Les artistes nigériens s’insurgent contre le Franc CFA à travers le graffiti
Au Niger, à l’instar de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, la contestation contre le franc CFA prend une nouvelle forme : l’art urbain. Des artistes nigériens ont rejoint la mobilisation contre cette monnaie considérée par beaucoup comme un symbole de domination néocoloniale. Sur les murs des villes, des œuvres engagées interpellent sur les conséquences économiques et sociales de son utilisation, tout en appelant à un changement radical.
À Niamey, un graffiti marquant représente Emmanuel Macron, Président de la France, caricaturé en voleur. Il est dépeint en train de s’éclipser discrètement avec un sac rempli d’or, symbole des richesses africaines. Les artistes dénoncent ainsi la mainmise économique que la France exercerait via le franc CFA. Une inscription explicite accompagne cette œuvre : « Sortie du FCFA », exhortant les dirigeants à accélérer l’abandon de cette monnaie afin que les ressources africaines profitent aux populations locales plutôt qu’à l’économie française.
Ce graffiti illustre les frustrations d’une population qui, selon les artistes, subit quotidiennement les conséquences d’une monnaie qualifiée de frein au développement. Le franc CFA, utilisé par 14 pays africains, reste étroitement lié à l’euro, rendant les produits locaux moins compétitifs sur le marché international. Cette dépendance économique favorise Paris au détriment des pays ouest-africains, alimentant le ressentiment à l’égard de ce système monétaire.
Le président nigérien Abdourahamane Tchiani a déjà exprimé son opposition à ce que le Niger continue de jouer un rôle de « vache à lait » pour la France. Les œuvres d’art urbain, désormais omniprésentes, renforcent cet appel à l’émancipation monétaire. Pour le Niger, comme pour d’autres nations ouest-africaines, le moment semble propice à une réflexion approfondie sur l’instauration d’une monnaie nationale, libérée des contraintes héritées du passé colonial.
Selon les experts économiques, les arguments contre le franc CFA sont nombreux :
• Un outil de domination économique : la monnaie profite davantage à la France qu’aux pays utilisateurs.
• Un frein à la compétitivité : sa parité fixe avec l’euro alourdit le coût des exportations locales.
• Un obstacle au développement régional : il entrave l’autonomie économique des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
Le mouvement artistique au Niger témoigne d’une aspiration profonde à la souveraineté monétaire. Ces expressions culturelles traduisent le mécontentement croissant d’une jeunesse en quête d’indépendance économique et politique. Face à ces velléités, les autorités nigériennes pourraient entreprendre des réformes audacieuses pour répondre aux attentes de sa population et marquer une rupture avec le passé hérité de l'ère coloniale.
Par Coulibaly Mamadou