentissage, à l’hygiène et à la dignité des élèves. 

Outre l’eau, 108 blocs de latrines à deux cabines ont été installés dans 49 écoles et 9 centres de santé dans les quatre communes. Résultat : 8 471 élèves, dont 4 268 filles, bénéficient de meilleures conditions d’hygiène.

 

Un centre de santé enfin soulagé de la soif

À quelques pas de l’école, le Centre de Santé Intégré (CSI) de Tsamkaka bénéficie lui aussi des retombées du projet. Parmi les grandes bénéficiaires de cette transformation, Rakiya Hassane, matrone de 70 ans au Centre de Santé Intégré (CSI) de Tsamkaka, n’a pas de mots assez forts pour exprimer son soulagement. « Avant, notre centre ne disposait même pas d’un point d’eau. Nous étions obligées d’apporter l’eau depuis nos maisons, souvent à pied. Maintenant, nous avons de l’eau en abondance. Je me sens soulagée et sereine dans mon travail. Quelle que soit l’heure d’un accouchement, je ne me fais plus de souci : il y a toujours de l’eau pour laver les nouveau-nés et garder la maternité propre ».

L’infirmière Nana Mariama Mahamadou, en poste à la maternité, renchérit avec un sourire apaisé : « Maintenant, il y a de l’eau partout : pour le lavage des mains, pour la stérilisation, pour l’hygiène. Avant, on devait aller chercher de l’eau au village. C’était un défi. Aujourd’hui, tout est là. C’est un soulagement immense pour les accouchements, les soins, tout ».

Nana Mariama Mahamadou et patients

Ces propos traduisent une réalité essentielle : l’eau au CSI, c’est bien plus qu’un confort. C’est un gage d’hygiène, de sécurité sanitaire et de dignité pour les femmes qui viennent y accoucher. Le personnel peut désormais respecter les protocoles médicaux de base, limiter les risques d’infection et offrir des soins dans des conditions dignes.

 

De la corvée au robinet : à Tsamkaka, l’eau redonne du souffle aux familles

Pour mesurer l’impact de l’eau potable sur le quotidien des habitants, il suffit d’écouter les anciens. À Tsamkaka 1, le chef du village, Nourou Moutari, raconte avec émotion un passé pas si lointain : « Avant, nos femmes partaient en charrette puiser de l’eau à des kilomètres. Il fallait pratiquement faire un voyage pour en avoir. Maintenant, elle est là, juste devant nos maisons. Même les villages voisins viennent s’approvisionner ici ». 

Le regard fier, il enchaîne : « Nos enfants vont à l’école propres, nos femmes aussi sont plus propres. Il y a moins de maladies dans les foyers. Le changement est total, je dirais même à 100 % ». Et au-delà de la satisfaction, un engagement : « Même ceux qui vivent en ville viennent voir comment on entretient les installations. On en prend soin, parce qu’on sait ce qu’elles valent pour nous ».

Rahatou Chaibou Tsamkaka

Dans les ruelles du village, Rahatou Chaibou, une habitante dans la trentaine, s’approvisionne en eau avec son seau. Suivie jusqu’à son domicile, elle se souvient des longues distances qu’elle parcourait jadis pour puiser de l’eau au marigot. « Avant, la corvée d’eau empêchait même les enfants d’aller à l’école. On laissait parfois nos bébés à la maison pour aller chercher de l’eau. Maintenant, avec les bornes fontaines, on a l’eau à côté, et les maladies ont diminué ».

Rahatou Chaibou Tsamkaka Tsamkaka BIS

Son unique bémol :« Les bornes fontaines sont encore peu nombreuses. Il faudrait les multiplier pour que tout le village puisse en profiter pleinement ».

Les propos de Rahatou illustrent la portée multidimensionnelle de l’accès à l’eau potable : amélioration de la santé, gain de temps, accès à l’éducation, meilleure prise en charge des nourrissons, et même réduction des tensions familiales liées à la répartition des tâches.

Le changement ne s’arrête pas à l’eau. L’approche ATPC (Assainissement Total Piloté par la Communauté), déployée par l’UNICEF, a permis à Gafati et Koleram d’obtenir la certification FDAL (Fin de la Défécation à l’Air Libre) dès 2022. « La population a compris les dangers liés à l’insalubrité. Elle a changé de comportement », explique Abdoulahi Ibrah Salei.

En 2023-2024, le BMZ a également soutenu la promotion du marketing de l’assainissement à Kantché et l’approche communale Wash dans la commune de Dogo. Ces initiatives visent à responsabiliser les communautés, renforcer la gouvernance locale et favoriser l’adoption durable des bonnes pratiques d’hygiène.

Une administration locale mobilisée et reconnaissante

Au niveau institutionnel, les autorités locales saluent également l’engagement de l’UNICEF et la qualité des réalisations. Le Lieutenant Sidibé Gorko, Administrateur Délégué de Gafati et Zermo, est formel : « Avant, il n’y avait qu’un seul système d’AEP dans toute la commune. Grâce à l’UNICEF, nous en avons aujourd’hui onze. La couverture est à près de 80 %. Les populations buvaient autrefois de l’eau de ruissellement ou de puits, aujourd’hui, c’est de l’eau potable ».

Lieutenant Sidibe Gorko

Il souligne l’importance des efforts de suivi et d’entretien mis en place pour assurer la pérennité des installations : « L’entretien est bien fait, même ceux qui sont en ville viennent constater que les infrastructures sont bien suivies. Nous espérons maintenant passer de 80 à 100% de couverture. C’est notre prochain défi ». 

 

Face à des défis humanitaires majeurs, la région de Zinder illustre avec force que la résilience est possible quand acteurs internationaux et gouvernement local unissent leurs efforts. Grâce au projet SaRES, porté par l’UNICEF dans le cadre de son programme pays et financé par le BMZ, des milliers de vies ont été transformées par un accès durable à l’eau potable, pivot central d’une amélioration globale de la santé, de l’éducation, et de l’autonomisation des communautés. À Tsamkaka et dans les communes voisines, ce ne sont pas seulement des infrastructures qui ont été bâties, mais des perspectives nouvelles qui s’ouvrent pour des populations longtemps marginalisées.

Ce projet multi-pays, ancré dans une approche inclusive et durable, démontre qu’investir dans la résilience au Sahel, c’est investir dans la paix sociale, la sécurité sanitaire et le développement économique. Alors que les défis persistent, l’expérience de Zinder envoie un message clair : la collaboration entre partenaires internationaux, gouvernement nigérien et communautés locales est la clé pour bâtir un avenir plus sûr et plus prospère au cœur du Sahel.

Abdoulkarim, envoyé spcécial (actuniger.com)



Commentaires

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Dioula
Hier
Une excellente chose pour ceux et celles qui en bénéficient. Par contre, la longueur de vos articles ôte l'envie de lire.
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