Co-construction des solutions durables sur la santé et la fertilité des sols au Sahel : le Programme Soil Values accompagne les communautés avec des pratiques agronomiquement rentables et écologiquement durables

En juillet 2024, les communautés des bassins versants et les sous-bassins versants des pays d’implémentation du Programme Soil Values ont activement pris part aux diagnostics participatifs initiés par le programme. Ces diagnostics ont concerné les petits producteurs agricoles et les éleveurs, vivant dans les zones identifiées au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Nigéria (Nord). A ces occasions, les communautés rencontrées ont échangé avec les équipes du Programme Soil Values sur leurs préoccupations concernant la gestion de la fertilité et la santé des sols, dans leurs localités respectives ainsi que leurs attentes de solutions palliatives. À l’issu de ces échanges, il a été retenu avec ces communautés, des activités à exécuter pour l’année 2024.      

Fidèle à son approche synergique visant à renforcer les actions des projets et des programmes intervenant sur la santé et la fertilité des sols au Sahel, le Programme Soil Values a organisé des diagnostics participatifs. En effet, ces diagnostics ont été réalisés avec des partenaires intervenant déjà dans les bassins versants et sous-bassins versants tels que le Programme de résilience du système alimentaire en Afrique de l’Ouest (PRSA/FSRP) et le Programme Agroalimentaire pour la Résilience Intégrée et le Développement Economique au Sahel (Pro-ARIDES) au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Ils ont aussi concerné le Nigéria, à travers les projets HortiNigeria et Women In Agriculture (WIA).

Les activités de diagnostic communautaire dans les bassins versants et des sous-bassins versants dans les différents pays avait pour but de révéler les contraintes et les besoins en matière de gestion de la fertilité des sols. Ces activités ont aussi permis d’évaluer l’état des ressources naturelles telles que les eaux, les terres agricoles, les forêts, etc., au niveau des bassins versants et des sous-bassins versants et d’informer les communautés rencontrées sur les interventions du Programme Soil Values. Le résultat final a été la co-conception avec ces communautés des activités à exécuter pour l’année 2024.

Les bassins versants et sous-bassins versants, au coeur des interventions du Programme Soil Values au Sahel

Les bassins versants constituent l’élément central sur lequel les activités du Programme  Soil Values sont concentrées, à travers les programmes nationaux. Les diagnostics ont connu la participation de diverses communautés dans les différents bassins versants et les sous-bassins versants concernés où une approche participative a été utilisée pour identifier les contraintes liées à la gestion durable des terres agricoles. Au Nigéria, le diagnostic participatif a impliqué les communautés de Sani Babangida, de Bichi LGA (Zone de gouvernement local), de Dadauda, de Bagwai LGA, du bassin versant de Yar Titi et Fajewa, dans l'État de Kano. Le bassin versant de Fajewa s’étend sur 16 514 hectares avec une capacité de stockage totale de 1,06 million de m³, tandis que le bassin versant de Yar Titi couvre 20 857 hectares. 

Au Burkina Faso, l’activité s’est déroulée avec les communautés de Diarradougou et de Koumbadougou, du sous-bassin versant du Kou, dans la région des Hauts-Bassins. Ce sous-bassin versant couvre une superficie de 1 823 km², englobant les localités de Bama, Bobo-Dioulasso et Péni.

Au Mali, l’équipe du Programme Soil Values a rencontré les communautés de Kaboïla et de Mandela, du sous-bassin versant du Lotio, dans la région de Sikasso, bénéficiant d'une pluviométrie moyenne de 1 300 mm en année normale. Au Niger, c’est avec les communautés de Nadabar, de Tsernaoua et de Doguéraoua, du bassin versant de la Maggia, dans la région du Tahoua, que s’est tenue l’activité. Le bassin de Maggia, qui s’étend dans la bande agricole méridionale du Niger et la partie nord-ouest du Nigéria, a une superficie totale de 5 616 km². Les communautés, composées de producteurs agricoles et d’éleveurs issus de diverses ethnies, exploitent les ressources en eau de ces bassins versants pour diverses cultures et pour les animaux, pendant les différentes saisons.

Des réponses adaptées pour réduire les défis rencontrés par les communautés dans la gestion des terres agricoles

Le processus des diagnostics participatifs a inclus plusieurs étapes importantes. Tout d’abord, les équipes mixtes (Programme Soil Values et FSRP/Pro-ARIDES/HortiNigeria/WIA) ont échangé avec divers services techniques appuyant directement les communautés, notamment ceux de l'agriculture, des ressources animales et halieutiques, de l'environnement, du développement durable et des collectivités territoriales. Ensuite, ces équipes ont tenu des groupes de discussion, prenant en compte les questions d’intersectionnalité de genre, avec les communautés. Les outils tels que l’arbre à problèmes et solutions ont été utilisés pour comprendre les défis liés à la santé et la fertilité des sols. Des visites sur le terrain ont été réalisées pour observer les actions de restauration des sols et les paysages agricoles engagées par les projets et les programmes nationaux.

Les échanges avec les communautés ont confirmé que les problèmes liés à la santé et la fertilité des sols dans les localités sont la résultante des actions climatiques et anthropiques, la déforestation ; l’agriculture extensive ; l’érosion hydrique ; la mauvaise gestion des aménagements hydro-agricoles et des paysages agricoles ; le faible accès et la mauvaise utilisation des engrais et pesticides etc.

Boureima Bengali, 2ème Adjoint au Maire de Kaboïla dans la région de Sikasso (Mali), a souligné : « Les localités rencontrent des problèmes de fertilité et de santé des sols, exacerbés par les effets du changement climatique. Nous recommandons une approche concertée et souhaitons que les communautés soient au cœur des activités pour en tirer pleinement profit. ». La démarche de co-conception employée répond parfaitement aux souhaits des autorités locales dans les pays de mise en œuvre du Programme Soil Values.

Avec l’appui du programme, les communautés ont entre autres proposée différentes activités, pour faire face à ces problèmes.  Parmi ces propositions figurent entre autres, le renforcement de capacités sur la production des fertilisants organiques et biologiques de qualité ; les techniques de mobilisation et gestion des eaux souterraines; les technologies d’application d’engrais ; la dynamisation des commissions foncières pour une meilleure gestion et sécurisation des terres agricoles ; la planification et l’organisation participative du paysage ; etc. Au Niger, les petits producteurs agricoles rencontrés espèrent que le programme Soil Values pourra contribuer à remédier à certains problèmes critiques dont l'affaissement de la nappe phréatique, la régénération des sols appauvris et le ralentissement de l'ensablement des cours d’eaux du bassin versant et des ouvrages existants dont ils dépendent.

Dans l’optique d’améliorer davantage les prises de décisions relatives aux interventions du programme Soil Values, les communautés locales ont défini la cartographie des ressources naturelles et des acteurs de développement. Ainsi, ils ont dressé un inventaire des atouts et faiblesses environnementaux et identifié les organisations ou structures étatiques de leurs localités, impliquées dans le soutien au développement des activités agricoles.

En collaboration avec les communautés, le programme Soil Values dans son intervention apportera des solutions et des technologies innovantes adaptées aux réalités des localités, par le biais de son consortium de mise en œuvre et ses partenaires de connaissances pour contribuer aux efforts d’éradication des problèmes liés à la santé et la fertilité des sols dans ces localités du Sahel.

Financé par la Direction générale de la coopération internationale (DGIS) des Pays-Bas, le programme Soil Values est mis en œuvre sur 10 ans (2024-2034) par IFDC (lead), en consortium avec SNV et Wageningen University and Research (WUR) et en collaboration avec des partenaires de connaissances, tels que AGRA, le Centre pour la recherche forestière internationale et l'agroforesterie mondiale (CIFOR-ICRAF), l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), le Centre international de référence et d'information sur les sols (ISRIC) et l'Institut international de gestion de l'eau (IWMI).