Transport des pèlerins du Hadj 2025 : polémique sur l’attribution du marché aérien !
Le processus de sélection des compagnies aériennes pour le transport des pèlerins nigériens du Hadj 2025 est au cœur d’une polémique qui met en lumière des enjeux de transparence, de concurrence et de souveraineté nationale. Dans un memorandum adressé au Ministre du Commerce et de l’Industrie du Niger, daté du mercredi 12 février 2025, les compagnies aériennes Fly Oya et Afriqiyah tirent la sonnette d’alarme sur des pratiques qu’elles jugent contraires aux principes d’équité et de libre concurrence établis par le Comité d’Organisation du Hadj et de la Oumra (COHO).
Un processus encadré mais contesté
Depuis 2023, le COHO a adopté un principe de diversification des compagnies aériennes afin d’assurer des prestations de qualité au meilleur prix. Cette année, deux compagnies saoudiennes – Fly Adeal et Manassik Air – ont participé à l’appel d’offres, aux côtés d’autres opérateurs. Fly Adeal, initialement classée troisième avec un tarif de 1.290.000 FCFA par billet, se situait bien au-dessus de l’offre la plus avantageuse, fixée à 1.095.000 FCFA. Une différence de 195.000 FCFA par billet qui, si elle avait été appliquée, aurait alourdi considérablement le coût du pèlerinage pour des milliers de Nigériens.
Refusant dans un premier temps de s’aligner sur ce tarif, Fly Adeal a été écartée du processus, conformément aux règles établies par le COHO. Cependant, contre toute attente, la compagnie saoudienne a été réintégrée après des négociations avec le COHO, acceptant finalement de s’aligner sur le tarif de la compagnie la moins disante. Un revirement qui suscite de vives interrogations sur les pressions extérieures exercées dans ce processus.
Une tentative de monopole dénoncée
Malgré cette concession, Fly Adeal, soutenue par son pays, l’Arabie Saoudite, chercherait aujourd’hui à monopoliser le marché du transport des pèlerins nigériens. Une situation qui, selon Fly Oya et Afriqiyah, risquerait de compromettre les efforts du COHO pour garantir des tarifs accessibles et des services de qualité.
Les deux compagnies Fly Oya et Afriqiyah dénoncent également la pression exercée par le COHO pour obtenir rapidement les créneaux horaires (Slots) auprès de l’Autorité Générale de l’Aviation Civile saoudienne (GACA). Alors que les demandes de Slots peuvent être soumises jusqu’au 28 avril 2025, Fly Oya et Afriqiyah, qui ont déjà accompli toutes les démarches nécessaires, s’interrogent sur cette précipitation. « Pourquoi le COHO met-il la pression sur nos compagnies pour obtenir des Slots aujourd’hui, alors que le Hadj se déroulera dans plus de trois mois ? », s’interrogent-elles dans leur memorandum.
Un enjeu de souveraineté nationale
Ce bras de fer dépasse largement le cadre du transport aérien et soulève une question fondamentale : celle de la souveraineté économique et commerciale du Niger. Alors que le pays affiche une volonté politique affirmée de renforcer l’autonomie de ses secteurs stratégiques, le dossier du transport des pèlerins apparaît comme un test grandeur nature.
« La marche vers la souveraineté doit être applicable à tous les pays, y compris l’Arabie Saoudite », martèlent les compagnies Fly Oya et Afriqiyah. Elles réclament une application stricte des règles établies par le COHO et une gestion transparente et équitable du transport des pèlerins.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie, saisi de l’affaire, se trouve face à un dilemme : respecter les règles établies par le COHO ou céder aux pressions diplomatiques et économiques externes. Pour les pèlerins nigériens, l’enjeu est de taille : garantir un transport sécurisé, fiable et au meilleur coût. Pour les autorités, il s’agit de défendre la transparence et l’intégrité du processus tout en préservant les intérêts économiques nationaux.
Ibrahim Issa (actuniger.com)
Commentaires
En termes plus clairs, la compagnie saoudienne aura la moitié du quota et l'autre moitié reviendra à la compagnie nigérienne si elle existe ou alors on se retrouverait avec 50,%+25% aux compagnies saoudiennes et les 25%restant à la compagnie étrangère que le Nigér aura désignée.
Après tout, le Hadj se passe en Arabie saoudite et la GACA a les moyens de récuser une compagnie désignée par le Nigér comme le Nigér peut refuser d'accepter une compagnie désignée par le Royaume d'Arabie saoudite, tout est une question de négociation.